Abdelaziz Belkhadem a reconnu qu'il n'avait aucune assurance quant à l'adhésion du chef de l'Etat à sa proposition de réviser la Constitution avant les élections législatives. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a animé, hier au siège national de son parti, son énième conférence de presse, en un laps de temps très court. Cette fois-ci, c'est la finalisation du rapport de la commission chargée de réfléchir sur la révision de la Constitution, qui a servi de prétexte à la sortie médiatique du numéro 1 du FLN. Pourtant, M. Belkhadem a prévenu qu'il ne révélera que les grandes lignes du travail des cadres de son parti. “Il n'est pas convenable de divulguer les amendements que le FLN propose pour la Constitution avant de remettre notre rapport au président de la République, seul habilité à trancher la question”, a-t-il lancé en direction des journalistes. Il a reconnu que son parti n'a obtenu aucune garantie quant à l'adhésion du chef de l'Etat à sa démarche. “La révision de la Constitution est, pour l'heure, une volonté du parti. Si le président de la République soutient notre démarche, c'est tant mieux, s'il la refuse, nous continuerons à faire des propositions, ou peut-être changerons-nous de conviction”. Sur cette question, le FLN subit déjà l'opposition farouche du RND et dans une moindre mesure du MSP, qui n'entrevoient pas l'utilité d'une révision de la loi fondamentale, dans la conjoncture actuelle. “L'alliance présidentielle n'est pas une fusion des trois partis. Nous n'avons pas le même programme. Nous nous sommes alliés juste pour réaliser le projet du président Bouteflika. Le RND et le MSP sont libres d'être d'accord ou pas sur la révision de la Constitution. Pour le FLN, il y a nécessité de le faire”, a asséné le secrétaire général du front. “Nous voulons que la Constitution change avant la tenue des élections législatives”, s'est encore avancé le conférencier. Un désir difficile, a priori, à exaucer si l'on considère que les législatives devront avoir lieu dans moins d'une année (dans les 30 jours qui précèdent la fin du mandat des députés le 30 mai 2007). À noter également que la procédure de révision de la Constitution, telle qu'envisagée par le FLN, est assez longue. Si le président de la République donne son aval au projet du FLN (ce qui n'est pas gagné d'avance), les amendements proposés doivent être approuvés en Conseil de gouvernement, puis au Conseil des ministres. Ils seront, ensuite, examinés probablement modifiés puis votés tour à tour par les membres des deux Chambres parlementaires. Ils seront, enfin, soumis à l'approbation du peuple par voie référendaire. Il faudrait alors constater une réelle urgence dans la modification de la loi fondamentale pour programmer deux échéances électorales à quelques semaines d'intervalle. Ce qui ne semble vraiment pas être le cas, puisque le FLN se soucie particulièrement de changer les références constitutionnelles inhérentes à la nature du régime. “Nous souhaitons un système présidentiel. Nous voulons mettre le pouvoir exécutif sous le contrôle du président de la République et supprimer la fonction de Chef de gouvernement pour instituer celle de vice-président ou de Premier ministre”, a indiqué Abdelaziz Belkhadem. Il a précisé que l'intervention du FLN ne se résume pas à amender l'article 74 qui restreint le renouvellement du mandat présidentiel à une seule fois. Bien que cette disposition semble gêner considérablement la direction du plus vieux parti algérien. “Il faut laisser les électeurs libres de renouveler ou pas le mandat d'un chef de l'Etat. Il n'y aura aucun risque pour l'alternance au pouvoir”, a-t-il affirmé. Il a révélé, en outre, qu'il s'agirait de redéfinir le champ de compétence du Parlement. “Nous ne voulons pas une suppression du Conseil de la nation, mais la délimitation de ses prérogatives”. Dans le sillage, le FLN repense le rôle du Conseil constitutionnel et envisage de renforcer le contrôle sur les institutions de l'Etat. Abdelaziz Belkhadem a promis de donner des détails sur leurs propositions, dès que le rapport de la commission sera remis au chef de l'Etat. Souhila H.