Le Conseil national �conomique et social a donn� un nouvel �lan � sa �r�flexion-action pour l��dification d�une �conomie fond�e sur la connaissance�, pour reprendre une expression de son pr�sident, M. Mohamed Seghir Bab�s. Le second symposium r�cemment convoqu� autour de la question semble indiquer qu�il est en passe de gagner son pari. La recette de M. Bab�s privil�gie, � juste titre, trois directions d�efforts : la r�habilitation de la comp�tence et de l�expertise nationale, la priorit� � donner aux PME comme levier de l�innovation et la p�rennit� normative et institutionnelle de l��conomie fond�e sur la connaissance. Il semble �galement en passe de r�ussir un autre d�fi : mettre en mouvement des capacit�s nationales. Les experts de l�Institut de la Banque mondiale l�ont dit et redit : ils n�ont rien � apprendre aux Alg�riens lorsque ces derniers disposent du cadre, des moyens et de la libert� de dire et de faire. Qu�il s�agisse des membres du gouvernement en charge des postes et des technologies de l�information et de la communication, de la recherche scientifique et de la planification et de la prospective, au demeurant tous universitaires, des membres du comit� ad hoc du Cnes ou des cadres diss�min�s dans divers d�partements minist�riels, ils ont tous d�montr� une parfaite ma�trise de l��tat des lieux et de la strat�gie appropri�e. Constat rassurant, et par ailleurs salutaire, car le �copi� coll� auquel recourent sans vergogne nos consultants �trangers, quel que soit leur champ d�intervention, est d�autant plus pernicieux qu�il accr�dite la th�se de la greffe ou du mim�tisme comme voies d�arrimage � la modernit�. Les rares observations de la Banque mondiale portent plut�t sur des d�tails li�s aux mentalit�s. La premi�re de toutes est que, pour faire bon usage des 100 milliards de dinars consentis � la recherche scientifique au titre du second plan quinquennal, il convient de d�passer la vision dominante r�duisant l�innovation � la recherche/d�veloppement sur les produits physiques. Cet aspect ne repr�sente que l�une des trois dimensions de la question qui s�appuie �galement sur les volets scientifique et technologique, les innovations d�entreprises en mati�re entrepreunariale, de marketing, de gestion (cet aspect est plus connu sous le nom d�effet Walmart, une strat�gie de management consistant � faire du profit � tous les �tages). De m�me qu�elle recouvre le dynamisme et le g�nie cr�ateur de jeunes de la classe d��ge des 25-35 ans, la �created class� qui, selon l�expression d�un expert de la Banque mondiale pr�sent au symposium, est r�put�e �pour utiliser la partie droite plut�t que la partie gauche � analytique � du cerveau�. A ce titre, la r�gression subie depuis des d�cennies nous commande paradoxalement d��uvrer � retrouver les tendances des ann�es 1970 en r�habilitant les fili�res scientifiques et technologiques (30% des effectifs universitaires seulement), au d�triment de celles, pl�thoriques, des sciences humaines (70%), tout en jugulant la fuite des cerveaux. Autre exigence �galement, � notre port�e : les technologies de l�information et de la communication (TIC). De nos jours, l'innovation reposant sur les TIC exploite les �conomies de gamme en mettant l'accent sur l'interconnexion, la flexibilit� et la d�centralisation de la recherche d�veloppement, et en s'appuyant sur une diversification de la recherche ainsi que sur des r�seaux de collaboration ouverts et interdisciplinaires. Autre axe d�effort : la PME comme levier de l�innovation. L�honn�tet� commande de dire qu�il y avait un grand absent aux deux symposiums tenus par le Cnes ces deux derni�res ann�es : M. Benbada, en charge des programmes de mise � niveau de la PME dont la d�marche s�inscrit pourtant parfaitement dans la priorit� accord�e � l��conomie �soft� dans le soutien qu�il accorde � la p�pini�re de �start-up�. Cet int�r�t reste n�anmoins insuffisant � pallier imm�diatement la sous-estimation de l�importance des services, notamment les plus cr�ateurs d�emplois, dans l�amorce d�une �conomie fond�e sur la connaissance (ils ne repr�sentent aujourd�hui que 33% du PIB, chiffre qu�il faudra largement doubler pour pouvoir postuler � passer vers des paliers sup�rieurs � au-del� de 50% du PIB). Le d�partement de M. Mustapha Benbada, ministre de la PME, recense 294 000 PME priv�es en 2007, avec un million d�emplois cr��s dans les fili�res du b�timent, des travaux publics, des transports, de la communication et de l�industrie agroalimentaire. Le secteur semble n�anmoins faire cavalier seul. L�absence de v�ritable politique industrielle est un indice d�autant plus alarmant que nous continuons � faire preuve d�une na�vet� excessive vis-�-vis des concurrents �trangers, en raison d�une insuffisante coh�sion des int�r�ts locaux ou par des d�faillances d�informations. A l�image de la strat�gie de Lisbonne adopt�e par l�Union europ�enne, nous pouvons reconduire le m�me objectif, en particulier �d�encourager une culture plus entrepreneuriale et de cr�er un environnement favorable aux PME�. De m�me que la Charte europ�enne des petites entreprises adopt�e en 2000, qui �nonce le principe de �penser petit d�abord�, peut �tre une bonne source d�inspiration. Il nous restera � d�cliner ces objectifs en les assortissant des moyens n�cessaires � leur r�alisation en termes financiers. Last but not least, il conviendra de p�renniser le processus par une production normative de choc, incitative et contraignante selon le cas, et des institutions solides, fluides, synerg�tiques, et interactives sans faire doublant. Dans un syst�me o� la loi interdit plus qu�elle ne r�gule ou n�encadre et qu�elle exclut et d�truit beaucoup plus qu�elle n�int�gre et ne construit, le chemin qui reste � parcourir semble d�autant plus dissuasif qu�il est parsem� d�emb�ches (les r�flexes et les mentalit�s) plus difficiles � fissurer qu�un atome, pour paraphraser Einstein � propos des pr�jug�s. Les inerties confortant certaines fatalit�s qui les associent g�n�tiquement � nos retards. L�exp�rience r�cente des r�formes nous enseigne que la bureaucratie, les blocages et les conservatismes sont d�autant plus forts qu�il n�y a pas de construction normative et institutionnelle � combattre. Comment �penser large, autrement, multi-dimension et r�sultat, comme le recommande le paradigme de l�EFC dans un contexte o� le ch�que est �tranger aux r�glements, y compris dans les administrations, o� les paiements �lectroniques sont encore inconnus et o� les c�bles t�l�phoniques sont syst�matiquement �vapor�s ? C�est dire qu�il y a en la mati�re un effort de l�gistique �vident. La France pr�sente, � cet effet, un bon exemple. Le Plan �num�rique 2012� qui vise � combler son retard, notamment en connectant 100% des m�nages fran�ais � l'internet haut d�bit, se d�cline en vingt-sept pistes de travail destin�es � �favoriser l'acc�s au haut d�bit fixe et mobile�, �d�velopper le commerce �lectronique � ou �adapter les formations aux besoins du num�rique�. Ces pistes avaient �t� arr�t�es au terme d�un d�bat qui a mobilis� plus de 130 ateliers organis�s � Paris, en province et dans les DOM-TOM, sp�cialement cr�� pour l'occasion (www.assisesdunumerique. fr) qui a re�u plus de 56 000 visites. Inscrite dans la norme et institutionnalis�e, l�EFC irriguera d�autant mieux le corps social que ses sillons seront profonds et ses piliers seront solides. Il s�agit ici de �d�passer le simple effet d�annonce�, se met � r�ver notre ami Abdelmadjid Bouzidi (et nous avec).