Nombreux sont les �trangers qui nous envient Alger et sa baie. D�abord son c�ur historique, La Casbah, quartier en terrasses et en ruelles en forme de labyrinthe, accroch�e au massif de Bouzar�ah, que prolonge vers l�est et l�ouest la ville moderne et son architecture de style hausmanien sans �quivalent au Maghreb et dans le monde arabe. Il suffit de se promener rue Didouche, rue Ben M�hidi, � Bab-El-Oued, sur le front de mer que l�on aper�oit en arrivant en voiture par l�autoroute ou par bateau, d�observer attentivement ces immeubles peints en blanc et leurs balcons de couleur bleue qui donnent un cet air marin, m�diterran�en, � la ville. Les entr�es d�immeubles sont de v�ritables �uvres d�art. O� que l�on s�arr�te, en empruntant les rues et boulevards menant vers les hauteurs de la ville, par exemple depuis le balcon Saint-Rapha�l, boulevard Bouguerra, � El Biar, on ne se lasse pas d�admirer, y compris par mauvais temps, cette ville et sa baie. Mais voil�, depuis quelque temps, tapis dans quelques bureaux de minist�res, des bureaucrates expliquent � qui veut les �couter, qu�il faut d�molir cette architecture dite coloniale, et la remplacer par des immeubles et des tours en verre, sans �me, � l�instar d�Abou Dhabi ou du Qatar. Pire : certains pr�conisent de construire autour de la baie des tours et des marinas, qui � la longue vont la cacher aux yeux de ses habitants et de ces citoyens qui viennent de l�int�rieur du pays � car Alger appartient � tous � visiter une ville dont l�histoire remonte aux Ph�niciens. Si ces projets, inspir�s par des investisseurs des pays du Golfe incultes, parce que venant de pays sans pass� et sans tradition historique, venaient � voir le jour, ce serait le plus grand crime commis � l�endroit des Alg�riens. Leurs enfants, aujourd�hui en bas �ge, n�auraient que des cartes postales ou des photos prises par les anciens pour se souvenir de ce que fut cette ville dont la r�sistance � l�occupant a fait le tour de la plan�te. Bien s�r, Alger n�est pas bien entretenue. Ses rues et ses trottoirs sont sales et d�fonc�s par endroits. Les ordures s�entassent dans certaines art�res de la capitale. Ses escaliers qui permettent de passer d�une rue � une autre, dans cette ville tout en hauteur, ses impasses, ses petits jardins et certains de ses squares se sont transform�s au fil du temps en v�ritables d�potoirs. Rien n�est fait ou pas suffisamment pour inciter les citoyens � veiller � la propret� de leur ville. Rien n�est fait non plus pour les inciter, � l�instar de ces villes espagnoles, italiennes ou fran�aises, � d�corer leurs balcons de g�raniums. Il n�en reste pas moins malgr� tout que c�est son architecture de style hausmanien � un butin de guerre, un de plus � qui fait son originalit� par rapport aux autres villes du Maghreb. Remplacer cette architecture par des tours en verre, c�est tuer Alger. C�est ce qui est en train de se faire avec la destruction de l�immeuble �La Parisienne�. On aurait pu garder les fa�ades et moderniser l�int�rieur comme cela se fait � Paris, Londres et Rome dont les gestionnaires ont tir� les le�ons de cette architecture des ann�es 60 qui les a en partie d�figur�es. Ce qui a �t� fait avec les anciennes Galeries alg�riennes, rue Ben M�hidi, transform�es en Mus�e d�art moderne, est possible ailleurs. Les fa�ades sont rest�es telles quelles, l�int�rieur a �t� modifi�. Quant � la Baie d�Alger, je l�imagine mal entour�e de tours cachant la vue aux citoyens. Si cela se r�alisait, Alger ne serait plus qu�une ville quelconque, format�e, une sorte de clone de ce qui s�est fait dans les pays du Golfe. S�il y a un exemple � suivre, c�est Istanbul. Les Turcs, fiers de leur pass�, n�ont pas d�figur� l�ancienne capitale ottomane et le Bosphore par des tours en verre. Raison pour laquelle elle attire plus de 20 millions de touristes par an.