Espagne-Russie puis Gr�ce-Su�de seront � l�ouverture du groupe D de l�Euro-2008. Aujourd�hui, ces quatre �quipes davantage renseign�es sur ce que propose l�actuelle �dition comme valeurs vont devoir pr�senter les vertus de leur football faits de prouesses, de muscles et de g�nie. La pr�sence de techniciens aussi valeureux qu�exp�riment�s � l�instar de Guus Hiddink, Otto Rehaggel que l�Espagnol Luis Aragones doit ajouter un peu de sel � la recette. De quoi promettre du spectacle plein les yeux. GR�CE - SU�DE (EM STADION WALS-SIEZENHEIM DE SALZBOURG, 19H45) Le tenant et la valeur s�re Les Grecs, quatre ans apr�s leur sacre improbable lors de l'Euro-2004, entament la d�fense de leur titre face � une valeur s�re du football continental, la Su�de (Gr. D), ce soir (19h45) � Salzbourg. Un miracle peut-il se r�p�ter ? L'attaquant Georgios Samaras, 23 ans, trop jeune il y a quatre ans, n'y croit pas et se dit �jaloux� de ses a�n�s. Le buteur de la finale remport�e face au Portugal, Angelos Charisteas, recommande lui d'employer la m�me technique qu'il y a quatre ans : prendre les matches �un � un� sans penser � l'apr�s. L'Espagne semble au-dessus des autres �quipes de ce groupe, par ailleurs �quilibr�, qui compte �galement la Russie. Mais c'�tait d�j� le cas il y a quatre ans. Et les Espagnols avaient �t� devanc�s, et donc �limin�s, par les Grecs � la diff�rence de buts. L'entra�neur autocrate de 2004, Otto Rehhagel, est toujours en poste malgr� son �chec � envoyer les champions d'Europe au Mondial-2006. Et si plusieurs joueurs embl�matiques, comme le capitaine Theo Zagorakis, ont pris leur retraite, il a conserv� la m�me ossature et le m�me syst�me en 4- 5-1, m�me si l'�mergence de Fanis Gekas lui offre plus d'options. Aucune victoire su�doise depuis 1920 Pour un r�sultat encore incertain m�me si son �quipe a r�colt� 31 points sur 36 possibles lors des qualifications : la Gr�ce, o� les trentenaires sont l�gion, sera-t-elle une �quipe plus exp�riment�e ou une formation vieillissante ? La Su�de pourrait permettre de r�pondre � la question et servir de bon r�v�lateur, m�me si les Scandinaves n'ont pas battu les Grecs depuis un retentissant 9-0 aux jeux Olympiques de 1920. S'ils ont du mal � aller au-del�, avec une demi-finale en 1992 comme plus haut fait d'armes, les Scandinaves sont de grands habitu�s des quarts des grands tournois, pour lesquels ils se qualifient r�guli�rement. A l'instar de la Gr�ce, leur tactique est souvent prudente, voire ennuyeuse, malgr� les talents offensifs de Zlatan Ibrahimovic, Freddie Ljungberg, qui revit � West Ham, ou de l'�ternel Henrik Larsson, 36 ans, sorti de sa retraite internationale par l'entra�neur Lars Lagerb�ck. Mais elle est efficace. L'Euro est la 5e phase finale de rang que les Su�dois disputent et, cette fois, ils aimeraient aller un peu plus loin que les quarts. LA GAZETTE DE L�EURO Invaincu Marco van Basten est invaincu face � Roberto Donadoni. La presse n�erlandaise r�v�le hier matin que le s�lectionneur des �Oranje� n'a jamais perdu... au golf face � son alter ego italien. Les deux hommes, oppos�s hier soir � Berne � l'occasion du premier choc de l'Euro-2008, ont jou� ensemble � l'AC Milan. Ils sont rest�s amis et fr�quenteraient r�guli�rement ensemble quelques-uns des plus beaux parcours de Lombardie. Idole Pour Adrian Mutu, son idole d'enfance est Michel Platini, qu'il classe parmi les meilleurs de tous les temps aux c�t�s de Maradona et Pel�. �J'adorais son style de jeu, ses passes et surtout ses coups francs�, a d�clar� le buteur roumain sur un site sportif roumain. �J'avais un poster g�ant dans ma chambre, et s'il y a un joueur avec qui j'aurais aim� �changer de maillot, c'est bien lui !� Dans l'histoire plus r�cente, c'est Zidane qui l'a fascin�, parce qu'il �savait rendre simple ce qui �tait tr�s difficile�. Foule Les organisateurs de l'Euro-2008 ont d�nombr� dimanche dernier 213 000 personnes dans les zones r�serv�es aux supporteurs (fan zones), situ�es en dehors des stades. A Vienne, plus de 84 000 amateurs de football ont suivi la retransmission des deux rencontres (Autriche - Croatie et Allemagne - Pologne) sur des �crans g�ants, dans une ambiance festive. L'�toile tch�que L'entra�neur v�t�ran de la R�publique tch�que, Karel Bruckner, 68 ans, n'a jamais exerc� son m�tier � l'�tranger, mais est tr�s appr�ci� de ses compatriotes et se pr�te r�guli�rement au jeu des s�ances d'autographes. Lors de la derni�re session d'entra�nement des Tch�ques, � Seefeld, en Autriche, de nombreux fans ont demand� sa signature. Bruckner a alors sorti de son sac de sport une enveloppe avec � l'int�rieur un stylo � bille et une cinquantaine de cartes postales � son effigie qu'il a sign�es une � une et remises � ses fans, ravis de l'attention. VIP Dans la loge du stade Tivoli Neu d'Innsbruck, aujourd�hui, lors du match Espagne-Russie, les principales personnalit�s du gotha espagnol sont annonc�es, parmi lesquelles le prince des Asturies, Felipe, et son �pouse Letizia, dont la pr�sence a �t� confirm�e par la maison royale espagnole. Avantage, au chapitre people � l'Espagne, donc, m�me si c�t� russe, on annonce la pr�sence du maire de Moscou, Iouri Loujkov. Euro au cin� Hommage particulier aux 16 pays qui vont s'affronter sur les terrains de football en Autriche et en Suisse entre le 7 et 29 juin, le cin�ma VotivKino � Vienne a s�lectionn� des films de ces 16 pays pour son festival d'�t� 2008. Le 14 juin notamment une coproduction germano-suisse intitul�e �Eleven minutes� (11 minutes) tentera d'inciter les spectateurs � la culture par le foot et vice-versa. Minorit�s L'�quipe du Haut-Adige (Tyrol du sud) a remport� le championnat d'Europe de football des minorit�s linguistiques (Europeada) en battant 1-0 le onze de la minorit� croate en Serbie. La troisi�me place est revenue aux Tziganes hongrois, victorieux 9-0 des Danois d'Allemagne. 17 �quipes de minorit�s linguistiques ont particip� � ce tournoi qui a eu lieu dans le canton des Grisons, en Suisse. Ljungberg en qu�te de lumi�re L'Euro-2008, que la Su�de entame ce soir � Salzbourg face aux Grecs (Gr.D), constitue pour le capitaine scandinave Freddie Ljungberg l'occasion de retrouver les feux des projecteurs, apr�s un an d'anonymat cons�cutif � son d�part d'Arsenal pour West Ham. Il fut un temps o� Highbury, l'ancien stade d'Arsenal, chantait : �We love you Freddie because you've got red hair, we love you Freddie because you're everywhere�. (�Nous t'aimons Freddie, parce que tu as les cheveux rouges, nous t'aimons Freddie, parce que tu es partout�). Vraiment partout ! Au vernissage des expositions d'art moderne et de design, au th��tre juste avant un crochet par une bo�te branch�e, au pied des podiums de haute couture quand il ne d�file pas dessus, et m�me quasiment nu sur les bus � �tages, dans d'immenses publicit�s pour des sous-v�tements. Habitu� du classement des hommes les mieux habill�s du monde �tabli par le prestigieux magazine Esquire, il devient une ic�ne des homosexuels britanniques, peuple les pages �people�, o� il ravit le Londres branch� en expliquant qu'il �perd ses sensations dans les pieds apr�s l'amour� ou en promettant qu'il n'est �pas homosexuel, mais que s'(il) l'�tait, cela ne lui poserait pas de probl�me de le dire�. Arriv� en 1998, � l'�ge de 21 ans, install� � Hampstead, quartier � l'ambiance plus boh�me fortun�e que footballeur nouveau riche, Ljungberg �tait alors une publicit� vivante du �Swinging London�, renvoyant � la capitale anglaise l'image qu'elle voulait contempler d'elle-m�me : moderne, �l�gant, dynamique, riche, branch�... AArsenal, il devient un joueur �tabli, marque 72 buts en 325 matches avec pour apoth�ose le championnat 2003- 04, que le club finit invaincu. Deux ans plus tard, vient �sa plus grande d�ception� : la d�faite en finale de la Ligue des champions face � Barcelone, qu'il joue diminu� par une blessure � une cheville. Les p�pins physiques s'accumulent, la presse anglaise �voque des tensions avec son entra�neur Ars�ne Wenger, que Ljungberg a vis� r�cemment avec des propos peu am�nes. Son co�quipier d'Arsenal, Robin van Persie, expliquait r�cemment que quelque chose s'�tait cass� : �Le d�part de Thierry Henry et le fait que les grands joueurs de la saison 2003-04 soient partis ont jou�. Alors que la trentaine sonne, Ljungberg s'en va � West Ham, club certes londonien, mais pas franchement glamour. Il assure ne pas partir en pr�retraite. Ses apparitions sont honorables avant qu'un rugueux d�fenseur ne lui casse une c�te en avril. Ljungberg est remis. Mais West Ham veut recruter (Saha, Diouf et Gudjohnsen sont �voqu�s), Dean Ashton a prolong� son contrat, Craig Bellamy est revenu d'une grave blessure. Aussi, les dirigeants des �Hamers� souhaiteraient se s�parer de Ljungberg et de son gros salaire. Le joueur qui, jusqu'� l'�ge de 30 ans, n'avait port� que deux maillots (Halstadt et Arsenal), pourrait �tre contraint d'entamer sur le tard une carri�re de mercenaire itin�rant. Une forte incitation pour briller en Autriche et en Suisse. Pour attirer � nouveau la lumi�re. Charisteas, un dieu maudit� Ses buts contre la France et le Portugal � l'Euro-2004 ont fait d'Angelos Charisteas un h�ros grec, mais l'attaquant, qui retrouve l'�preuve aujourd�hui contre la Su�de (groupe D), est depuis all� de d�sillusion en d�sillusion, �cumant sans succ�s quatre clubs. Dernier �pisode de ce quadriennat morose, la rel�gation avec Nuremberg en 2e division allemande est la conclusion logique d'une p�riode sans lustre. Des champions de 2004, Charisteas, beau gosse, plus jeune que la plupart de ses co�quipiers, �tait pourtant celui qui apparaissait comme le mieux plac� pour capitaliser sur l'exploit portugais. Si Panagiotis Fyssas avait �touff� Cristiano Ronaldo en finale, si Georgios Karagounis et Theo Zagorakis avaient �t� les patrons de l'�quipe, c'est lui qui apparut en pleine lumi�re, marquant de la t�te contre les tenants du titre fran�ais en quarts avant de r�cidiver en finale, s'envolant au-dessus de Ricardo Carvalho. Ces buts ne portaient pas forc�ment la trace du g�nie. Mais leur importance faisait oublier que leur auteur �tait arriv� � l'Euro avec le statut de joueur d'appoint du Werder Br�me, pour lequel il n'avait inscrit que quatre buts. Le sacre n'a pas chang� son statut au sein du club allemand. Aussi, le s�lectionneur Otto Rehhagel lui conseilla de trouver une �quipe susceptible de lui offrir du temps de jeu. Afin de remplacer le Su�dois Zlatan Ibrahimovic, l'Ajax Amsterdam le recrute en janvier 2005. Sous le maillot rouge et blanc, il se montre toujours aussi discret et l'entra�neur Henk ten Cate le place publiquement � la cinqui�me place dans la hi�rarchie de ses attaquants, derri�re Klaas-Jan Huntelaar, Ryan Babel, Markus Rosenberg et un certain Rydell Poepon... Charisteas fait savoir qu'il est pr�t � partir, mais seulement en Angleterre ou en Allemagne. Seul le Feyenoord Rotterdam exprime son int�r�t. Son transfert sera aussi court que pol�mique : les supporteurs les plus durs du Feyenoord manifestent pour protester contre la d�cision de recruter un joueur du rival honni. Le fait que le Grec ne trouve pas le chemin des filets lors de ses dix premi�res apparitions n'a pas facilit� son adaptation et, apr�s quelques mois, Charisteas reprend la route, pour un club aux ambitions moindres (le FC Nuremberg, champion d'Allemagne des rel�gations) et un transfert qui traduit la baisse de sa cote (2,5 M EUR, soit deux fois moins que la somme d�bours�e par l'Ajax deux ans plus t�t). Il n'est pas �tonnant que l'attaquant ait exprim� dimanche dernier son �bonheur de retrouver ce tournoi formidable avec la Gr�ce.� Car dans son pays, personne ne doute des qualit�s de Charisteas, qui a �crit la plus belle page de son histoire sportive. �Dans 50 ans, chacun se souviendra que j'ai inscrit le but qui a fait de la Gr�ce le champion d'Europe�, sourit-il. Et aura depuis longtemps oubli� qu'un certain Ten Cate lui pr�f�rait un d�nomm� Poepon. ESPAGNE- RUSSIE (AU TIVOLI NEU D�INNSBRUCK, � 17H) Le bal des maudits Orpheline de titre depuis 1964, l'Espagne, terre de football, mettra son jeu l�ch� et son statut de favori � l'�preuve de la jeune Russie, cet apr�s-midi (17h) � Innsbruck, sur fond de contentieux avec son entra�neur n�erlandais Guus Hiddink. L'histoire de la s�lection espagnole est celle d'une d�sillusion permanente, entre mal�diction et mauvais sort : souvent brillante en phase �liminatoire, la �furia� a syst�matiquement perdu pied quand sonnait l'heure de v�rit� dans les grands tournois. Un mauvais d�part aujourd�hui ne ferait qu'ouvrir de nouveau la bo�te � lamentations. D'autant que, plus que d'habitude encore, l'Espagne a donn� des gages de solidit�. La formation de l'�ternel entra�neur Luis Aragones (70 ans) reste en effet sur 16 matchs sans d�faite, dont 14 victoires. Certaines ont montr� toute l'explosivit� et la valeur technique d'une �quipe au talent offensif inn� : Fernando Torres, Iniesta, Xavi, Villa, Silva et Fabregas ont tout du statut de superstars. De la capacit� d'Aragones � faire cohabiter ses �cracks� d�pendra sans doute le salut de cette �quipe. Au milieu de terrain, l'abondance de bien est telle que Fabregas, l'un des cadres d'Arsenal, sera vraisemblablement rempla�ant. Un luxe inou�. Exorciser 2002 La Russie joue �videmment de cette sup�riorit� pr�sum�e de l'Espagne. �Ils sont clairement favoris�, a lanc� l'entra�neur Guus Hiddink. Le pass� de cette s�lection, curieusement, pr�sente quelques similitudes avec celui de l'Espagne. La Russie fait, elle aussi, figure de cancre dans les phases finales. A l'Euro comme au Mondial, elle a rarement franchi le premier tour. Son fait de gloire remonte � la finale perdue, du temps de l'URSS, lors de l'Euro-1988 contre les Pays-Bas... Pour l'Espagne, il faut remonter au titre europ�en de 1964, conquis � Madrid face �... l'URSS. R�put� rigoureux, Hiddink a impos� sa discipline � une s�lection longtemps consid�r�e comme une �p�taudi�re� o� les joueurs n'en faisaient qu'� leur t�te. Aux commandes depuis 2006, il a aussi �t� servi par les progr�s des clubs russes en Europe, comme l'attestent les victoires en Coupe de l'UEFA du CSKA Moscou en 2005 et du Zenit Saint-P�tersbourg cette saison. Mais un souvenir cuisant pour l'Espagne donne � cette rencontre un relief � part. Lors du Mondial-2002, Hiddink �tait en effet � la t�te de la s�lection sud-cor�enne, qui avait �limin� la �furia� lors d'un 1/4 de finale � l'issue controvers�e. A la derni�re minute de la prolongation, l'attaquant espagnol Fernando Morientes croyait avoir inscrit le but que tout un peuple pensait �en or�.Mais l'arbitre assistant avait signal� que le ballon �tait sorti du terrain. Ce qui �tait faux. Quelques minutes plus tard, les Cor�ens se qualifiaient aux tirs au but. C'est un peu de ce pass� que l'Espagne voudra aussi exorciser aujourd�hui.