Eden, Hypnose,Tr�sor, Promesse, Angel, Hot Couture, Ana�s, J�adore, Noa, Air du temps, Amarige, Coco Mademoiselle... des marques de parfum et d�eau de toilette mondialement connues et dont le seul nom �voque le r�ve, le luxe, la sensualit� et l��l�gance. Un tourbillon enivrant de senteurs qui nous renvoie � de prestigieux noms de la mode tels que Chanel, Dior, Herm�s, Calvin Klein, Kenzo, Thierry Mugler, Gucci, Paco Rabanne, Yves Saint-Laurent, Cacharel, Givenchy, Nina Ricci, Armani ... vendus dans les parfumeries entre 4 000 et 6 000 DA, ils demeurent inaccessibles pour la plupart des bourses. Comment rendre ce r�ve � la port�e de tous ? Comment donner l�illusion � des milliers de jeunes femmes qu�elles peuvent s�offrir le dernier parfum de Dior, Channel ou Givenchy sans se ruiner ? Comment convaincre tous ces jeunes hommes qu�ils peuvent vaporiser sur leur peau le M�le de Jean-Paul Gaultier, le nouveau Black XS de Paco Rabanne ou le dernier Chrome d�Azzaro m�me s�ils sont fauch�s comme le bl� en �t� ? L�id�e a fait son petit bonhomme de chemin dans la t�te de certains importateurs (qui depuis sont devenus riches comme Cr�sus) : vendre des parfums d�imitation ! R�sultat des courses, depuis quelques mois, nous assistons � l�inauguration, � Alger, de dizaines de parfumerie �cheap�. Les enseignes promettent des gammes de parfums mondialement connus � des prix d�fiant toute concurrence. Comment sont pr�par�es ces eaux de toilette ? D�o� proviennent-elles et qui les ach�tent ? Suivez la petite souris. Rue Didouche-Mourad. Nous sommes � D&P Perfumum, une nouvelle parfumerie g�r�e par un Turc et ouverte il y a 4 mois environ. Trois vendeurs s�activent derri�re le comptoir sous l��il vigilant de Mohamed Arslane, le patron : �Je repr�sente cette marque dont l�entreprise-m�re est install�e � Ankara, en Turquie. Nous commercialisons pr�s de 400 parfums, gammes masculine et f�minine. Ces produits sont � base d�extraits de parfum, d�huiles et de fixateurs. Conditionn�s en Turquie dans des flacons de 30, 50 et 100 ml, ils sont vendus entre 1 000 et 1 700 DA�. Les vendeurs volent au secours des clientes (la gent f�minine est plus pr�sente) qui peinent � trouver chaussure � leur pied. Ils leur glissent sous le nez un prospectus et au besoin, un testeur pour renifler les effluves du pseudo Dior, Kenzo ou Cerruti. Une dame jette son d�volu sur l�ind�modable Channel n�5 cr�� en 1921 par Ernerst Beaux et dont Marilyn Monroe raffolait � tel point qu�� un journaliste qui lui avait demand� lors d�une interview en 1954 ce qu�elle portait pour dormir, l�ic�ne avait r�pondu : �Quelques gouttes du n�5 de Channel !� Visiblement satisfaite, la cliente paye 1 700 DA et ressort avec son petit paquet sous le bras. Nous remarquons que tous les flacons pr�sents sur les �tag�res ont le m�me design et qu�ils sont vendus sans emballage. Que pensent les consommateurs de ces imitations ? Une cliente nous dira �tre s�duite par le rapport qualit�-prix. Une autre aura un avis totalement paradoxal. �Ces eaux de toilette ne refl�tent en rien les originaux. Elles ne tiennent pas longtemps sur la peau, lorsqu�elles ne virent pas carr�ment au bout de quelques instants.� Une autre cha�ne de commerce de parfums d�imitation est apparue derni�rement dans plusieurs quartiers d�Alger : place du 1er-Mai, rue Ben-M�hidi, rue Khelifa- Boukhalfa... Des vendeurs n�h�sitent pas � racoler les clients sur le trottoir, � proximit� de ces commerces, les arrosant de substances aux relents tr�s prononc�s. �Venez acheter des extraits de parfum de grande marque � 100 DA le flacon !� s��gosillent-ils pour app�ter le maximum de clients. Nous p�n�trons dans l�une de ces parfumeries situ�e juste en face de l�entr�e sup�rieure de l�h�pital Mustapha. A voir le vendeur une grosse seringue � la main, on se croirait � l�h�pital. Celui-ci effectue des pr�l�vements � partir de grands flacons pos�s sur le pr�sentoir. �D�s qu�un client fait son choix, je proc�de � la pr�paration sur place en m�langeant l�essence choisie avec un alcool d�natur� qu�on appelle ethanol�, explique-t-il. Sur les rayons : des coffrets de parfum (entre 1 500 et 2 800 DA), des atomiseurs en forme de stylo (150 DA), des petites fioles (entre 100 et 200 DA) et de l�encens. Un catalogue contenant une liste interminable de marques de parfum made-in est pr�sent� aux clients : Organza de Givenchy, Obsession de Calvin Klein, Noa de Cacharel, Tr�sor de Lanc�me,... All�ch�s par les prix (entre 100 et 700 DA), certains repartent avec plusieurs petits flacons � la main. Au milieu des seringues, des extraits et de l�ethanol, un bocal de caf� en poudre que le vendeur met de temps en temps sous le nez des clients�. �Au bout de trois parfums sentis, les acheteurs n�ont plus de nez, explique Yacine le vendeur. L�odorat satur� repart alors de plus belle !� L� encore, tous les flacons sont identiques et n�ont aucun emballage. �Nous les importons de Chine�, pr�cise notre interlocuteur. La commercialisation des parfums d�imitation est un cr�neau juteux. Il suffit, pour s�en convaincre, de voir ces boutiques qui ne d�semplissent jamais. En g�n�ral, des clients peu regardants sur la qualit� de ces vrais faux parfums mais qui ne font n�anmoins pas l�unanimit�. �Je pr�f�re mettre le prix dans un parfum original plut�t que d�acheter ces pr�parations douteuses�, nous dira un monsieur. �Ces produits doivent �tre con�us dans des laboratoires par de vrais professionnels et non sur le comptoir d�un magasin, entre les mains d�un pseudochimiste�, ass�ne-t-il. Autre enseigne visit�e, les Parfums Parma. Sa�d tient une parfumerie � la rue Jean-Mass� (non loin de l�universit� d�Alger) o� il commercialise cette gamme (vendue entre 100 DA et 300 DA le flacon). �Ce sont des parfums et des eaux de toilette dont les extraits sont essentiellement import�s de France et d�Allemagne.� Bien que les flacons soient emball�s dans un packaging, la marque du parfum n�appara�t nulle part. �Sans licence d�exploitation, impossible de faire autrement. Les parfums sont identifiables gr�ce � des num�ros.� Un jeune homme entre dans le magasin : �Je voudrais un flacon de Fahrenheit de Dior�, demande-t- il. Visiblement ravi, il tire 300 DA de sa poche, paye et tourne les talons apr�s nous avoir lanc� : �Je n�ai pas les moyens de m�offrir l�original qui co�te 4 800 DA alors je me rabats sur la copie qui y ressemble.� Anniversaire, f�te des m�res, Saint-Valentin... autant d�occasions d�offrir un parfum. �Les saisons influent sur l e choix des clientes, nous r�v�le Sa�d. L��t�, les eaux de parfum ont plus la cote telles que �Miracle� de Lanc�me ou �CK One� de Calvin Klein. L��ge entre en jeu. Actuellement, les jeunes filles craquent facilement pour des parfums � base de fleurs et de fruits. La tendance est � Hypnose (Lanc�me) et Coco Mademoiselle de Chanel.� Et de conclure : �En v�rit�, un parfum doit toujours correspondre au caract�re et � la personnalit� de son utilisatrice.� Encens, santal, jasmin, c�dre, vanille, cannelle, rose, benjoin... ces senteurs sont une v�ritable invitation au r�ve. L�usage du parfum ne date pas d�hier. Il remonte � la plus Haute Antiquit�. L�offrir ou le recevoir na�t d�un m�me sentiment, celui d�aimer et d��tre aim� (e). Sabrina Inal Email : [email protected]