Un dilemme se pose � l�Opep : continuer � engranger des recettes malgr� la chute des prix ou maintenir le cap malgr� les menaces �manant de certains pays consommateurs. Cherif Benaceur - Alger (Le Soir) - Vendredi dernier, les prix du baril de p�trole ont rebondi apr�s �tre pass�s, la veille, sous les 70 dollars. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude, pour livraison en novembre, a fini � 71,85% en hausse de 2 dollars � la cl�ture de jeudi. A 18h15 GMT, le brut � 74 dollars. A Londres, le baril de Brent, pour livraison en d�cembre, a gagn� 3,28 dollars � 69,60 dollars. A 18h15 GMT, le baril �tait � 71,39 dollars. La chute des cours inqui�te l�Opep Mercredi, l�annonce de la hausse des stocks p�troliers hebdomadaires am�ricains a pouss� � la baisse le prix du p�trole brut qui est descendu � 69,54 dollars � New York et le prix du Brent qui a atteint 66,60 dollars � Londres. Apr�s avoir chut� de pr�s de 9 dollars en deux s�ances, les cours sont remont�s en r�ponse � la convocation d'une r�union d'urgence de l'Opep. L�Organisation des pays exportateurs de p�trole avait d�cid�, en effet, d�avancer au 24 octobre une r�union d�urgence qu�elle avait initialement fix�e au 18 novembre. Motif de cette volte-face, la chute brutale et inqui�tante des cours. Ceux-ci, qui ont atteint voil� quelques mois le record de 147,25 dollars, ont chut� depuis de plus de 70 dollars. Un effondrement qui se r�percute sur les budgets de certains pays de l�Opep, tel le Venezuela (qui produit 2,36 millions de barils/jour) ou le Nigeria (1,97 million de barils/jour). Mais aussi sur leurs programmes d�investissement. L�Alg�rie : 80 milliards de dollars de recettes en 2008 Concernant notre pays qui produit actuellement 1,38 million de barils par jour, l�ann�e 2008 devrait s�achever avec un montant de recettes de 80 milliards de dollars. �L�ann�e est termin�e, on aura nos 80 milliards de dollars pour cette ann�e. M�me si on fait une moyenne de 70 dollars pour le reste de l�ann�e, on a d�j� fait une moyenne de 115 dollars jusqu�� r�cemment �, assurait derni�rement le ministre de l�Energie et des Mines, Chakib Khelil. Et en 2009, quelles seront les recettes de l�Alg�rie ? L�Opep contrainte � r�agir En fait, l�Opep se trouve confront�e au dilemme suivant : continuer � engranger des recettes en diminution constante malgr� la chute des cours. D�o� la n�cessit� pour le cartel de r�agir par le biais de son niveau de production pour tenter de faire remonter les cours � des niveaux acceptables. Et d�autant que le risque de r�cession se pose dans le monde et que la demande p�troli�re diminue, le d�partement am�ricain � l�Energie ayant indiqu� que sur les quatre derni�res semaines, la consommation en produits p�troliers aux Etats-Unis a baiss� de 8,9% compar�e � un an plus t�t. La r�duction de la production, la panac�e ? S�agira-t-il pour l�Opep, qui fournit 40% de l�offre mondiale et produit actuellement 29,49 millions de barils/jour, de r�duire sa production ? Confirmant cette id�e, le ministre du P�trole du Qatar (0,88 mbj) a estim� que le cartel devrait d�cider de r�duire sa production de brut d'au moins un million de barils par jour. A contrario, l�Arabie Saoudite (9,55 millions de barils/jour) n�a pas affich� de position. Quel serait donc le niveau de cette r�duction ? Un million de barils par jour ? Moins ? Pour atteindre quel niveau de prix ? Ce sont les questions auxquelles tentera de r�pondre l�Organisation � Vienne ? Pour des observateurs, l�Opep, ou tout au moins certains de ses membres, va r�duire sa production. Qui, quoi et comment r�duire ? Certes, le pr�sident en exercice de cette organisation, Chakib Khelil, a confirm� la possibilit� de cette r�duction �afin de limiter la baisse des cours�. �Une d�cision sera prise pour abaisser l'offre de p�trole de certains membres de l'Opep, afin que le prix du p�trole ne soit pas affect�, a-t-il dit. Toutefois, il n� pas pr�cis� ni le niveau de cette r�duction, ni les pays concern�s. �Il est �vident que pour assurer l'�quilibre du march�, les livraisons doivent diminuer. Je ne peux vous dire � quel niveau. Nous devons nous r�unir pour d�cider. La r�ponse viendra de la r�union de l'Opep�, a-t-il r�cemment pr�cis�. De m�me que Chakib Khelil a pr�cis� que �cette d�cision ne sera pas mise en �uvre imm�diatement parce qu'il y a des contrats, mais sera probablement appliqu�e 40 jours apr�s avoir �t� prise�. Quel prix souhait� ? Il a �galement rappel� que l�Opep �n�a pas d�objectifs de prix� et que �c�est le march� qui d�cide sur les prix�. N�anmoins, le prix escompt� pourrait �tre un prix plancher qui se situe entre 70 et 90 dollars. �Les gens disent que le prix marginal, le co�t marginal en dessous duquel nous ne pouvons descendre se situe entre 70 et 90 dollars par baril parce qu�il y a les gisements de sable bitumineux du Canada o� il faut avoir au moins 70 dollars le baril pour pouvoir produire et les gisements du Br�sil o� il faut aussi 70 dollars�, a indiqu� Chakib Khelil. Que fera l�Opep face aux menaces ? Autre dilemme pour l�Opep : maintenir le cap choisi malgr� les menaces de certains pays consommateurs. Et notamment celles formul�es par le Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui a d�clar� qu��il est absolument scandaleux que l�Opep envisage de r�duire sa production�, avant de menacer �d�emp�cher cela�. Comment l�Opep compte-t-elle r�agir � ces menaces ? Car il ne suffit pas seulement d�en appeler au renforcement de la r�gulation sur les march�s p�troliers afin de limiter la sp�culation mais d�agir concr�tement sans para�tre c�der face aux desiderata des pays consommateurs. Mais le pourra-t-elle ?