La zone d�Annaba o� se trouvent les vestiges de Hippone est actuellement l�objet d�un projet de POS, expos� aux concitoyens de Hippone-B�na dans le hall de l�Hotel de ville pour enqu�te, sous le nom de �POS de la Tabacoop�. Avant de pr�senter des observations sur certains �l�ments du projet, il est indispensable de rappeler les donn�es suivantes. L�espace dans lequel a �t� fond�e Hippone dessine un quadrilat�re difforme dont le c�t� nord-est longe le cours de l�oued Bedjima (aujourd�hui disparu) ; le c�t� oppos� est repr�sent� par la limite des collines de Bouhamra. A l�est, le quadrilat�re longe la route nationale 16 ; et le c�t� ouest est parall�le � la 44. Cet espace communal antique couvre 150 hectares environ, dont une soixantaine d�hectares ont �t� occup�s par Hippone, auxquels il faut ajouter des d�pendances comme la n�cropole d�couverte et d�truite en 1993, situ�e sur la colline de Kef En-Sour ( stade 19-Mai). Le parc arch�ologique, class� monument historique national, couvre 25 hectares. Le reste, confirm�, de la ville antique se trouve dans les terrains de la Tabacoop et de la colline �saint Augustin� (17 hectares environ), � l�ouest des vestiges, et dans les terrains de la SNLB (15 hectares environ), au sud-est des vestiges. En effet, la �zone D/sud-est� du projet, occup�e par la SNLB, a �t� le site de l�usine de li�ge de Borgeaud. Il suffit de gratter le sol pour mettre � nu des vestiges antiques, dont beaucoup d��l�ments ont d�cor� la villa que Borgeaud a �difi�e avant 1962 sur la corniche. Son dernier occupant, avant d�molition, homme sensible au patrimoine historique pourrait, s�il le voulait, attester de l�existence de ces documents historiques. Dans les terrains de la Tabacoop, �zone D/ouest� du projet, les terrassements lors de la construction de la piscine ont livr� des vestiges carthaginois ; en 1990-1991, lors d�une tentative de faire passer des �gouts � travers ces terrains, les terrassements ont livr� des grandes structures antiques, ce qui a sauv� cette partie des terrains de la Tabacoop. Ce quadrilat�re repr�sente trois mill�naires d�histoire C�est dans ce quadrilat�re �hipponois� qu�une partie du projet du POS propose des constructions et des am�nagements. Si dans l�espace situ� � l�est du site arch�ologique, � savoir au-del� de la �16�, le projet pourrait �tre r�alis� � la condition expresse de respecter la distance r�glementaire de visibilit�, la situation est totalement diff�rente dans le �quadrilat�re hipponien�. En effet, le projet pr�sente une menace s�rieuse au patrimoine historique d�Annaba � travers ces trois zones du quadrilat�re signal�es plus haut : la zone �D /ouest�, la zone �D/sud-est et la zone �E�. Ces trois zones enserrent �troitement le parc arch�ologique class�, dont une partie a �t� fouill�e depuis le d�but du XXe si�cle, d�gageant des �difices importants de Hippone la royale, mais sans r�v�ler d�autres pans , aussi importants sinon primordiaux, de son histoire au cours des 3 mill�naires. Or, il semble, � regarder le plan propos�, que, soit les r�dacteurs du cahier de charge n�ont pas tenu compte de cette contrainte majeure qu�est le patrimoine historique hipponois, dans ce cas pour cause d�ignorance de l�histoire de �Hippone-B�na- Annaba�, soit que le bureau d��tude a n�glig� cette contrainte ; est-ce �galement par ignorance ? En quoi consiste la menace pour Hippone ? Cette partie du territoire communal d�Annaba conserve des archives uniques relatifs � l�histoire r�gionale, nationale, voire m�diterran�enne. Les deux zones �D�, notamment, rec�lent les archives compl�mentaires indispensables � la reconstitution de l�histoire humaine, urbaine, �conomique et culturelle, des p�riodes les plus recul�es jusqu�aux trois premiers si�cles de l�islamisation. �D/ouest� est en rapport direct avec les vestiges de l�aqueduc d�truit en 1987, et avec les deux n�cropoles antiques, d�couvertes et d�truites en 1993 dans la r�gion du stade et de Sidi Achour ! Les recherches dans cette partie permettraient d��clairer les rapports de la ville avec l�Edough qui a �t�, entre autres, le ch�teau d�eau de Hippone. �D/sud-est� rec�le des documents sur la p�riode des S�v�re, empereurs romains d�origine berb�re, sur les relations de la ville avec la mer, aussi bien dans l�Antiquit� qu�au d�but du Moyen-�ge , avec la navigation fluviale sur l�oued Seybouse qui a �t� navigable jusqu�au d�but des temps modernes et avec l�arri�repays agraire et agricole ! Or, les projets d��l�vation d��difices divers, quelle que soit leur valeur, signifient la destruction d�finitive et irr�m�diable de ces archives, privant les �tudes historiques et arch�ologiques d�assiettes de recherche unique et irr�cup�rable en cas de perte par n�importe quel moyen. A quoi servirait le projet d�institut d�arch�ologie pr�vu par le POS ? L�autre aspect de la menace touche l�identitaire. Hitler, � propos de l�identit� polonaise, a d�clar� qu�en rasant Varsovie, la g�n�ration polonaise suivante oubliera sa m�moire identitaire. D�truire des �l�ments du patrimoine hipponois aboutira � l�effacement de pans entiers de la m�moire et annabie et nationale. Veut-on faire oublier � nos h�ritiers leur identit� ? Y a-til, parmi les �diles de la �Curie� annabie, des �mules de Caton l�Ancien (homme du pouvoir romain qui n�a cess� de r�clamer la destruction de Carthage, r�p�tant �Carthago delenda est�) ? Car, depuis plus d�un quart de si�cle, des parties du patrimoine de Hippone-B�na- Annaba ont �t� ras�es : le pont antique de l�oued Bedjima en 1986 ; le dernier tron�on de l�aqueduc antique en 1987 ; les vestiges d�une banlieue antique en 1971, lors de l��dification d�Asmidal ; fermes et n�cropoles antiques au cours de l��dification des diff�rentes unit�s de la sid�rurgie ; un tron�on des remparts musulmans du XIe si�cle vers 1972 ; le mausol�e du mystique Bela�d (XVIe si�cle.) en 1992 ; violation des cendres de Brahim B. al-Toumi dans son mausol�e en 1992 ; une immense n�cropole antique, dans la zone du nouveau stade et du campus Sidi Achour en 1993, etc. On objectera que le plan projette des �difices � caract�re culturel et touristique. On r�pondra pourquoi avoir n�glig� si longtemps cet aspect ? L�agglom�ration d�El-Bouni n�a rien re�u de ces �quipements, trente ans apr�s les d�buts de son existence. Aucun des POS pr�sent�s entre 1991 et 1999 n�a r�serv� un espace pour un projet d��difice culturel digne de ce nom ! Alors pourquoi, aujourd�hui, vouloir faire payer ces n�gligences graves au patrimoine historique de Hippone ?