� Je pardonnerai est le titre choisi par mon �diteur. J�avais opt� pour : J�ai �pous� la plus belle illusion de mon p�re, mais je pense qu�il avait raison en faisant de ce petit po�me un parall�le, du point de vue de la symbolique, d�une ode c�l�bre de Bachir Hadj-Ali. Sauf que moi, sans avoir aucunement la pr�tention de me comparer � ce grand homme ni d��tre pass� par les �preuves auxquelles il �tait assujetti, je n�ai pas dit que je pardonnerai � mes bourreaux, pas dans ce sens.� R�ponse sans appel de Mohamed Benchicou � tous ceux qui ont os�, � tort, croire qu�il s�est pli� devant les assassins de son journal. Sujet � controverse depuis sa publication, son recueil de po�mes de prison Je pardonnerai, �crit dans le p�nitencier d�El-Harrach entre 2004 et 2006, vient ainsi de lui valoir l�int�gration dans la cour des grands po�tes alg�riens. �Bachir Hadj Ali avait v�hicul� une id�e pertinente selon laquelle les tortionnaires ne doivent pas nous rendre haineux. Je souhaite qu�ils ne plantent pas la haine dans mon c�ur. Je pardonnerai ceux qui ont dout�, ceux qui ont trahi, ceux qui ont d�sert�, mais je n�ai pas la grandeur d��me de Bachir qui a pardonn� � ses bourreaux�, pr�cisera cet �minent journaliste, devenu tailleur de vers � sa sortie de prison. Pr�sent jeudi dernier � la librairie M�dia Plus de Constantine pour la vente-d�dicace de ses deux livres : Les ge�les d�Algeret Je pardonnerai, Mohamed Benchicou avait affectueusement fait plaisir aux nombreux lecteurs venus de Biskra, de T�kout, d�Oum-El- Bouaghi. La file aussi longue que color�e qui s�est form�e dans l�espace de cette librairie d�note, on ne peut mieux, la popularit� insoup�onnable sinon la l�gitimit� d�un combat, tir�e de l�espoir de ces citoyens anonymes de s��panouir sous la lumi�re. Des lecteurs sont venus m�me avec son livre Bouteflika, une imposture alg�rienne. L��motion de ceux qui sont all�s jusqu�� verser des larmes devant sa modestie, lui qui a offert des livres � ceux qui n�ont pas pu en acheter, est bouleversante. Mohamed Benchicou est sorti, en tout cas, tr�s ��mu� de cet accueil qui lui a �t� r�serv�. �A chaque fois que je vais � la rencontre des lecteurs, je ressort �merveill� et je me rends compte que nous ne conna�trons jamais assez ce peuple. Ces Alg�riens humbles qui vivent dans la solitude. En fait, ce sont ces anonymes qui ont sauv� mes trois livres, interdits � chaque fois de para�tre. En vrais protecteurs, ils me donnent le courage et je trouve l�inspiration dans leurs espoirs. L�Alg�rie existe et elle existe � travers les liens de solidarit� qui se d�veloppent entre ces gens qui ne veulent pas abdiquer ni renoncer � leur droit de vivre dans la dignit�. Mon devoir est de continuer � �crire pour eux�, dira-t-il. Comme les grands �crivains qui �ne rendent l�encrier qu�en rendant l��me�, Mohamed Benchicou ne va pas se taire. Il promettra, en effet, de publier, en d�pit de sa maladie, un 4e livre au mois d�octobre prochain. Un texte qui sera consacr� � ses deux ann�es apr�s la prison. De son aveu m�me, il aurait, d�j�, choisi, provisoirement, le titre de ce nouveau texte, � savoir Journal d�un homme libre. Lui, le libertin et l��crivain authentique, ne peut renoncer � �crire pour la simple raison qu�il en fait une passion, quitte � maintenir l�interdiction du Matin. Et pour paraphraser le �camarade� Khalil Gibran, on peut �touffer le son du tambour et couper les cordes de la lyre mais qui pourrait interdire � l�alouette de chanter ? Co�te que co�te, son pamphlet Bouteflika, une imposture alg�rienne, ses po�mes dans Je pardonnerai comme son reportage sur les ge�les d�Alger ont �t� tous �dit�s et connaissent un succ�s patent malgr� les tentatives de lui mettre les b�tons dans les roues.