Dans notre derni�re chronique, nous avons signal� quatre grands chantiers � ouvrir pour engager la construction de l�Alg�rie de 2020 sur de bonnes bases. L��nergie constituait l�un de ces chantiers. Et l��nergie se r�duisant chez nous, pour l�instant, aux hydrocarbures, dans quels termes se pose la question en Alg�rie ? Bien entendu, nous n'abordons ici ce sujet que du seul point de vue des choix de politique �conomique � faire, certes, dans ce secteur mais en rapport avec les choix de politique �conomique � faire certes dans ce secteur mais en rapport avec les choix faits pour les autres secteurs. Et loin de vouloir arr�ter ces choix, nous ne faisons que rappeler dans quel contexte ils se posent. Si l�on en croit les r�centes d�clarations du patron de la compagnie p�troli�re fran�aise Total, Christophe de Margerie, le moment o� la production mondiale de p�trole commencera � baisser in�luctablement n�est pas bien loin. Il l�annonce pour 2020, date � laquelle la production plafonnera � 100 millions barils/jour, puis commencera � d�cliner. Les nouvelles d�couvertes qui seront r�alis�es seront insuffisantes pour compenser la production consomm�e des r�serves. Dans le m�me moment, la population mondiale passera de 6 milliards aujourd�hui � 9 milliards au milieu du si�cle, entra�nant un doublement des besoins en �nergie. Le p�trole, �tant difficilement rempla�able dans le court-moyen terme par une autre �nergie et particuli�rement dans les transports, et pour faire court, la hausse des prix actuelle est structurelle, difficilement r�versible tant la demande ne cesse d�augmenter et l�offre, au mieux, se stabilisant. M�me si les exercices de pr�vision dans le domaine des �nergies fossiles ne rel�vent pas des sciences exactes, ces pr�dictions du patron de Total signifieraient que pour l�Alg�rie, il y aurait l� une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est que nos recettes d�exportation d�hydrocarbures ne pourront, dans les prochaines ann�es, que s�am�liorer encore plus, y compris en termes r�els bien que plus mod�r�ment. Il reste, bien �videmment, � en faire une bonne utilisation. La mauvaise nouvelle est que le peak-oil (le moment de d�clinaison de la production) nous concerne aussi. Et plus nous produirons pour exporter, plus rapidement nous nous rapprocherons de ce fameux peak-oil. Si notre r�industrialisation se confirme, si l��quipement du pays se poursuit, si l�am�lioration des niveaux de vie progresse; bref, si l�aspiration l�gitime des Alg�riens � une �conomie �mergente et robuste se concr�tise, nos besoins �nerg�tiques vont exploser au moment m�me o� nos r�serves commenceront � s��puiser. Nous serions alors importateurs d�hydrocarbures au moment m�me o� les prix mondiaux seront � un niveau tr�s �lev�. Ajoutez � la facture alimentaire qui, � n�en pas douter, augmentera encore celle des m�dicaments, des imp�ts n�cessaires au fonctionnement de nos entreprises, etc. Une facture p�troli�re bien lourde nous entra�nera in�luctablement vers une situation �conomique et surtout sociale tout simplement in-g�-ra-ble et une position financi�re ext�rieure insoutenable. Un tel sc�nario, qui est loin d��tre fantaisiste et qui constitue m�me une hypoth�se tout � fait plausible, soul�ve imm�diatement une premi�re question : jusqu�o� aller, ou plus exactement, il ne faut pas aller dans l�exploitation pour l�exportation de notre p�trole et notre gaz, question cruciale s�il en est. Et qui d�cide aujourd�hui de cela ? Sonatrach ? Le minist�re de l�Energie ? Et si oui, au nom de quelle l�gitimit� ? La question n�est-elle pas trop lourde pour ces deux structures ? O� est pass� le Conseil sup�rieur de l��nergie ? Et les ��lus du peuple� ont-ils voix au chapitre ? Il y a l� incontestablement un s�rieux probl�me de rigueur � d�finir et � instaurer dans la gestion des ressources dont d�pend l�avenir de toute la nation. Cette gestion de notre avenir �nerg�tique, qui attend d��tre clairement d�finie, doit aussi se pr�occuper de l��laboration d�un mix �nerg�tique capable d�assurer � long terme la couverture de nos besoins. Il s�agit l� de g�rer rationnellement la consommation de nos �nergies fossiles. Mais pas seulement. Il faut aussi songer � produire de l��nergie solaire, �olienne, nucl�aire d�s les prochaines ann�es. Elaborer une strat�gie de diversification �nerg�tique, lancer d�s � pr�sent les investissements n�cessaires � sa concr�tisation (�quipements, technologies et surtout ressources humaines), mobiliser les moyens n�cessaires � son succ�s est une urgence. Peut-�tre que le travail a-t-il d�j� commenc�. Mais alors qui en a la charge, quels en sont les partenaires, quelle en est la feuille de route ? Le probl�me ici est moins celui du travail fait ou � faire par nos technocrates et nos �experts� que celui de tenir inform�s les Alg�riens du devenir de leurs richesses et surtout de permettre un d�bat sur les choix faits ou � faire. Il est n�cessaire de consulter l'expertise alg�rienne, d�ici et de dehors, o� qu�elle se trouve, pour endog�neiser le plus possible les d�cisions qui seront prises et entourer du maximum de garantie, la sauvegarde des int�r�ts du pays dans un domaine vital. Avoir recours aux bureaux d��tude �trangers � comp�tence av�r�e n�est pas contradictoire avec la �mise dans le coup� de notre propre expertise, encore une fois o� qu�elle se trouve. Enfin, et parce que la rente p�troli�re et gazi�re, solaire ou �olienne est un patrimoine national, son exploitation, sa valorisation ne doivent pas �chapper au suivi des Alg�riens ni aux d�lib�rations de leurs repr�sentants au sein de l�Etat mais aussi ceux de la soci�t� civile. Il y a l� aujourd�hui un d�ficit � combler qui ne peut qu�am�liorer la gouvernance dans notre pays.