Mascara: inhumation du moudjahid Chentouf Mustapha    CANEX WKND 2024: l'investissement dans les industries créatives en Afrique au cœur des préoccupations de l'Afreximbank (responsable)    Algérie-Mauritanie: signature d'un protocole de coopération entre les armées des deux pays    Sahara occidental: Un syndicat espagnol veut collaborer avec le Polisario pour appliquer les récentes décisions de la CJUE    Saihi: éradication de la diphtérie apparue dernièrement au sud du pays    Saihi préside l'ouverture du 3e Congrès international sur l'obésité et les maladies métaboliques    Mouloudji et Zitouni inaugurent les expositions artistiques et créatives de la manifestation "CANEX WKND 2024"    Accidents de la route en zones urbaines: 12 décès et 505 blessés en une semaine    CANEX 2024 : M. Zitouni s'entretient avec le directeur de la BADEA    Journée nationale de l'émigration: nombreuses manifestations commémoratives dans les wilayas de l'est du pays    Journée nationale de l'émigration: le ministère des Affaires étrangères organise un recueillement à la mémoire des martyrs des massacres du 17 octobre 1961    Football: une minute de silence à la mémoire de Belaid Lacarne ce week-end dans tous les stades    Tennis de table/Championnat d'Afrique: la paire algérienne Jellouli-Kessaci qualifiée en finale    Le Parlement algérien poursuit sa participation aux réunions de la 149e assemblée de l'UIP    L'Algérie réitère depuis New York son soutien au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination    La sécurité alimentaire un choix stratégique constant et principal axe des efforts de développement en Algérie    Ghaza: le bilan de l'agression sioniste atteint 42.438 martyrs    Judo/Championnat du monde militaire: trois médailles pour les Algériens    L'Algérie appelle à soutenir les efforts internationaux pour un cessez-le-feu à Ghaza    Parcours migratoires et prise en charge    14 décès dont 11 victimes rien qu'à Nâama    Manchester United : Le club met fin au contrat d'ambassadeur d'Alex Ferguson    Arrivée imminente du nouvel entraîneur Bouziane Rahmani    12e édition du Salon North Africa Energy & Hydrogen Exhibition and Conference (NAPEC) Ooredoo présente ses offres et solutions aux professionnels du secteur énergétique et des hydrocarbures    L'Algérie appelle à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur la situation    Le « plan des généraux » au Nord de Ghaza est voué à l'échec    Décès de l'ancien arbitre international Belaid Lacarne : Le président de la République présente ses condoléances    Sensibilisation aux risques professionnels    Suivi des établissements éducatifs en cours de préparation    Un événement important !    Plus d'un milliard de dinars à recouvrer par la Sonelgaz    MCO – JSK, un match pour se refaire une image    «L'Ours» de Tchekhov présentée dans une verve intacte    Participation de 85 écrivains et poètes    ''Danse céleste'', un spectacle fascinant    Une délégation parlementaire participe au 37e Congrès extraordinaire de l'UIPA    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



ICI MIEUX QUE LA- BAS
NOTRE "MAI 68" A NOUS Par Arezki Metref [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 04 - 05 - 2008

On en fait des tonnes sur l�ann�e 1968 ? Oui, c�est le quaranti�me anniversaire d�un temps de basculement. En nos �poques de d�r�liction o� le r�ve et l�id�al paraissent l�gers comme des bulles de savon, il n�est pas mauvais de c�l�brer ces vertus volatiles ? A trop gloser dessus, cependant, on ne capte plus rien. C�est quoi, 1968, au fond ? D�abord et avant tout, quand on regarde les t�l�s fran�aises, on est magn�tis� par les pav�s et la plage, et par leurs rapports bizarres.
Ensuite, martel en t�te, on nous dit qu�en cette pr�histoire savoureusement pa�enne, il �tait interdit d�interdire et qu�il fallait, toutes affaires cessantes, jouir sans entraves. Ouais, bon !... R�sum� � �a, on est loin du compte. Quand le ventre est plein, la t�te chante. Pas avant ! Mais l�h�ritage de 1968, cens�e �tre une sorte d�ann�e universelle secou�e en diverses failles par la tectonique des plaques sociales, se clame visiblement dans ses �chos franco-fran�ais stricto sensu. Cette ann�e-l�, comme par synchronisation immanente, la plupart des universit�s du monde ont vu leurs �tudiants s��lever contre la vieille soci�t� vermoulue, les vieux syst�mes poussi�reux qui tenaient encore par la trique du flic, du fric, et m�me du savoir lambriss�. On conna�t le mai 1968 fran�ais mais �a a boug�, � des magnitudes diverses, un peu partout � travers le monde. Par exemple, le 1er mars 1968, Rome vit la �bataille de la Villa Giulia�. Des milliers d'�tudiants manifestent. La police charge. Plusieurs centaines de bless�s. Le 8 mars, la fi�vre gagne Varsovie, en Pologne. Le 22, ce sont les �tudiants de Nanterre, dans la banlieue parisienne, qui occupent le b�timent administratif. C�est le d�but du �Mai 1968� fran�ais. Le 11 avril, Rudi Dutschke, leader de la Ligue des �tudiants socialistes (SDS) en RFA, est victime d'un attentat. Il est gri�vement bless�. Manifestations dans de nombreuses villes allemandes en r�action. Le 27, Daniel Cohn-Bendit, leader �tudiant fran�ais, est arr�t�. Le 28 avril, les �tudiants de Tokyo manifestent contre la guerre au Vietnam : 130 bless�s. Les �tudiants occupent l�universit�. Lorsque, le 17 juin, la police y p�n�tre, une gr�ve de grande ampleur touchant 6000 �tudiants est d�clench�e. Les cours sont interrompus dans la plus grande universit� du pays, Nihon, et � l'universit� K�io de Tokyo. Le 14 ao�t, le mouvement �tudiant allemand attaque et disperse la premi�re manifestation n�onazie devant le Mur de Berlin. Dans la nuit du 20 ao�t, les chars sovi�tiques entrent en Tch�coslovaquie mettant fin au �Printemps de Prague�. Les Etats-Unis ne sont pas en reste. Des �tudiants noirs occupent, pendant quatre jours de mars 1968, les locaux de l�Universit� Howard � Washington. Les �tudiants de Columbia occupent le 25 avril leur universit� pendant 11 jours suite � l�assassinat de Martin Luther King. En mai, gr�ve dans douze universit�s am�ricaines pour protester contre le racisme et la guerre du Vietnam. Affrontements entre policiers et �tudiants pendant deux nuits � l�universit� de Berkeley. Ronald Reagan, gouverneur de la Californie, d�cr�te l��tat d�urgence et le couvre-feu. Au Br�sil, la police intervient, le 28 mars 1968, lors d'une r�union d'�tudiants. Bilan : un mort et plusieurs bless�s graves. L'universit� de Rio de Janeiro se met en gr�ve g�n�rale illimit�e. A l'universit� de Sao Paulo, des barricades sont �rig�es. Le 4 avril, 600 personnes sont arr�t�es � Rio. Les manifestations sont quasi quotidiennes jusqu'en octobre en d�pit de la r�pression Au Mexique, une r�volte �tudiante �clate fin juillet. 736 personnes sont arr�t�es lors de nouveaux affrontements dans la capitale. Le 2 octobre, le gouvernement tire sur une manifestation de 10 000 �tudiants, sur la place des Trois-Cultures � Mexico. Le �massacre de Tlatelolco�, se solde par au moins deux cents morts, 500 bless�s graves et 2000 arrestations. Au S�n�gal, le 29 mai 1968, les �tudiants commencent une gr�ve g�n�rale en signe de protestation contre �l�influence fran�aise et l�orientation de droite� du gouvernement de L�opold Sedar Senghor. Ce dernier fait donner la troupe : un mort et vingt bless�s. En Tunisie, les �tudiants se mettent en gr�ve du 15 au 19 mars 68, et manifestent pour obtenir la lib�ration de Mohammed Ben Jennet, un �tudiant arr�t� et condamn� � 20 ans de prison, pour avoir particip� au sac de l�ambassade de Grande-Bretagne, soutien d�Isra�l lors de la guerre de juin 1967. Agit�, hein ? Ce sont l� les grands �v�nements qui, selon la plupart des chronologies, ont marqu� l�ann�e 1968. Nulle part, ou presque, on ne mentionne la toute premi�re gr�ve �tudiante de cette ann�e-l�. Celle � laquelle avait appel� le 2 f�vrier 1968 l�Union nationale des �tudiants alg�riens (UNEA) pour protester contre l�embrigadement de leur organisation sur laquelle louchait Ka�d Ahmed, le nouveau conducteur de �l�appareil du parti�. Que s�est-il pass� ? Il y a, au vrai, tr�s peu d��crits sur le sujet. Quelques pages dans des r�cits autobiographiques de t�moins directs ou d�acteurs de ces �v�nements comme Bachir Hadjdadj ( Les voleurs de r�ves) ou Abdel�Alim Medjaoui ( Le g�ant aux yeux bleus). On doit � Larbi Oucherif, membre du Comit� de section UNEA d�Alger de 1967 � 1969, une s�rie de trois articles ( El Watan, mai 2006) d�volus exclusivement � l�UNEA. Dans l�un de ces articles (21 mai 2006), il raconte comment Ka�d Ahmed a choisi, dans sa volont� de caporaliser l�organisation estudiantine, le terrain et l�heure. L�heure, c�est l�organisation du Congr�s de l�OLP. Le terrain, c�est d�amener l�UNEA � soutenir le Fatah de Yasser Arafat comme seule force palestinienne : �Il chargea, se souvient Larbi Oucherif, le commissaire du parti du FLN � Alger de nous contacter pour une action unitaire. Le comit� de section nous chargea, Omar Lardjane et moi, de discuter avec eux. C�est donc en janvier 1968 que ces entretiens commenc�rent au palais Bruce d�Alger. (�) L�appel fut construit avec l�accord de tous les pr�sents. Le repr�sentant de la JFLN revint l�apr�s-midi avec un texte bien ficel� d�fendant la position de Ka�d Ahmed.� Le s�millant ponte du FLN ne veut voir qu�une t�te. La guerre contre l�UNEA est d�clar�e. Il exige d�elle de s�aligner, comme la JFLN, et les autres organisations de masse, sur les positions de son parti et d�abdiquer, ce faisant, son autonomie. Mais les �tudiants tiennent t�te. Alors Ka�d Ahmed envoie, outre la police qui viole all�grement la franchise universitaire, des provocateurs ext�rieurs � l�enceinte universitaire. Le 6 f�vrier, la police p�n�tre dans l�universit�. Des �tudiants sont arr�t�s. Parmi eux, Mahmoud Mahdi dit �Zorba�. La rumeur, rapport�e �galement par la presse �trang�re ( Le Monde), le donne mort suite aux mauvais traitements. Taleb Ibrahimi, ministre de l�Enseignement, est contraint de d�mentir � la t�l�vision en prime time. Larbi Oucherif raconte sa propre arrestation le 12 f�vrier 1968 au boulevard Victor-Hugo � Alger. Il est emmen� manu militari au Commissariat central o� il trouve �Mahdi Mahmoud, Fatima Medjahed, en gr�ve de la faim depuis le 1er jour, Sid Ahmed Ch�rif, Mustapha Mekid�che arr�t� � son travail. Nous avons tous �t� battus et certains s�vices n�avaient pas d�autres mots pour les d�signer que torture. Il y avait des policiers qui suivaient un manuel de torture du IIIe Reich.� Sur fond de luttes intestines violentes qui culminent dans une tentative d�attentat contre Boumediene, la r�pression bat son plein. Des luttes syndicales dans diff�rents secteurs donnent du grain � moudre � la police et � ses chefs. Des �tudiants proches du FFS sont arr�t�s, de m�me que des responsables de l�UNEA proches du PAGS comme Djamel Labidi et Djelloul Nacer ou, � l�occasion de luttes syndicales, des personnalit�s sympathisantes. Devant l�ampleur de la r�pression Sadek Hadjer�s, premier secr�taire du PAGS clandestin, interpelle Boumediene dans une lettre dat�e du 14 septembre : �Un grand nombre de ces hommes et de ces femmes ont �t� malheureusement une fois de plus odieusement tortur�s�. L�ordre de d�manteler le PAGS, auquel les milieux �tudiants, lyc�ens et syndicaux t�moignaient leur sympathie au d�triment du FLN d�j� bureaucratis� et pr�dateur, est per�u derri�re ces arrestations. Mais le paradoxe veut que cette m�me ann�e 1968 o� les �tudiants sont en gr�ve, suivis des lyc�ens, o� la r�pression est impitoyable � l��gard des protestataires, l'infl�chissement de Boumediene vers une ligne progressiste commence avec les premi�res nationalisations, celles des soci�t�s de distribution des produits p�troliers. Ce sont les premiers pas sur ce chemin qui aboutit aux grandes nationalisations de 1971. De fait, nous avons eu aussi notre �Mai 68� � nous mais il s�est produit en f�vrier et il est revenu souvent au cours de l�ann�e. Lorsque les �chos du Mai 68 fran�ais parvenaient � Alger, certains �tudiants gr�vistes les recevaient au fond de leur cellule. Pas mauvais qu�on se souvienne aussi de tout cela.

Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.