D�s la seconde moiti� de la d�cennie 1960, l�industrialisation s�est impos�e en Alg�rie comme choix incontournable seul capable d�assurer la croissance �conomique � long terme et de garantir des r�sultats probants dans la bataille contre le ch�mage end�mique qui caract�risait l��conomie alg�rienne. De plus, les faibles potentialit�s agricoles du pays et les handicaps s�rieux qui frappaient l�agriculture alg�rienne (d�ficit hydrique, �rosion importante, faible dotation en terres arables...) pr�d�terminaient fortement l�option pour l�industrialisation. Tout cela est maintenant bien connu, on peut rappeler aussi que c�est le mod�le �d'introversion de l��conomie �, �d'industrialisation syst�matique� ou encore �d�industries industrialisantes � qui est retenu et mis en �uvre. Ce mod�le s�est traduit par la mise en place d�une industrie sid�rurgique (biens interm�diaires) qui allait permettre la mise en place des autres industries : m�caniques, m�talliques, outillages, moteurs... Mise en place aussi des industries �lectriques et �lectroniques et chimiques, mise en place enfin d�industries agroalimentaires. Bref, l�Alg�rie opte pour une industrie lourde capable d�irradier positivement l��conomie, de favoriser l�apprentissage technologique et l'innovation, d�am�liorer la productivit� globale des facteurs. Ce mod�le d�industrialisation devait �tre le fait de l�Etat qui se dote pour la r�alisation de cet ambitieux projet, d�entreprises publiques de grande taille : les �soci�t�s nationales� qui �taient, pour chacune d�elles, responsables de toute une branche industrielle. Ce mod�le, financi�rement tr�s co�teux, commence � s'essoufler au d�but des ann�es 1980 pour diverses raisons qui tiennent pour l�essentiel � l�absence de politique de r�gulation en phase avec le projet industriel et la crise de la dette ext�rieure qui se d�clare avec force (prix fiscalit�, cr�dits bancaires), � la fin de la d�cennie, entra�ne l�arr�t du mod�le, la restructuration des entreprises industrielles dans le sens de leur d�membrement, la r�duction des investissements de l�Etat dans le secteur. Cette r�gression industrielle est amplifi�e par l�ampleur que prend la crise de la dette ext�rieure au d�but de la d�cennie 1990 et qui oblige les �policy makers� � demander la r�echelonnement qui sera adoss�, bien �videmment, � un plan de stabilisation macro-�conomique et d�ajustement structurel qui r�duisent consid�rablement la d�pense publique. L�industrie alg�rienne est alors frapp�e de r�cession, l�investissement est r�duit au strict minimum, la production industrielle s�effondre et ne repr�sente plus, dans sa partie manufacturi�res, que 5% du PIB en 2007. L�ambition industrielle de l�Alg�rie semblait avoir fait long feu. L�embellie financi�re enregistr�e depuis les ann�es 2000-2001, gr�ce � un march� p�trolier mondial favorable, a encourag� les pouvoirs publics � adopter et mettre en �uvre des plans de relance �conomique dont l�objectif est de r��quipier le pays. Depuis 2005, ces m�mes pouvoirs publics d�cident d��laborer, de d�battre et d�arr�ter une nouvelle politique industrielle qui permet � l�Alg�rie de renouer avec son projet d�industrialisation. Bien �videmment, cette nouvelle tentative est con�ue dans un nouveau contexte �conomique, national et mondial, marqu�, pour le premier, par une ouverture �conomique, une impulsion du secteur priv�, un syst�me �conomique de march� et, pour le second, par une concurrence, une comp�tition et donc des imp�ratifs de performance et de comp�titivit�. La question centrale � laquelle il faut r�pondre aujourd�hui est celle de savoir s�il faut reconstruire les grands groupes industriels publics des ann�es 1970, quitte � ouvrir leur capital aux investisseurs �trangers, et reprendre le projet d�industrialisation syst�matique de Bela�d Abdesselem ou bien devra-t-on changer compl�tement d�option et aller plut�t vers des strat�gies d�offshoring, d�attractivit� des IDE et de politique de soutien aux PME inspir�e du �small business act� am�ricain ? Le d�bat est bien �videmment s�rieux. La mise en place d�une task-force est aujourd�hui plus qu�utile. Elle serait charg�e d��valuer l�important travail r�alis� par le MIPI, d�approfondir encore plus la r�flexion et de proposer aux d�cideurs les options possibles, leurs co�ts respectifs et leurs matrices de r�alisations. On ne rappellera jamais suffisamment que l�avenir �conomique de l�Alg�rie se joue dans les activit�s manufacturi�res : c�est ici et seulement ici que peut �tre assur�e la croissance �conomique � long terme, que peut �tre d�ploy�e une politique efficace d�innovation, que peut �tre mise en place une �conomie d�exportation qui prendra la rel�ve des hydrocarbures. Quelle autre priorit� �conomique aujourd�hui que celle-l� et quel autre projet plus mobilisateur que celui-l� ?