La corruption ne cesse de se g�n�raliser en Alg�rie : son explosion touche toutes les institutions de la R�publique, � tous les niveaux et dans toutes les r�gions. Les �affaires� se ramassent � la pelle, la r�glementation relative aux march�s publics n�est plus du tout appliqu�e � son contournement est devenu la r�gle � l�Etat est absent, l�impunit� dont profite une majorit� de fonctionnaires (quel que soit leur rang) est totale, et les organismes de contr�le ont �baiss� rideau� depuis longtemps. Les cons�quences sont nettement visibles : violences de toutes sortes, pauvret� et ch�mage en forte augmentation, d�sesp�rance � la hausse chez les plus vuln�rables, �conomie en panne, etc. Curieusement, nombreux sont ceux qui croient encore que la corruption peut aider � graisser les rouages d�une �conomie lente et sur-r�gul�e. Les faits d�mentent cette th�orie. La corruption a un co�t. Il est �tabli qu�elle favorise les investissements improductifs, accro�t le co�t des biens et services, et conduit � un d�clin de la qualit� de tout service et de toute production sous contr�le public. Elle engendre de mauvais choix, encourage la comp�tition au niveau des pratiques de corruption plut�t qu�une saine concurrence en termes de qualit� et de co�t. Les sondages indiquent par ailleurs que, lorsque la corruption devient end�mique, elle alourdit les co�ts des entreprises et handicape plus particuli�rement les plus petites d�entre elles. Par-dessus tout, elle ralentit le d�veloppement �conomique et social, ce qui cause des dommages particuli�rement importants dans les pays en voie de d�veloppement. La corruption d�tourne les richesses nationales au profit de quelques-uns, �rode la base des ressources d�un pays et contribue � entretenir ainsi le cercle vicieux de la pauvret�. En privant les membres les plus vuln�rables de la soci�t� des fruits du d�veloppement par le d�tournement des priorit�s sociales de base (s�curit� alimentaire, sant�, �ducation...), elle les emp�che de b�n�ficier de l�am�lioration de la qualit� de vie qui devrait r�sulter d�une r�partition �quitable des richesses. Elle gonfle artificiellement le prix des biens et des services pour une qualit� moindre et impose ainsi aux plus pauvres de payer le prix de la corruption alors m�me qu�ils en sont les moins capables. Facteur qui menace la paix civile La corruption encourage des pratiques discriminatoires, menace les droits sociaux, �conomiques ou culturels les plus �l�mentaires, cultive l�arbitraire et, souvent, va de pair avec des m�thodes r�pressives de gouvernement. Ainsi, dans de nombreux pays, ceux qui ont le courage de relever le d�fi et qui luttent ouvertement contre la corruption, courent des risques consid�rables et s�exposent � un r�el danger. L�int�grit� physique des personnes est menac�e lorsqu�elles touchent aux int�r�ts des b�n�ficiaires de la corruption. Cela est particuli�rement vrai dans le contexte actuel o� les liens entre le crime organis� et les circuits de la corruption se resserrent. Pour toutes ces raisons, on peut dire que la corruption porte atteinte au respect des droits de l�homme les plus fondamentaux. En l�absence de contre-pouvoirs efficaces et en raison des pouvoirs discr�tionnaires dont il dispose, un gouvernement autoritaire est plus vuln�rable � la corruption. Ainsi, un gouvernement corrompu, qui rejette les principes de transparence et de responsabilit�, ne respecte g�n�ralement pas les droits de l�homme. La corruption �rode les principes qui r�gissent l��tat de droit, mine la l�gitimit� des gouvernements ainsi que l�efficacit� et la cr�dibilit� des institutions publiques, rend la justice inop�rante et cr�e un climat d�ins�curit� susceptible de porter atteinte � la stabilit� politique. Il ne faut pas perdre de vue que les d�cideurs, lorsqu�ils sont consid�r�s comme corrompus, deviennent non seulement incapables de contr�ler leurs subalternes, mais finissent par perdre toute autorit� morale. Au bout du compte, la corruption peut �tre consid�r�e comme un facteur d�instabilit� qui menace la paix civile. La pratique des pots-de-vin banalis�e D�aucuns soutiennent que le recours aux pots-de-vin peut acc�l�rer la prestation de services fournis par une administration bureaucratis�e. Des enqu�tes men�es un peu partout r�v�lent le contraire. D�s qu�une personne est identifi�e comme dispos�e � payer des pots-de-vin, il semble que les acteurs impliqu�s aux autres niveaux de sa d�marche en sont alert�s. Ainsi, cette personne va se retrouver (d�lib�r�ment) retard�e et soumise � des formes d�extorsion suppl�mentaires tout au long de son parcours, alors que ceux qui ont refus� de payer au premier niveau sont moins expos�s. Par ailleurs, lorsqu�une �recette� pour obtenir des pots-de-vin fonctionne avec succ�s de mani�re r�p�t�e, elle tend � se banaliser et � s�institutionnaliser. Cela finit par rendre inop�rante toute d�marche bas�e sur la concurrence. � un autre niveau, la corruption mine les valeurs �thiques et culturelles d�une soci�t� et entretient un cercle vicieux : la soci�t� rendue passive face � la corruption n�est plus � m�me de r�agir et de se d�fendre. Ainsi, la corruption, si elle n�est pas endigu�e, se met � cro�tre de mani�re exponentielle. Au-del� des aspects d�ordre moral, la corruption doit �tre contenue pour des raisons d�ordre tout � fait pratique. Face au d�fi de devoir maintenir et m�me am�liorer son niveau de vie, aucun des pays cherchant � construire la d�mocratie ne peut se permettre les ravages de tous genres qui accompagnent la corruption. En particulier, dans des contextes d��tats encore fragiles, certains pays � grand d�ficit d�mocratique � le cas de l�Alg�rie �, affrontent des risques politiques consid�rables si la corruption n�est pas jugul�e, car celle-ci peut affaiblir sensiblement l�autorit� et les capacit�s d�action de l��tat, voire menacer la viabilit� des institutions de la R�publique.