Le chaos qui plane depuis une semaine sur les grandes places boursi�res du monde perdure toujours, entra�nant l�effondrement des cours du baril de p�trole. L�Alg�rie est-elle �pargn�e par ce chaos ? La r�ponse est loin d��tre �vidente. Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Les principales places boursi�res du monde viennent de vivre une semaine noire. De v�ritables krachs ont eu lieu, avec des effondrements des indices boursiers de l�ordre de 10 � 20% et plus. Un chaos qui perdure malgr� toutes les interventions de plus en plus acc�l�r�es des autorit�s mon�taires et politiques des Etats-Unis, d�Europe et du Japon. Et des interventions frisant parfois le retour au dirigisme d�Etat. Notamment l�adoption de plans d�assainissement et de financement bancaire ou des nationalisations partielles de banques et �tablissements financiers, injection de liquidit�s et baisse des taux d�int�r�ts� La r�union du G7, un coup d��p�e dans l�eau ! Derni�re intervention, la r�union vendredi pass� � Washington des ministres des Finances et banquiers centraux du groupe des pays les plus industrialis�s (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni). Lors de cette r�union, ces autorit�s se sont engag�es � prendre les mesures n�cessaires pour restaurer la liquidit� sur les march�s. Il s�agit de d�bloquer le cr�dit, �viter la faillite de toute banque importante, permettre aux banques de lever des capitaux, prot�ger les d�p�ts bancaires et relancer le march� des cr�dits immobiliers. Des engagements encore peu ressentis concr�tement sur le terrain, cette r�union semblant un coup d��p�e dans l�eau, des divergences d�approche existant entre les pays concern�s. Mais aussi le fait que la panique, le manque de m�fiance et d�anticipation et les rumeurs perturbent encore les transactions boursi�res, des �tablissements tombent en faillite aux Etats-Unis, et le manque de liquidit�s bancaires et le tarissement des pr�ts interbancaires persistent. Mais aussi la crainte de plus en plus exacerb�e d�une r�cession �conomique g�n�ralis�e et prolong�e aux Etats-Unis et en Europe, la crainte des �pargnants quant � leurs d�p�ts bancaires. De la r�union du G7 � celle du G20 Hier, le pr�sident am�ricain George W. Bush, les grands argentiers du G7, le pr�sident de la Banque mondiale et le directeur g�n�ral du Fonds mon�taire international (FMI), r�unis, ont convenu d�apporter �une r�ponse s�rieuse � l'�chelle mondiale� pour combattre la crise historique qui menace le syst�me financier international. Une situation qui ne risque pas de changer m�me avec la r�union aujourd�hui en fin de journ�e � Paris des chefs d�Etat et de gouvernement des 15 pays de l�Eurogroupe et des dirigeants de la Banque centrale europ�enne. Egalement, le Comit� mon�taire et financier international du FMI �tait appel� hier � se r�unir dans la capitale am�ricaine � l�occasion de l�assembl�e d�automne de l�institution financi�re internationale. Et en fin d�apr�s-midi, les pays industrialis�s et �mergents, r�unis au sein du G20, se retrouvaient �galement pour convoquer la crise qui, apr�s avoir essentiellement touch� les pays riches, risque maintenant de s��tendre. Le pessimisme boursier persiste A Tokyo, les analystes restaient pessimistes vendredi soir. Apr�s une chute de 9,62%, son pire recul en une s�ance depuis le �lundi noir� d'octobre 1987, ils voient m�me le Nikkei plonger sous les 8 000 points. La Bourse de Tokyo �tait ferm�e lundi, jour f�ri� au Japon. De m�me la morosit� est de mise � Paris, apr�s une semaine durant laquelle le CAC 40 a poursuivi son plongeon, chutant de 7,73% vendredi pour conclure la pire semaine de son histoire et revenir au plus bas depuis cinq ans. Premi�re � fonctionner depuis ce sommet du G7, la Bourse saoudienne a ouvert sa semaine en baisse de 7% samedi, plongeant sous les 6 000 points. Le p�trole plonge � moins de 80 dollars Une situation chaotique entra�nant l�effondrement des cours du baril de p�trole, passant sous les 80 dollars, � 77, 70 dollars � New York et les 75 dollars � Londres. Dans le contexte de perspectives de demande �nerg�tique se racornissant � vue d��il. Par rapport � ses records historiques du 11 juillet, � plus de 147 dollars, le p�trole a abandonn� pr�s de la moiti� de sa valeur. Or, le p�trole constitue la principale source des revenus ext�rieurs de l�Alg�rie. L�Alg�rie est-elle �pargn�e par ce chaos boursier ? A l�abri pendant quelque temps, mais� Oui et non, quoique la r�ponse ne soit pas aussi �vidente. Non, si le p�trole devait continuer sa chute sous la barre des 80 dollars le baril. Cela m�me si gr�ce � l�envol�e, durant les deux semestres �coul�s, des cours de l�or noir, notre pays pourra engranger des recettes de l�ordre de 80 milliards de dollars en 2008, selon les assurances du ministre de l�Energie et des Mines, Chakib Khelil. Oui, car notre pays dispose d�un matelas financier assez important, pr�s de 140 milliards de dollars de r�serves de changes g�r�es par la Banque d�Alg�rie. Celle-ci pla�ant ces avoirs dans des actifs souverains garantis par les Etats. Des r�serves qui garantissent � notre pays quelque cinq ann�es d�importation. En outre, le Fonds de r�gulation des recettes (qui compte la diff�rence entre les recettes budg�tis�es sur la base d�un baril � 37 dollars et celles accumul�es sur la base du prix courant du baril (80, 100 ou 147 dollars) permettrait de financer amplement les d�ficits du Tr�sor et, par-del�, financer la r�alisation du programme quinquennal de d�veloppement, tant l�actuel (2005-2009) que le prochain (2010-2014). En d�autres termes, l�Alg�rie est assur�e d��tre � l�abri pendant quelques ann�es, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, s�en �tant fait r�cemment le chantre. Voire le fait que notre syst�me bancaire, disposant de surliquidit�s importantes (plus de 10 milliards de dollars), ne place pas ses avoirs � l�ext�rieur et reste d�connect� des places boursi�res. En d�pit de l�existence d�un march� informel de la devise � Alger o� le dollar a augment� par rapport � l�euro, refluant quelque peu par rapport au dinar. Comme l�est aussi d�connect�e notre Bourse d�Alger exsangue en titres et encore en qu�te d�une th�rapie de choc pour sortir de sa l�thargie. Mais notre pays en p�tira � moyen terme Toutefois, notre pays p�tirait � moyen terme des cons�quences de cette crise financi�re, notamment en pertes de recettes ext�rieures. Avec une demande de moins en moins importante en �nergie, l�Alg�rie peinera � commercialiser son brut. Et nonobstant les d�cisions que l�Organisation des pays exportateurs de p�trole (OPEP) a prises ou prendra pour r�guler le march�. Notre pays aura donc moins de recettes, ce qui constitue une �vidence que le ministre des Finances, Karim Djoudi, n�a pas manqu� de relever, telle une lapalissade. Mais notre pays risque de perdre aussi une bonne partie de ses r�serves de changes qui sont plac�es aux Etats-Unis si les bons du Tr�sor am�ricain et d�autres valeurs bancaires subissent la banqueroute. Et cela en d�pit des assurances r�it�r�es du gouverneur de la Banque d�Alg�rie, Mohamed Laksaci, sur le choix judicieux des placements effectu�s et sur leurs rendements de l�ordre de 4,62%. Outre le fait que la panique mondiale pourrait atteindre les �pargnants alg�riens qui seraient tent�s de retirer leurs avoirs des banques nationales m�me si celles-ci sont encore s�res. Une saign�e �ventuelle qui aurait pour cons�quence une d�stabilisation accrue de notre �conomie, tr�s en retard. L�importation, une �p�e de Damocl�s Voire, que l�inflation d�j� importante dans le monde s�aggrave davantage dans notre pays, malgr� la politique mon�taire d�velopp�e par la Banque d�Alg�rie et des assurances du Fonds mon�taire international quant � sa baisse � moins de 3% d�ici 2013. Mais aussi le fait que notre pays, grand importateur, avec 34 milliards de dollars d�achats � l�ext�rieur dont 6 milliards de dollars pour le bl�, ne puisse trouver r�ponse � ses besoins, dans ce contexte d�inflation mondiale galopante et de d�clin �conomique. Voire aussi que notre pays ne puisse attirer l�investissement direct �tranger, un IDE qu�il soit consid�r� comme la panac�e ou comme un appoint mais qui se fait toujours d�sirer. Quoique la capacit� d�absorption sur le terrain de l�investissement, qu�il soit national ou �tranger, reste sujette � caution. Un d�sint�r�t motiv� par la m�fiance qui marque les grands op�rateurs mondiaux contraints � des attitudes davantage protectionnistes. En somme, l�Alg�rie reste � l�abri de la crise mondiale, pour un certain temps mais rien n�est moins s�r.