Il est utile de rappeler au d�but de cette seconde partie qu�il ne s�agit ici que d�une politique-fiction car, pour le petit journaliste que je suis et qui ne compte qu�une seule participation � la vie politique � une �lection au conseil national de l�Union des journalistes alg�riens dans les ann�es soixante-dix �, s�avancer sur les voies imp�n�trables du pouvoir serait la pire des pr�tentions ! Dieu Merci, je n�ai pas � me plaindre car lorsque le pr�sident le plus important de la plan�te commence � recevoir des savates sur la gueule, cette fonction, jadis grande et noble, me para�t aujourd�hui bien fragile et sujette aux caprices des hommes et � leurs d�mons de toujours : la soif de puissance et l�injustice. Me voil� donc pr�sident. Je viens de faire le tour du nord du pays dans un voyage inaugural que j�ai voulu placer sous le signe de la fid�lit�. Ce voyage serait cependant incomplet s�il ne concernait pas le sud du pays, r�servoir de notre richesse. Aux populations de ces vastes �tendues, je ferai une seule promesse : outre les plans lanc�s par mon pr�d�cesseur et qui ont permis d�installer des infrastructures qui faisaient cruellement d�faut, je mettrai en �uvre un programme sp�cial d�emploi qui donnerait du travail � l�immense majorit� des jeunes de la r�gion. Il est inadmissible que les populations locales ne b�n�ficient pas directement des richesses qui se trouvent sous leurs pieds, et notamment par le biais de l�emploi. Des quotas tr�s importants seront r�serv�s aux ch�meurs des r�gions concern�es. Ils seront prioritaires. Cette �discrimination positive� � pour reprendre un terme � la mode � permettra aux jeunes du Sud de r�aliser leur r�ve et ne plus se consid�rer comme marginalis�s par des pratiques o� le r�gionalisme et le n�potisme jouent un r�le n�faste. Me voil� de retour � Alger. J�ai beaucoup parl� de l�histoire, mais je ne peux terminer ces �voyages de la m�moire� sans la reconnaissance du r�le inestimable jou� par les patriotes qui ont sauv� la r�publique. Je ne pense pas que la r�conciliation nationale de mon pr�d�cesseur ait vraiment donn� au peuple alg�rien la certitude que la page ait �t� tourn�e. Une r�conciliation nationale sans justice et, surtout, qui met les protagonistes sur un pied d��galit� resterait fragile et peut �tre balay�e par n�importe quel souffle ; et Dieu seul sait que les temp�tes peuvent souffler fort sur l�Alg�rie. Notre pays n�a pas connu une guerre civile qui aurait mis face � face deux tribus ou deux pans de la population divis�s id�ologiquement. L��preuve de sang impos�e � notre peuple a �t� une tentative des milieux obscurantistes li�s au terrorisme islamiste international de prendre le pouvoir pour imposer un r�gime � la Taliban. Les �lites du peuple ne se sont pas lev�es pour d�fendre un territoire contre un envahisseur �tranger ou une partie de la population en armes ; elles se sont senties concern�es par le combat pour la survie de la r�publique. A ce titre, la lutte contre le terrorisme des ann�es 90 est en droite ligne de la lutte r�volutionnaire du peuple alg�rien pour son ind�pendance. Elle en a les contours et les objectifs : utiliser la violence pour contrer des projets qui, au mieux, auraient fait de nous une province d�un nouveau Khalifa dirig� par des forces �trang�res ; au pire, nous auraient enfonc�s dans la violence et l�anarchie. Il est inadmissible que l�on gomme tant d�h�ro�sme et de sacrifices pour les besoins d�une r�conciliation qui est aujourd�hui rejet�e par l�immense majorit� du peuple alg�rien car on sait ce que sont nos r�f�rendums. Et parmi ceux qui hurlent avec les loups, pr�sentant cette r�conciliation nationale comme une t�che sacr�e et dont ils sont seuls � voir les effets b�n�fiques, beaucoup �taient les plus farouches partisans de la lutte contre le terrorisme ! Et demain, pour peu que mon nouveau programme r�ussisse � convaincre les Alg�riens, ils seraient les premiers � m�appuyer pour d�monter les effets pervers de la r�conciliation. Il ne s�agit pas de revenir sur la loi de la concorde, ni de refuser le pardon de la nation � ceux qui reconnaissent leurs forfaits. Non ! Il s�agit surtout de faire la diff�rence entre les vraies victimes du terrorisme islamiste et ceux qui, parce qu�ils sont apparent�s avec les terroristes et qu�ils n�ont rien � se reprocher, doivent b�n�ficier de l�aide de l�Etat, comme tout citoyen dans leur condition d�ailleurs. Il n�y aura plus d�amalgame et je n�utiliserai jamais le terme de �trag�die nationale�. Je placerai la d�cennie 90 sous le signe de l�h�ro�sme du peuple alg�rien, convoqu� une seconde fois par l�Histoire pour donner au monde les plus belles pages de la bravoure. Je ferai tout pour que l��cole et la culture glorifient ces moments forts dont chaque Alg�rien doit �tre fier. Des films, des pi�ces de th��tre, des colloques, des c�r�monies seront organis�s partout pour rappeler au peuple alg�rien ces martyrs tomb�s sous les balles de ceux que l�on veut, co�te que co�te, consid�rer comme des �fr�res� ! Des cimeti�res pour les nouveaux martyrs seront cr��s � c�t� des anciens : tous se sont sacrifi�s pour que nous puissions vivre heureux ! Il est honteux que des soldats soient enterr�s dans l�anonymat total. Je compte des parents dont les corps sont arriv�s � la tomb�e de la nuit et qui ont �t� achemin�s aussit�t vers le cimeti�re, escort�s par la gendarmerie. Au d�but, on tirait une salve d�honneur et les walis, voire parfois les ministres, assistaient aux obs�ques de ces h�ros ; mais, depuis la r�conciliation, on les enterre � la sauvette, comme pour ne pas froisser leurs� assassins ! J�appellerai cette p�riode �seconde r�volution alg�rienne�. Oui, ce fut une r�volution dont on veut camoufler les hauts faits, la signification profonde et les r�sultats au-dessus de tout espoir qu�elle a engrang�s, r�sultats qui furent tr�s vite d�tourn�s par une politique ambigu� dont apparaissent peu � peu les v�ritables objectifs : gommer la victoire des patriotes, faire reculer les id�es de progr�s, de justice et de d�mocratie que cette lutte portait en son sein, r�habiliter l�int�grisme, agir pour que les id�es de citoyennet� r�gressent� En direction des familles victimes du terrorisme et trahies parfois par leurs organisations, je ferai de grands gestes : l�Etat leur donnera autant qu�il donne aux familles des premiers martyrs et les patriotes en retraite ainsi que les bless�s recevront autant que les moudjahidine. Partout, ils seront glorifi�s et honor�s. Des m�dailles leur seront remises et ils auront la gratuit� dans le transport. La nation � qui doit leur �tre reconnaissante �ternellement � ne fera jamais assez pour leur dire merci d�avoir prot�g� les populations, merci d�avoir veill� au fonctionnement des infrastructures et des usines qui nous donnaient de l��lectricit�, du gaz, de l�eau, du lait, etc., merci d�avoir maintenu l��cole ouverte, merci � l�enseignante de ne pas avoir c�d�, merci au conducteur de locomotive d�avoir fait marcher les trains� Et, par-dessus tout, merci � l�arm�e d�avoir d�truit les projets sinistres de l�int�grisme, lutte qui sera couronn�e en 1998 lorsque le danger d�une prise de l�Etat par les �mules d�Al-Qa�da ont totalement disparu, lorsque le g�n�ral �lu Liamine Z�roual s��tait retir�, pensant que sa mission s�achevait. Merci aux gendarmes et aux policiers dont beaucoup ne sont plus parmi nous et qui ont �tonn� le monde par l�efficacit� de leur action, leur organisation et leur discipline. Le peuple alg�rien a lutt� seul contre le terrorisme islamiste. Il a eu ses h�ros et ses tra�tres. Je dirai avec franchise au monde : �Vous nous avez l�ch�s ! Vous avez pari� sur la victoire des ennemis de la d�mocratie ! Pour vous, la vie alg�rienne n�a aucune valeur : vous vous �tes tus lorsque l�Alg�rie annon�ait 200 000 morts, victimes du terrorisme. Mais lorsque ce m�me terrorisme, manipul� par les v�ritables commanditaires des attentats du 11 Septembre, s�en est pris aux vies am�ricaines, vous avez subitement r�agi et identifi� ce terrorisme que vous avez toujours refus� de voir en Alg�rie.� Je rappellerai � la France son r�le n�faste sous la houlette du pr�sident d�funt Mitterrand et ses comp�res socialistes. Je remercierai tous les amis fran�ais qui avaient compris les v�ritables enjeux et je dirai des mots de reconnaissance � M. Charles Pasqua et � tous ceux qui ne voulaient pas abandonner l�Alg�rie au moment o� elle avait le plus besoin d�aide, et surtout, de compr�hension, venant de l��tranger. A l�opinion maghr�bine, je dirai le r�le hostile jou� par le Maroc dont le territoire servait � l�acheminement des armes. Je lancerai une enqu�te des services secrets pour d�montrer que cette hostilit� a m�me pris les formes d�une aide directe au terrorisme. Ils se pencheront sur les s�jours de Ben Laden � Casablanca et son implication dans le renforcement du terrorisme en Alg�rie. Par ailleurs, plusieurs t�moignages ayant permis d�identifier des ressortissants marocains parmi les terroristes ayant particip� � des massacres � exemple : B�ni Messous �, ils sera demand� aux m�mes services de r�pondre � la question de savoir si oui ou non l�Etat marocain ou ses structures ont aid� ces sanguinaires � s�introduire chez nous. Par contre, je remercierai la Tunisie d�avoir, non seulement aid� � contenir le terrorisme, mais accueilli des millions d�Alg�riens refoul�s par les visas qu�on leur imposait partout, y compris au Maroc ! C�est dans les moments durs qu�on reconna�t ses amis ! Une fois r�tablies les v�rit�s historiques, nous pourrons nous lancer dans le grand projet de mon mandat : construire le Maghreb. M. F.