�crivain public, dinandier, artisan boulanger, porteur� des m�tiers qui se font de plus en plus rares, mena�ant de dispara�tre � jamais. Dans les d�dales d�Alger, nous sommes all�s � la rencontre de ces personnages qui s�accrochent � ces m�tiers d�antan et qui nous ouvrent spontan�ment leur c�ur. All� ! Sos porteur ? Le corps ch�tif, les cheveux grisonnants, Karim (45 ans) travaille comme portefaix au march� Clauzel. Sangl� dans un bleu de travail, il sillonne les art�res du march� � la recherche d�une �me peinant � transporter son couffin : �Je suis l� tous les matins entre 6 h et 12h30. Les personnes habitant un peu loin, vers la Grande-Poste, la rue Hassiba-Ben-Bouali ou le Telemly me sollicitent pour porter leur panier. Je suis pay� entre 200 et 400 DA. Des personnes �g�es et malades, clou�es au lit me t�l�phonent sur mon portable. Elles me communiquent la liste des achats � effectuer et je leur porte tout �a � domicile. Et pour arrondir mes fins de mois, j�aide aussi les commer�ants � d�charger leurs marchandises. Et lorsque quelqu�un me sollicite pour un d�m�nagement, je suis partant aussi. Je m�rite vraiment mon nom de �hamal� voyez-vous ! C�est un travail harassant mais quand on a une famille � nourrir, on n�a pas le droit de faire la fine bouche. C�est �el khobza� qui veut �a !� Le dinandier de la rue de La Casbah Bougeoirs, miroirs, porte-g�teaux, services � th�, pilons, narguil�s, sucrier, th�i�re (bered), lance-parfum� cette boutique situ�e � la rue de La Casbah (Basse-Casbah) rec�le des dizaines d�objets utilitaires et d�coratifs, fabriqu�s en cuivre. Nous sommes dans l��choppe d�Ahmed Alem (64 ans), artisan dinandier depuis 1956. �Regardez ce petit gar�on en train de sculpter un plateau en cuivre. C��tait moi � 12 ans !� s��crie-t-il en pointant du doigt une grande photo en noir et blanc tapissant le mur. A l�arri�re, un petit atelier o� le sexag�naire cr�e des objets en cuivre. �Je m�inspire des mod�les traditionnels auxquels j�ajoute une petite touche personnelle�, confie-t-il. �H�las, poursuit-il avec une pointe d�amertume, ce m�tier d�art est en voie de disparition. Les jeunes ne s�int�ressent plus � ce genre de m�tier et la mati�re premi�re vendue exclusivement au march� noir a pouss� de nombreux dinandiers � mettre la clef sous le paillasson. Actuellement, le kilo de cuivre co�te 1 000 DA (mille dinars). Une fortune ! Pour survivre, je suis oblig� d�acheter de vieux lots chez les ferrailleurs (th�i�res, plateaux�) et de leur donner une seconde jeunesse�. Et de pousser un coup de gueule : �50 ans au service de ce m�tier ancestral et je n�ai toujours pas ma carte d�artisan. Une h�r�sie !� Pendant que nous discutions, une femme (la cinquantaine), voil�e d�un ha�k blanc, p�n�tre dans la boutique : �Je marie ma fille prochainement. J�ai besoin d'ustensiles sp�cifiques � la c�r�monie, dans la pure tradition alg�roise, comme le lance-parfum, pour l�accueil des invit�s, le �mahbess� pour les makrouts, etc.� Nous laissons ammi Ahmed avec sa cliente pour une autre destination. Y�a pas photo ! Nous quittons la rue de La Casbah. Direction rue Mustapha-Loun�s (ex-rue Lkdoor), une autre venelle de la Basse-Casbah. Une odeur all�chante de pain chaud taquine nos narines et guide nos pas. Voil� que nous d�bouchons sur une boulangerie traditionnelle datant de� 1920. Le propri�taire, Amirouche (40 ans), nous accueille sur le pas de la porte. �Chez nous, on est boulanger de p�re en fils. Nous pr�parons le pain (dont deux sp�cialit�s assez rares de nos jours : la fougasse et le pain �toil�) dans un four en pierre et en brique. Dans les ann�es 20�s, il fonctionnait au charbon. Les boulangeries traditionnelles ont disparu les unes apr�s les autres, modernit� oblige ! Mais au d�triment de la qualit�. Entre les deux, y�a pas photo !� lance notre boulanger pour conclure. Pr�te-moi ta plume R�diger une lettre administrative, judiciaire ou personnelle n�est pas toujours � la port�e de tous. Les �crivains publics sont l� pour voler � leur secours. Dans le hall de la Casnos, � c�t� de la poste de l�avenue du 1er- Novembre, ils sont pr�s d�une dizaine � taper sur une machine � �crire, assis face � leurs clients sur une petite table. �J�exerce ce m�tier depuis 1984, nous r�v�le L. Mohamed (47 ans). Demande de visa, lettre de motivation, requ�te judiciaire, demande de r�int�gration, lettre d�amour� Ce genre de courrier n�a plus aucun secret pour moi (200 DA la lettre). Il y a des clients que je connais depuis plusieurs ann�es. Une relation de confiance nous lie� Je suis l� tous les jours sauf le vendredi. � Une sexag�naire, semblant porter toute la mis�re de la terre sur ses �paules, s�affale sur la chaise. Elle nous parle spontan�ment de son histoire : �Mon fils a �t� assassin� je viens voir Mohamed pour une requ�te judiciaire��. Bricoleur en tous genres Les habitu�s du march� Ferhat-Boussa�d (ex- Meissonier) connaissent tous Azzedine Ma�mar (62 ans). Au milieu d�un fatra d�objets h�t�roclites, ce petit vieux soude, brique, r�nove, polit, r�pare� Electrom�nager, t�l�commandes, s�che-cheveux, lunettes, montres, il sait tout r�parer. Chaleureux et convivial, il a toujours un mot gentil pour ses clients. �A la fermeture du march� � la mi-journ�e, l�che-til sur un ton joyeux, j�embarque tous ces objets sur mon �paule. Direction, la maison o� aid� par ma femme, je mets une touche finale � mon travail. Mon �pouse ne rechigne pas � me donner un coup de main mais exige d��tre pay�e en retour (�clats de rire).� Que ce soit pour remplacer une pile (montre) ou effectuer une soudure, ce bricoleur aux doigts de f�e pratique des prix tr�s raisonnables, comme nous l�ont confirm� plusieurs clients rencontr�s sur place. Une seule ombre vient perturber l�esprit de ce sexag�naire. �J�ai sollicit� l�APC de Sidi M�hamed pour un registre du commerce mais en vain�, d�plore- t-il. Vitrier ambulant Un autre m�tier en voie d�extinction : vitrier ambulant. Nous abordons l�un d�entre eux post� au niveau de la rue du capitaine Menani, � proximit� du march� Meissonier. �Cela fait 35 ans que je suis vitrier ambulant. Des personnes ne sachant pas bricoler font appel � mes services. Avec ma charrette charg�e de plusieurs types de vitres, je me rends � leur domicile, afin de remplacer les carreaux bris�s (� partir de 300 DA selon les dimensions). Il y a des jours o� c�est la d�che et d�autres o� �a marche plut�t bien�, confie-t-il. Des m�tiers qui sont aussi la m�moire d�Alger et que nos arri�re-petits-enfants ne verront probablement pas ! Sabrinal Email : sabrinal_le [email protected]