Il faudrait plus d�un article pour d�crire la visite de cet auteur dans sa r�gion natale, tellement la f�te a �t� totale, mais nous allons quand m�me vous en livrer les temps forts. Le personnage n�est plus � pr�senter. Trois ouvrages et d�j� une distinction, le prix M�diterran�e de l�Adelf (Association des �crivains en langue fran�aise). Avec ce titre, sa venue en Alg�rie fait suite � une invitation du Centre culturel fran�ais d�Alger pour une conf�rence en compagnie de Louis Gardel, le directeur des �ditions Seuil et l�auteur de Fort Saganne, venu pr�senter son �uvre sur l�Alg�rie, la Baie d�Alger. Le d�bat a �t� orchestr� de main de ma�tre par le maestro d�arts et culture, Ameziane Ferhani. La deuxi�me �tape de ce p�riple a eu pour th��tre la radio locale de Chlef, o� M. Bencheikh a particip� � l��mission hebdomadaire �Dhikrate madinate Chlef� ayant pour th�me �Les proverbes de la r�gion�. Ont assist� � cette rencontre, pr�sent�e par le journaliste Houari Karim, Kouadri Bouali universitaire et sp�cialiste en toponymie, Klouche Abelkader notaire et �crivain, Boudia Mohamed, cadre de l��ducation et �crivain prolifique, Medjdoub A. M., po�te et auteur des Proverbes de Abderrahmane Medjdoub. Le clou de la tourn�e, c�est une conf�rence � la biblioth�que de la wilaya. La conf�rence a �t� rehauss�e par la pr�sence de Ali Didouna, historien et �crivain, Mellah, historien, M. Attaf, ancien moudjahed, Kiouar Baroudi, ancien r�sistant et l�ami des �crivains. L��motion est perceptible chez M. Bencheikh lorsqu�il dit : �Je devrais presque me pincer. � C�est dans une ambiance bon enfant que l�invit� s�attela � se pr�senter et � d�crire son parcours artistique. Il est n� en 1944. Apr�s des �tudes en �conomie � Alger puis � Paris, il s�oriente vers le journalisme. Il est actuellement r�dacteur en chef de Radio Orient. Le livre Tes yeux bleus occupent mon esprit est une autofiction qui nous ram�ne sur les berges du Cheliff des ann�es 1950 et 1960. Le bleu de l�oppression se dispute au vert de la r�volte et du m�contentement par petites touches successives et anecdotes succulentes. Il nous replonge dans l�ambiance d�une soci�t� � deux vitesses, antith�tique mettant en sc�ne face � face un village �cras� par la d�tresse et l�opulence du chef-lieu, Orl�ansville o� les �roumis bleus� accaparent le meilleur et m�me la mer. �Je n�aime pas la couleur bleue. Elle est le produit d�une imposture, du d�tournement du vert originel, une souillure. Au douar, nous avons rarement une telle couleur dans le paysage. Et fait plus grave, elle est la couleur embl�matique du drapeau fran�ais. Le bleu symbolise l�autorit�. Seule �chappe � l�anath�me la teinte azur, f�cond�e de tons vert dor�, on dit que la mer est d�un bleu infini, z�br� de reflets verts. Mais je ne peux m�me pas en r�ver. Elle se cache loin, au-del� des monts du Dahra, myst�rieuse et inaccessible, un monde r�serv� aux civilis�s fran�ais du littoral�. A cette couleur ennemie, il oppose celle de sa communaut�. �Les couleurs ont une �me et s�habillent d�un symbole au takouk, la plaine se pare d�un costume verdoyant. Verte aussi l�eau du Cheliff qui accueille dans son miroir le vert des saules. M�me djeda a les yeux verts dont l�iris refl�te les m�andres verts de son tatouage, malheureusement sa peau est frip�e et ne met pas en valeur ce don du ciel qui scintille sous ses paupi�res ; le vert est aussi la couleur du paradis.� Et pourtant, c�est le bleu qui produira ses premiers �mois amoureux en la personne de Mlle Piette, la roumia, qui se trouvera en classe pr�s de lui quand la surveillante, qui porte toutes les tonalit�s du drapeau fran�ais, a dit : �Assieds-toi � c�t�, elle ne va pas te bouffer.� Et c�est ainsi qu�il va commettre une trahison dans le bleu d�un regard ing�nu et renier la couleur verte des siens pour la noyer dans celle de l�ennemi. Son souhait le plus ardent est de voir leurs deux �tres se fondre en une bouillie sucr�e et �ternelle. Son enthousiasme va se briser lorsque sa voisine de table va lui poser la question assassine : �Et que fait ton p�re ?� Il lui faut bien sauver le bateau du naufrage et l�id�e lumineuse lui vint, il se rappellera que son p�re est journalier alors il va s�enhardir � r�pondre fi�rement : �Mon p�re est journaliste. �En attendant que le plafond lui tombe sur la t�te. �Mais moi mon p�re n�est que militaire, mais capitaine m�decin.� Nous avons d�couvert un �crivain tr�s attachant mais il est regrettable que ce soit seulement un petit club litt�raire de Chlef qui l�ait invit�.