En d�cidant, lundi, de mani�re quasi impromptue, de d�mettre Abdelaziz Belkhadem de sa fonction de chef du gouvernement, le pr�sident Bouteflika lui a-t-il signifi� sa disgr�ce ou bien l�a-t-il juste affranchi d�une charge pour qu�il puisse assumer au mieux une mission politique d�importance, la campagne pour la r�vision constitutionnelle, en somme ? Dans un cas, comme dans l�autre, le FLN souffrira assur�ment de ce que la majorit� �lectorale qu�il d�tient ne lui assure nulle position ex�cutive durable. Sofiane A�t Iflis- Alger (Le Soir)- Preuve irr�futable en est ce jeu de r�les auquel le pr�sident de la R�publique soumet Belkhadem et Ouyahia, sans que ni l�un, ni encore moins l�autre ne trouvent l�exercice politiquement �prouvant. En 2006, Ahmed Ouyahia, alors chef du gouvernement, fut contraint, sous une forte pression politique exerc�e par le FLN qui le mena�a m�me d�une motion de censure parlementaire, de lib�rer le �strapontin� au profit de Abdelaziz Belkhadem. Ce dernier, qui n�avait eu de cesse de r�clamer la chefferie du gouvernement pour son parti, le FLN, d�tenteur de la majorit� �lectorale, a v�cu alors sa promotion comme une cons�cration logique mais surtout l�gitime. A raison, au demeurant, car quoi de plus normal, en effet, qu�un parti majoritaire tienne les r�nes de l�ex�cutif ? Le FLN, d�s lors que son alli� mais n�anmoins rival, le RND, est remis � sa place et confin� dans son r�le de force politique d�appoint, fera, en solo, depuis, �talage de sa vell�it� de forcer le destin de la nation, en emplissant l�espace politique de sa revendication d�amendement constitutionnel devant permettre au pr�sident Bouteflika de renouveler son bail pour le palais d�El- Mouradia. Happ� par cette fr�n�sie politique et obnubil� par la perspective d�un lendemain encore meilleur, le FLN ne doutait pas un seul instant qu�il pouvait un jour se voir ordonner, � son tour, de se soumettre sans rechigner au jeu de r�les. C�est fait d�sormais depuis lundi. Abdelaziz Belkhadem a �t� invit� � vider ses tiroirs et faire place � Ahmed Ouyahia. Personnellement, il aura � se consoler d�une nomination en qualit� de ministre d�Etat, repr�sentant personnel du pr�sident de la R�publique. Au plan partisan, en revanche, il n�y aura pas v�ritablement de motif � consolation. La d�ception au sein du parti est d�ailleurs � peine contenue. En t�moigne la d�claration du charg� de la communication, Sa�d Bouhadja qui, lundi, juste apr�s l�annonce officielle de la fin de fonction de Belkhadem � la t�te de l�ex�cutif, s�est avis� d�att�nuer l�onde de choc que la nouvelle induirait sur les militants et structures du parti. �On attendait ce changement. Belkhadem nous en a inform�s depuis quelques jours. A pr�sent, il (Belkhadem, ndlr) s�est lib�r� et va se consacrer au parti dans la perspective des prochaines �ch�ances politiques importantes �, a-t-il d�clar�, en effet, � El Khabar. Ce propos donne � comprendre que Belkhadem ne vivrait pas son remplacement par Ouyahia comme une d�ch�ance mais comme un soulagement. Peu, tr�s peu vraisemblable. D�autant qu�on a jamais entendu Belkhadem se plaindre d�une difficult� � assumer les deux charges : le secr�tariat g�n�ral du FLN et la chefferie du gouvernement. Au contraire, Belkhadem disait toujours porter les deux casquettes avec aisance. Et s�il �tait � l�aise de porter les deux casquettes, sera-t-il mieux portant, politiquement parlant, maintenant qu�il a perdu l�une ? Rien n�est moins s�r. Jusque-l�, la fonction de chef du gouvernement confortait Belkhadem dans sa position de responsable de parti, du moins le pr�munit-elle contre les vents de fronde que le FLN couve plus qu�aucun autre parti. On se rappelle toutes les turbulences que le FLN a eu � conna�tre par le pass�. Des turbulences plus exacerb�es � chaque fois que le responsable du parti essuie un revers. Et celui essuy� par Belkhadem en ce lundi caniculaire n�est pas des moindres. Il ne serait peut-�tre pas encore remis de sa surprise qu�en sourdine, les armes s�aff�tent. Les adversaires de Belkhadem au sein du parti auront cette fois l�avantage de l�argument� et du reproche. Ils lui reprocheront, ne serait-ce que cela, de n�avoir pas su se maintenir dans sa fonction institutionnelle pr�pond�rante. Saura-t-il se d�faire de l�adversit� ? Il aura certainement fort � faire. Car il subira l�effet des vents contraires m�me dans le cas o� v�ritablement Bouteflika lui confiera la mission de mener campagne pour la r�vision constitutionnelle et lui pr�parer le terrain pour un autre mandat.