Les citoyens de la ville de Tizi-Ouzou vivent depuis plusieurs ann�es dans une cit� sale. Les rues sont jalonn�es de nids-de-poule, les trottoirs ont perdu leur rev�tement et des immondices de toutes sortes jonchent et d�figurent notre environnement. Une violence inflig�e au quotidien � l�habitant. Les tr�mies qui ont �t� construites, en d�pit du bon sens et sans l�avis du citoyen, sont venues maltraiter un peu plus le centre-ville en aggravant l�amoncellement des salet�s et en r�duisant en peau de chagrin l�espace de circulation des pi�tons. Quant � l�activit� �conomique des riverains, elle est tout simplement devenue une portion congrue, du fait de ces tr�mies qui ont amput� les magasins, notamment dans la grande rue � dont l�histoire se confond avec celle de Tizi-Ouzou � d�une partie de leur espace physique, mais aussi du fait du foisonnement de vendeurs de toutes sortes qui sont venus squatter les trottoirs de la ville� toute la ville, et qui s�adonnent � un commerce informel de plus en plus envahissant. Seuls les commer�ants les plus obstin�s continuent d�ouvrir tous les matins leurs boutiques et r�sistent vaillamment � la faillite inexorable de leurs entreprises. Face � cette situation, l�APC est impuissante et l�administration, da�ra et wilaya, semble totalement indiff�rente malgr� les nombreuses plaintes et d�marches des victimes. L�une (l�APC) et l�autre (l�administration) sont responsables d�une inertie coupable, la seconde encore plus que la premi�re, au regard des pr�rogatives dont elle dispose, en particulier l�autorit� de l�Etat, mais au regard surtout de la cagnotte financi�re qu�elle g�re sans partage. Deux jardins publics existent depuis toujours au centre de la ville de Tizi-Ouzou. Ils ont �t� d�molis il y a maintenant presque deux ann�es. Pour les r�am�nager, semble-t-il. Les travaux de ce suppos� r�am�nagement sont en souffrance. Deux �normes chantiers, mat�rialis�s d�abord par de vulgaires et hideux plastiques noirs, remplac�s aujourd�hui � pour celui de la grande rue � par des panneaux m�talliques qui auraient d� �tre r�form�s depuis plusieurs ann�es. Des travaux qui n�en finissent pas d�agresser les riverains et d�alt�rer le confort visuel du citoyen de passage. On peut se demander pourquoi ces travaux perdurent et pourquoi les autorit�s communales ou wilayales n�interviennent pas pour diligenter la fin de cette situation. Pour l�instant, les citoyens subissent cette agression caract�ris�e en maugr�ant et en grognant. Mais, chacun sait que vivre au quotidien dans un environnement violent nourrit progressivement la violence. Les �meutes sporadiques qui surviennent ici ou l� dans la ville sont un sympt�me qu�il faudra bien regarder et dont il faudra bien tenir compte. Depuis quelques mois, la nouvelle ville, cit� dortoir s�il en est, est destinataire d�un projet d�am�lioration urbaine, �pour humaniser�, nous a-t-on dit ce grand quartier de Tizi-Ouzou. 60 milliards de centimes lui sont r�serv�s sur les 250 attribu�s � toute la commune. Une grosse somme concentr�e d�ailleurs entre les mains d�un seul homme, le directeur de l�urbanisme de la wilaya. A titre d�information, le lecteur doit savoir que les projets d�am�nagement urbain de la commune de Tizi-Ouzou, mais aussi des 67 communes de la wilaya, sont entre les mains de ce seul homme� finances et r�alisations. Les maires n�ont aucun droit de regard sur la gestion des budgets et sur le choix des outils de r�alisation, c�est-�-dire des entreprises qui r�alisent les travaux. Une v�ritable concentration des sph�res de d�cision et des pouvoirs, quoiqu�il semble que, depuis quelques jours, le premier responsable de la wilaya s�est rendu � l��vidence et qu�il a attribu� quelques pr�rogatives � un comit� technique de da�ra o� l�APC est repr�sent�e� mais uniquement pour la surveillance et le suivi des travaux. La gestion de la cagnotte reste entre les mains du DUC (directeur de l�urbanisme et de la construction). Projet sectoriel oblige� Pour en revenir � la nouvelleville, du jour au lendemain et sans en informer les habitants, des entreprises sont venues avec bulldozers et engins de toutes sortes, d�molir les trottoirs sur des centaines de m�tres, �ventrer les rues, creuser des tranch�es et m�me� d�raciner les arbres qui �taient l� depuis une trentaine d�ann�es. De magnifiques m�riers qui faisaient le bonheur des enfants lors de leur cueillette� Ces travaux d�sordonn�s ou plut�t anarchiques, qui avaient dans un premier temps suscit� quelques espoirs chez l�habitant, sont devenus un cauchemar. Il ne s�agit plus d�un d�sagr�ment caus� aux citoyens, mais de situations dangereuses pour ceux-ci. Les pi�tons n�ont plus de trottoirs pour circuler et les automobilistes doivent faire preuve d�une extr�me prudence pour ne pas se retrouver pris dans les nombreux crat�res laiss�s par les engins. Seuls les tas de d�tritus, de b�ton arrach� et les montagnes de sable, qui jonchent les rues et les trottoirs, servent de signalisation pour mat�rialiser les travaux. Quant aux arbres, une grande partie a �t� d�racin�e sans m�nagement par les d�molisseurs. Ceux qui y ont �chapp� viennent d��tre achev�s par les machines qui remettent en l��tat les trottoirs. Apr�s les poussi�res de l��t�, voici venu le temps de la boue. Nous allons tous y patauger. Les pluies diluviennes qui se sont abattues ces jours derniers sur la ville sont venues nous le rappeler. Elles ont r�v�l� l�ampleur des d�g�ts occasionn�s par ces travaux d�am�nagement de la ville. Un v�ritable bourbier o� que l�on circule. Une situation chaotique qui pr�vaut partout dans la ville de Tizi-Ouzou, mais au quartier de la nouvelle-ville, c�est simplement la gal�re. Les eaux de pluies s��coulent comme des torrents qui charrient toutes sortes de d�tritus, du sable, des galets, des d�chets m�nagers, du bois, etc. Les avaloirs sont �hors service�. Ils sont totalement bouch�s et, par endroits, ce sont les ovo�des (avaloirs principaux) qui ne servent plus � rien. L�eau ruisselle sur la chauss�e et �recreusent � par endroits de v�ritables foss�s sur des conduites d�assainissement nouvellement pos�es et qui ont �t� pr�cipitamment referm�es. La circulation automobile est devenue un enfer et les pi�tons, oblig�s de circuler sur la chauss�e, doivent pratiquement nager pour aller d�un endroit � un autre. Un calvaire au moindre d�placement que le citoyen ose effectuer. Cette situation indescriptible �tait pr�visible. Nous avons, il y a maintenant plus de deux mois, attir� l�attention du principal responsable de cette situation, le DUC (directeur de l�urbanisme et de la construction). Nous lui avions remis un courrier o� nous lui rappelions qu�apr�s les poussi�res de l��t�, nous nous acheminions, compte tenu de la lenteur des travaux et du laisser-aller des entreprises, vers des risques encore plus grands, notamment avec l�approche du mois de Ramadan et l�arriv�e de l�hiver. Nous lui demandions d�exiger des entreprises concern�es de mat�rialiser par une signalisation appropri�e leurs chantiers et d�acc�l�rer les travaux afin que ceux-ci soient termin�s avant les grandes pluies. Rien n�y fit. Est-ce qu�il a seulement quitt� son bureau pour aller inspecter les chantiers et mesurer l�ampleur des d�g�ts occasionn�s par les derni�res pluies ? Est-ce qu�il a seulement conscience de la situation catastrophique dans laquelle il a mis la ville de Tizi-Ouzou ? Et quel cadre de vie il offre aux habitants ? Il pleut depuis plusieurs jours. Les entreprises ont cess� de travailler. Si le mauvais temps persiste, les d�g�ts risquent d��tre consid�rables. Des entreprises qui travaillent au ralenti, un jour sur deux ou sur trois. Des entreprises qui n�en sont pas et qui n�ont pas les moyens de leur ambition, de leur politique. Qui leur donne les march�s ? Qui doit les contr�ler ? Qui doit assurer le suivi des travaux, leur qualit�, leur avancement, etc. ? Je le disais plus haut, depuis quelques jours, un comit� technique de da�ra, qui associe la commune de Tizi-Ouzou, va prendre en charge le projet. Mais n�est-ce pas d�j� trop tard ? Des citoyens nombreux sont venus nous dire que cette situation infernale ne doit pas durer et que les autorit�s doivent donner un signal fort pour arr�ter cette agression permanente. �a gronde, et les jeunes gens des quartiers de la ville, qui veulent vivre dans la propret� et dans la dignit�, manifestent une impatience grandissante. Et pour cause, ils vivent ce laisser-aller comme une atteinte d�lib�r�e � leur cadre de vie et un d�sint�r�t manifeste des pouvoirs publics � leur �gard. Une violence de plus, une violence de trop. A la salet� occasionn�e par les poubelles et les d�charges de toutes sortes, s�ajoutent des carences multiples : pas de travail, pas de logement, pas de loisirs, pas d�espoir� et des travaux qui n�en finissent pas et qui les livrent � un bourbier quotidien. La sonnette d�alarme est tir�e. Dans cette affaire du r�am�nagement urbain de la ville de Tizi-Ouzou, l�incomp�tence est flagrante. Les services de l�APC, qui ne se sont jamais manifest�s dans les quartiers, sont coupables, mais plus coupables encore sont les services de la Direction de l�urbanisme, la DUC, qui est le ma�tre d�ouvrage et le principal responsable du projet. Le premier responsable de la wilaya a pris conscience de l�ampleur de la catastrophe. C�est, de toute �vidence, pour cela qu�il a d�cid� d�impliquer formellement les APC dans la surveillance et le suivi des travaux. Ce n�est pas suffisant, mais cela peut �tre un d�but de d�concentration des pouvoirs. Il faudra bien un jour arriver � d�concentrer aussi la gestion de la bourse. Les APC devraient pr�sider � la construction du destin des habitants de leur commune. La mauvaise exp�rience de la ville de Tizi-Ouzou va profiter aux autres communes de la wilaya, et c�est tant mieux. Mais les responsables de l�anarchie qui a pr�valu doivent �tre identifi�s et interpell�s. S�il y a une faute av�r�e, il faut la sanctionner. Ce ne sera que justice rendue aux citoyens. Apr�s tout, ce projet de r�am�nagement urbain leur �tait destin�. Il avait pour but d�am�liorer leur cadre de vie, m�me si tout cela s�est fait sans eux et en dehors d�eux. Ils n�ont �t� ni inform�s, ni consult�s, encore moins associ�s � ce projet. Ils le subissent (ce projet de r�am�nagement urbain), et, � l��vidence, ils le subiront pendant longtemps encore. Une situation qui est d�autant plus d�l�t�re que les habitants ne savent pas quel sera exactement leur cadre de vie de demain. Correspondra-t-il � l�environnement dans lequel chacun souhaite voir vivre ses enfants ? Rien n�est moins s�r. Le premier responsable de la wilaya est le recours ultime. Il doit descendre dans l�ar�ne et s�impliquer personnellement dans cette situation. Il doit aussi, et c�est ce qu�il dit r�guli�rement, �tre soucieux de la qualit� de vie de ses administr�s. Il en a la responsabilit�. En prenant � bras-le-corps ce probl�me de l�am�nagement urbain de la ville de Tizi-Ouzou, mais aussi des 67 autres communes de la wilaya, il participera � l�humanisation de nos cit�s. Elles en ont bien besoin. Les esprits s�apaiseront et le potentiel de violence sociale, qui couve et qui se manifeste sporadiquement, sera naturellement r�duit. Ce sera, de plus, justice rendue � la r�gion. Il (le wali) a reconnu publiquement que la wilaya a pris beaucoup de retard. Pour le rattraper, il y a du travail. Alors faisons-le et bien. Boudrar�ne Mahmoud, psychiatre et d�put� RCD