«A casa como siempre.» Habituée aux désillusions créées par une sélection nationale sans palmarès reluisant, la presse sportive espagnole titrait souvent ainsi. Vu le brillant parcours de l'Espagne dans l'Euro 2008, nos confrères ibériques devraient ajouter au titre un point d'interrogation. Le doute est donc de rigueur car l'équipe de l'atrabilaire Luis Aragones a, cette fois-ci, 50 pour cent de chances d'aller en finale, pour la première fois depuis 1984. L'adversaire russe des demi-finales, tout autant. Le match qui les oppose ce soir sera pour les Russes celui de la double revanche. Il s'agit pour eux de se venger du cinglant 4 à 1 du tour préliminaire, mais aussi de faire oublier que la Russie, alors dans l'URSS du légendaire Lev Yashin, avait perdu son second titre de champion d'Europe contre l'Espagne de Gento et d'Amancio. Mais c'était presque dans une autre vie. Le match de ce soir opposera deux équipes qui rêvent de remporter un second titre européen. L'Espagne, qui a perdu la finale de 1984 contre la France, avait gagné son unique championnat d'Europe, en 1966, justement contre l'Union soviétique dont l'ossature de l'équipe était constituée de joueurs russes (2 à 1). L'URSS, elle, avait gagné de manière brillante l'Euro 1960 avec la légendaire «Araignée», le phénoménal Yashin. Ce soir promet spectacle et émotion. Ce sera peut-être le choc de deux attaques majeures de l'Euro 2008. Ce sera aussi la confrontation des deux meilleurs buteurs. Un choc des ambitions entre David Villa et Roman Pavlyuchenko qui pourrait même ravir la première place au classement à l'attaquant vedette du FC valence. Ces matches dans le match confronteront deux équipes qui se sont rencontrées deux fois avec un net avantage pour l'Espagne qui a gagné par deux fois contre l'URSS et la Russie. Espagne-Russie, c'est également le match de la superstition. Surtout celle de Luis Aragones qui n'aime pas le jaune. Manque de pot, la «Rioja» qui a l'habitude de jouer en rouge, sa couleur fétiche, sera de jaune vêtue face à des Russes habillés de blanc. Déjà, Luis Aragones rit jaune et y voit un mauvais présage. La partie serrée de ce soir est déjà le match des soupçons. Des langues, forcément mauvaises, s'étonnent de l'«éclatante santé» des joueurs du druide Guus Hiddink. Lui n'y voit que du travail, rien que du travail. Celui de son compatriote Raymond Verehein, préparateur physique de génie qui avait transformé les lutins sud-coréens en brigade de cavalerie légère. Ce technicien a l'habitude d'amener les joueurs à leur «pic de forme». Et justement, ça tombe bien pour les Russes : ils sont à mi-championnat en Russie alors que les autres ont déjà fini leur saison. Beaucoup sont arrivés en Suisse et en Autriche fatigués, voire carrément cramés. L'équipe de Guus Hiddink n'a pas ce souci. Elle est même montée en régime. Les Espagnols pourraient en faire les frais. N. K.