L��crivaine saoudienne, Wajiha Al-Howeidar, a publi� le 7 juin dernier dans le magazine �lectronique Middle East Transparency, la premi�re partie d�un pamphlet intitul� Ils nous ont tromp�s alors que nous �tions petits. La seconde partie tardant � venir, je me suis demand� si cette femme de d�fis n�avait pas eu maille � partir avec les autorit�s saoudiennes. Comme un email que je lui avais envoy� est rest� sans r�ponse, je m��tais r�sign� � me contenter de la premi�re partie. Finalement, Wajiha a mis fin � mes appr�hensions, de la mani�re que voici : �Ils nous ont tromp�s alors que nous �tions petits en nous enseignant qu�il �tait permis � l�homme musulman d��pouser quatre femmes, sans aucune restriction ou condition ; que la permission s��tendait � tout homme qui embrassait l�Islam. Puis nous avons appris que ce genre de mariage se pratiquait, � l�origine, chez certaines tribus arabes avant l�Islam. Que le Proph�te n�avait pas pris d�autre femme du vivant de sa premi�re �pouse bien-aim�e, la compagne de sa jeunesse Khadidja, fille de Khoua�lid. Ceci, en d�pit de la diff�rence d��ge entre eux et en d�pit du fait qu�ils n�avaient pas eu de fils. On a appris aussi que le Proph�te avait formul� une s�v�re interdiction, assortie de menaces, lorsque son beau-fils Ali, le mari de la fille ador�e Fatma-Zohra, avait projet� de se remarier. Ce qui montre que le Proph�te savait pertinemment que la polygamie �tait un avilissement pour la femme, qu�elle portait atteinte � sa dignit� et blessait ses sentiments. C�est pour �a qu�il n�a pas permis que sa fille subisse un tel sort. Il est apparu, encore, par la suite que la majorit� des �pouses du Proph�te l��taient devenues pour des raisons particuli�res, afin qu�il �tende son influence, impose son autorit� et prot�ge la nouvelle religion contre les Kore�chites en s�alliant avec les champions et les notables de leur coalition. C'est-�-dire que ces mariages ob�issaient � des raisons tactiques et politiques et ils �taient monnaie courante parmi les chefs de tribus et les �mirs arabes de l��poque. C�est ainsi qu�aujourd�hui des Etats islamiques, comme la Turquie et la Tunisie, sont arriv�s aux m�mes conclusions et ont �mis une interdiction l�gale et absolue contre la polygamie. D�autres Etats islamiques se sont engag�s dans la m�me voie, comme le Maroc, l�Egypte et la Jordanie (1). �Ils nous ont tromp�s alors que nous �tions petits en nous apprenant que la lapidation du couple adult�re �tait le ch�timent d�cr�t� et maintenu par la religion. Puis, il nous est apparu que la lapidation existait chez les peuples de la r�gion avant m�me les religions monoth�istes. Que la peine de la lapidation n�existait pas dans le Coran o� il est question de la flagellation dans la Sourate de �La Lumi�re�, �Frappez la d�bauch�e et le d�bauch� de cent coups de fouet chacun�. Plus important encore que la sanction, il faut prouver l�acte d�adult�re qui doit �tre constat� sur la base de quatre t�moignages de visu, lesquels t�moins doivent certifier avoir vu comme on voit entrer le b�ton de kh�l dans le flacon. Ce qui montre que le ch�timent de la flagellation est difficile � appliquer et qu�il touche � l�impossible, en r�alit�. �Ils nous ont tromp�s alors que nous �tions petits en nous enseignant que l�Islam est valable en tous temps et en tous lieux avec son organisation sociale, politique et �conomique. Or, nous avons d�couvert que cette expression �tait d�nu�e de tout fondement et qu�elle n�avait �t� utilis�e ni par Dieu ni par son Noble Proph�te. La religion est seulement un lien entre l�Homme et son Dieu, elle n�a aucune relation avec ce qui se passe dans les minist�res, les banques, les compagnies p�troli�res ou les lieux de loisirs. La religion vient de Dieu (2) tandis que toutes ces institutions ont �t� cr��es par l�homme et n�ont aucun lien avec la foi. C�est pour �a que les opinions des hommes et des femmes de religion doivent rester entre les murs de leurs temples et que celles des hommes et des femmes des institutions sociales doivent rester dans leurs cadres de travail. �Ils nous ont tromp�s alors que nous �tions petits en nous enseignant que des lois telles que ��il pour �il�, �La mort pour le meurtrier�, �Amputer la main du voleur�, �Lapider les coupables d�adult�re�, et d�autres, venaient de l�Islam. Nous avons ensuite d�couvert que ces lois existaient aussi, dans la m�me forme, dans les religions monoth�istes, dans la Bible de Mo�se et dans l�Evangile de J�sus (Ancien Testament). Que les origines de ces lois remontaient tr�s loin dans l�histoire et qu�elles �taient inspir�es du Code Hammourabi, du pays d�entre les deux fleuves (M�sopotamie). Le premier code �crit de l�histoire et qui date de 1780 avant J-C. Il y a, en effet, de nombreuses similitudes entre le Code Hammourabi et les lois bibliques, dans lesquelles ont puis� le Christianisme et l�Islam. �Ils nous ont tromp�s alors que nous �tions petits en nous enseignant qu�il y avait dans l�Islam des questions auxquelles il ne faut pas toucher parce qu�elles font partie de ses constantes importantes. Puis, nous avons acquis la conviction que cela ne correspondait pas � la r�alit�, qu�il y avait des �constantes� qui ont �t� annul�es par des lois civiles. Parce que ces �constantes�, � l�exemple de l�esclavage, de l�imp�t de capitation pour les nonmusulmans ou de la guerre contre les infid�les, enfreignaient les r�gles de l�humanit�. Si les Etats, � majorit� musulmane et appliquant la Charia n�avaient pas annul� ces �constantes religieuses �, ils auraient �t� mis au ban de l�humanit�. �Et puis, il y a d�autres questions, consid�r�es comme des fondements religieux qui doivent �tre abrog�es. Il est temps de rouvrir les portes de l�ijtihad ferm�es depuis plus de six cents ans, afin de r�viser de nombreuses questions et de les moderniser. Il s�agit, en particulier, des statuts personnels injustes, de la s�gr�gation entre les sexes en mati�re de droits, de citoyennet� des minorit�s. La proscription de la libert� individuelle, de la libert� d�expression et de religion. Enfin tout ce qui se rapporte � la D�claration universelle des droits de l�homme qui proclame en son article 1 : �Tous les �tres humains naissent libres et �gaux en dignit� et en droits. Ils sont dou�s de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternit�. � Bien entendu, � tous les forums et tribunes sur les droits de l�homme, les pays arabes invoquent leurs sp�cificit�s religieuses et culturelles pour ne pas se conformer aux normes universelles. Il ne faut pas s��tonner d�s lors si un magazine am�ricain a class� Karadhaoui et Amr Khaled comme les �intellectuels� les plus repr�sentatifs du monde arabe. Un th�ologien d�cati et un t�l�vang�liste mercantile qui fait pleurer les chaumi�res, voil� tout ce que nous avons, actuellement, � offrir au monde. Pour reprendre Wajiha, nous avons grandi, et le leurre a grandi aussi. A. H. (1) Vous avez remarqu� qu�elle ne cite pas l�Alg�rie puisqu�en bonne Saoudienne elle sait parfaitement que la seule diff�rence entre nous et le royaume wahhabite se calcule en degr�s Celsius. (2) Encore un peu et Wajiha nous aurait sorti le fameux slogan de la R�volution de 1919 en Egypte : �La religion appartient � Dieu et la patrie appartient � tous.� Parions que les Saoudiens y parviendront peut-�tre avant nous.