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GR�VE DE LA FAIM
Une forme sup�rieure de lutte
Publié dans Le Soir d'Algérie le 31 - 07 - 2008

�Si Benbouzid compte sur le facteur temps pour avoir raison de notre mobilisation, il se trompe lourdement. Nous irons jusqu�au bout�, explique Walid, un des gr�vistes tr�s affect�, qui ajoute que �lorsque vous ne percevez pas votre salaire pendant trois ans, vous �tes d�j� mort. Qu�est-ce que cela change alors �?
La gr�ve de la faim des enseignants contractuels ou vacataires �claire d'une lumi�re sinistre le tableau politique et social de notre pays. D'une part, vous avez un pouvoir qui reconna�t cyniquement la mise � mal de la patrie Alg�rie par ses orientations �conomiques et sociales :
- des investissements �trangers bien maigres qui aboutissent pourtant � des b�n�fices faramineux �valu�s � des milliards de dollars sans que les autorit�s nous livrent les vrais chiffres alors qu'un responsable d'une organisation patronale a parl� d'une sortie de dix milliards de dollars pour deux entreprises � seulement deux entreprises � du p�trole ;
- un jeu de ventes et de cessions des entreprises entre multinationales �trang�res sans contr�le de l'Etat quand est brandi ailleurs le slogan de �patriotisme �conomique� par les grandes puissances �trang�res qui ont inspir� et inspirent toujours nos choix par l'interm�diaire de leurs innombrables relais : FMI, Banque mondiale, G8, l'espace Euromed, les rounds de n�gociation de l'OMC et encore hier par l'Union pour la M�diterran�e qui affiche l'ambition de nous ins�rer dans un vaste espace de libre-�change que refusent toujours les pays �mergents soucieux du d�veloppement de leurs propres �conomies et de leurs propres secteurs industriels ;
- la grave atteinte � la s�curit� nationale par une politique agricole qui a suivi � la lettre les conseils de ces m�mes instances internationales en privil�giant les cultures sp�culatives au d�triment des cultures strat�giques ;
- les graves cons�quences d'une religion n�olib�rale sur notre tissu industriel qui a affaibli nos capacit�s nationales et aggrav� notre d�pendance aux hydrocarbures ;
-la perte, irr�m�diable dans certains secteurs, de nos connaissances et savoir-faire industriels et agricoles souvent sciemment provoqu�e comme pour la reproduction des semences ;
- la g�n�ralisation d'une politique d'expulsion des cadres, techniciens et ing�nieurs vers l'�tranger comme dans le cas des pilotes d'Air Alg�rie, des navigateurs de l'ex-CNAN, des scientifiques et des universitaires et une politique d'expulsion � l'int�rieur m�me du pays comme dans le cas des hydrocarbures o� nos techniciens, ing�nieurs et ouvriers hautement qualifi�s sont happ�s par les multinationales qui travaillent dans notre Sahara ou dans d'autres secteurs ;
- la conclusion de contrats de gestion ou de management qui offrent des salaires de deux et trois cent millions de centimes comme dans le cas de Suez.
Vous pouvez noter et rajouter bien d'autres r�sultats de ces choix politiques en faveur du n�olib�ralisme. L�essentiel est d�en retenir le trait commun et foncier : livrer le pays aux app�tits externes, le livrer sans d�fense au seul profit de quelques castes qui ont d�cid� de lier leur sort � celui des multinationales et � leurs instruments politiques, les Etats de l�Empire comme les nomment H. Chavez. Leurs cons�quences sociales sont �videmment dramatiques pour de larges couches de la population. Pas seulement en termes de niveau de vie et de revenus mais aussi en termes d'esp�rance et de r�ve dont les harraga. La derni�re mesure que vient de prendre le pouvoir en adoptant un projet de loi criminalisant la harga indique qu�il a choisi de frapper toutes les formes de contestation m�me celle de la fuite. Il est d�cid� � imposer ses choix et son h�g�monie sur la soci�t� et � r�aliser le passage � un Etat bourgeois compradore ennemi de son propre peuple y compris dans ses composantes bourgeoises nationales. La nouvelle sur la Fonction publique a �t� �labor�e sur cette base et sur la base des conseils amicaux des FMI, Banque mondiale et compagnie. Elle �limine le caract�re quasi obligatoire de la permanisation pour privil�gier la vacation et la contractualisation. Et c�est bien le sort qui frappe nos gr�vistes et c�est bien le sort qui attend une tr�s grande partie des futurs fonctionnaires. Car, d�autre part et face � ce pouvoir et � son bilan, une quarantaine d�enseignants vacataires ou contractuels ont entam� une lutte pour leurs droits qui les m�nent directement � affronter les cons�quences pratiques pour tous les travailleurs de ces orientations politiques. La Fonction publique et le minist�re leur opposent une conception et une vision du travail, de sa qualification, de son �valuation et de sa r�mun�ration, directement inspir�e du n�olib�ralisme. Car, de quelque fa�on que vous tourniez la question, vous �tes dans l�absurde. Ces enseignants ont-ils oui ou non assur� des cours pendant trois, quatre, dix ou quatorze ans ? Comment la m�me administration les a trouv� qualifi�s pour faire ce travail et les rejette aujourd�hui ? Ont-ils oui ou non assur� des cours ? Alors pourquoi refuse-t-on de les payer et pourquoi doivent-ils attendre des mois, parfois une ann�e pour percevoir leurs salaires ? Je ne vous parle m�me pas du c�t� moral de l�affaire : ils ont assur� des cours pendant les ann�es terribles du terrorisme avec tous les risques encourus dans des endroits perdus. Ce qui devrait leur valoir un minimum de respect et de reconnaissance. Mais cet absurde du pouvoir a une logique. Il est permis aux Alg�riens de mendier les aides du pouvoir, le couffin du Ramadan, les fauteuils des handicap�s et quelques miettes. Les mendiants ne se r�voltent pas. Ils ne se r�voltent jamais. Et le pouvoir est pr�t � montrer beaucoup de mansu�tude. Il sera intransigeant avec la question des droits ou alors il devra accepter l�id�e que l�Alg�rie appartient � tous les Alg�riens dans un partage consacr� par un droit qui lui serait opposable. Au c�ur de cette gr�ve se posent ces deux questions fondamentales vitales pour tous les fonctionnaires. Pourront-ils remettre en cause la conception d�un statut de la Fonction publique largement inspir�e du n�olib�ralisme et pourront-ils imposer les modifications au droit qui leur permettent d��tre citoyens, c'est-�-dire copropri�taires de leur pays ? C�est pourquoi cette gr�ve insens�e � si on devait nous en tenir au rapport de force entre la volont� d�une poign�e d�hommes et la toute-puissance d�un Etat sans contre-pouvoir � est une d�fense de tous les travailleurs. Pourtant, l�attitude hostile et m�chante des infirmiers de Zemirli montre � quel point elle d�range. Pourquoi et comment se fait-il que d�autres travailleurs re�oivent les plus affaiblis d�entre les gr�vistes en les mena�ant d�une intervention de la police ou les laissent tra�ner avant de les faire ausculter dans les urgences ? Je me suis demand� pourquoi le syndicat des param�dicaux n�a pas fait le travail de sensibilisation minimum pour une solidarit� minimum ? C�est que la forme de la gr�ve de la faim est une forme sup�rieure de lutte. Elle peut effrayer ceux qui peuvent en tirer pourtant profit. Cette forme de lutte se pr�pare en g�n�ral minutieusement avec la pr�paration des r�seaux de soutien, une mobilisation populaire autour des gr�vistes, etc. Mais les conditions d�une telle concertation et d�une telle pr�paration n�existent pas encore � cause de tous les obstacles dress�s � l�action syndicale des autonomes, � cause du r�le de frein � la conscience ouvri�re jou� par le syndicat officiel, � cause de la maturation organique encore insuffisante de toutes les luttes sociales et de toutes les gr�ves men�es jusque-l�. Cette situation a certainement donn� au pouvoir le vertige de sa toute-puissance face � un mouvement relativement isol�. Il se trompe sur toute la ligne. C�est quand les situations politiques sont bloqu�es pour les luttes sociales que des hommes et des femmes comme ces gr�vistes peuvent forcer l�issue et le destin. Il faut �tre de ce pouvoir et participer de son aveuglement pour ne pas voir que ces gr�vistes ont d�j� r�ussi l�impensable il y a deux semaines : des organisations politiques qui ne se parlaient pas et des partis se sont retrouv�s unis dans une action de soutien. Ces m�mes partis qui ne prolongeaient presque jamais leur action et leurs discours politiques sur le terrain social se retrouvent en plein c�ur de cette question. Un ami m�a �crit cette belle formule sur le cercle vicieux de la politique alg�rienne : �Luttes politiques sans horizon social revendiqu� et luttes sociales sans perspectives politiques se donnent la main dans une dynamique du circulaire sans peser dans le sens du saut qualitatif.� Cette poign�e de gr�vistes n�a pas engag� une action insens�e mais une action d�avant-garde et tout ce qui peut sembler mal pr�par�, mal ficel� appara�tra � un moment ou � un autre comme une intuition politique majeure : se battre pour ses droits sans tenir compte d�aucun param�tre secondaire. Et ouvrir la voie. Nous sommes bien oblig�s d�observer que cette action se refuse � l�illusion de recueillir des miettes en faisant la brosse aux petits appareils syndicaux et aux petites relations familiales et claniques. Elle se d�marque profond�ment des �meutes sans lendemain et sans cons�quences politiques. Elle pousse plus loin les autonomes dans la r�flexion politique et la maturation de leurs m�thodes d�organisation et d�action. Elle impose aux partis de l�opposition d�inclure la question sociale au c�ur de la politique. Rien que pour cela, elle est d�j� une grande gr�ve. Une date marquante dans l�histoire sociale de notre pays. Un acte de r�sistance aux diktats du FMI et consorts. Une gr�ve patriotique. Il reste maintenant � tous les secteurs syndicaux et ouvriers de trancher la question si elle m�rite leur soutien, tout leur soutien et leurs efforts pour organiser autour des gr�vistes le soutien populaire le plus large comme savent l�inventer et l�organiser les Alg�riens.


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