Cet ouvrage exceptionnel repose sur une enqu�te approfondie men�e par l�auteur aupr�s des descendants d�Alg�riens en Nouvelle-Cal�donie sur trois � quatre g�n�rations ; descendants dont les anc�tres avaient �t� d�port�s suite aux insurrections alg�riennes, notamment kabyles, des ann�es 1870. �La plupart des personnages porteurs d�une m�moire essentielle � la reconstitution historique sont tr�s vieux. Arriv�e sur le terrain, je demande � les rencontrer sachant qu�ils ont des r�cits pr�cieux � exploiter. Ainsi, le travail enregistr� comporte des morceaux de r�cits. Ils nous permettent d�engager une �tude compar�e sur les anciennes pratiques des tribus berb�res au Maghreb et leur reproduction dans une r�gion du Pacifique.� (p23) Arrach�s � leur famille, leur pays, leurs traditions, ces d�port�s ont �t� compl�tement d�racin�s. �La France coloniale a veill� � casser et � d�porter des familles enti�res� C��tait un moyen pour elle de r�duire � n�ant toute possibilit� de menace et de r�volte de la part des �indig�nes��. (p. 72) Ces descendants, �valu�s � environ 15 000 personnes, vivent en Nouvelle- Cal�donie, notamment dans la commune de Bourail. Ils sont le fruit de mariages entre d�port�s alg�riens et femmes kanakes ou femmes fran�aises elles-m�mes d�port�es. Perp�tuer les traditions vaille que vaille Les d�port�s alg�riens ont emport� dans leurs �bagages� leurs us et coutumes. C�t� agriculture, par exemple, le palmier dattier est tr�s pr�sent en Nouvelle-Cal�donie. �Le bouturage du palmier dattier est un aspect agraire que nous avons beaucoup observ� aupr�s des populations sahariennes (Biskra, Tolga, Doucen). Dans l�id�e de voir na�tre une premi�re palmeraie, les Alg�riens d�port�s ont reproduit l�esp�ce qui les reliait � leur terre nourrici�re. � (p.297) Dans son d�sir d�acculturer les descendants d�Alg�riens, l�administration coloniale refusait d�enregistrer les enfants sous des pr�noms alg�riens imposant des pr�noms chr�tiens. Si � l��cole, les Joseph, Robert et/ou Christian �taient l�gion, � la maison, les enfants alg�riens portaient des pr�noms musulmans : Ali, Kader, Mohamed� Cr�ation de �djema� et �zaouia� Attach�s � leurs racines, les d�port�s ont perp�tu� les traditions comme l�institution d�une �djema� � Bourail et l�offrande collective de la distribution des viandes. �La communaut� elle-m�me prend en charge ce droit, ouzia, soit par une cotisation commune, soit par la donation de b�tes� (p.247), la surveillance du cimeti�re musulman ( assess el djebena), la cr�ation de zaou�a. �Autour de la tombe de Sidi Moulay, on retrouve les marabouts fondateurs. Le lieu saint devient tr�s vite un but de p�lerinage ( mekkam) qu�on vient visiter de loin� (p.253), les ritualisations symboliques du mariage, la circoncision des gar�ons, etc. Un mot sur l�auteure M�lica Ouennoughi est docteur en anthropologie historique. Membre chercheur rattach�e au laboratoire d�histoire contemporaine de l�universit� de Noum�a, sp�cialis�e sur les migrations maghr�bine et saharienne en Oc�anie, elle a consacr� de nombreuses publications � la question des Cal�doniens maghr�bins en Nouvelle- Cal�donie et leur r�le dans la mixit� sociale avec les autres communaut�s (fran�aise, europ�enne, mal�n�sienne, indon�sienne, japonaise). SabrinaL Alg�riens et Maghr�bins en Nouvelle-Cal�donie de M�lica Ouennoughi Casbah Editions, 2008, prix 650 DA.