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Francophonie, nationalit� et insularit� litt�raire (1re partie)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 02 - 2009

Jamais la question de l�identit� nationale des expressions culturelles ne s�est pos�e de mani�re aussi nette en Alg�rie qu�en ces derni�res ann�es. La double nationalit� triomphe aujourd�hui dans la peinture, le cin�ma et la musique. Et m�me, au nom de motivations diverses, dans la litt�rature.
Par Abdellali Merdaci*
Dans cette qu�te � souvent d��ue, toujours malheureuse � de nouvelles qualifications juridiques aux productions culturelles et � leurs auteurs, il y a pour une nouvelle g�n�ration d�artistes, n�s et ayant grandi en Alg�rie, l'abandon de leur nationalit�. Leur rapport � l�ancienne puissance colonisatrice est-il si pr�gnant pour tracer les fronti�res d�une insularit� culturelle ? Ni la g�n�ration de la guerre d�ind�pendance qui continue � conduire le pays ni celles de l�ind�pendance n�ont su exorciser le pass� colonial de l�Alg�rie et plus pr�cis�ment ses crises identitaires. L�ind�pendance et la formation d�une nouvelle nation ont-elles r�ellement donn� une nouvelle identit� propre aux anciens indig�nes ? Aujourd�hui, non seulement dans le champ culturel, mais aussi curieusement dans le champ politique, beaucoup d�acteurs restent ind�termin�s dans leur identit�. Ils sont � la fois Alg�riens, mais aussi Fran�ais, parfois m�me Marocains, Am�ricains et Canadiens. Cette labilit� de l�identit� juridique, cet �entre-deux� insurmontable, n'est-elle pas tragiquement v�cue dans le microcosme litt�raire qui reste entre tous le plus d�sempar� ? Elle engage parfois des comportements intemp�rants que souligne l�actualit�. Faut-il ainsi donner acte au romancier Yasmina Khadra de son irritation devant les choix des jurys litt�raires parisiens qui ne rendent pas justice au travail des �crivains de langue fran�aise d�Alg�rie, largement exprim�e en France et en Alg�rie sur les plateaux des t�l�visions et dans les colonnes des journaux ? Il est, certes, vrai que la marginalisation en France des auteurs alg�riens, r�solument absents des listes des prix litt�raires de l�automne, n�est rien de moins qu��vidente et leur pr�sence dans l��criture fran�aise plus fragile. Il y a sans doute, dans la p�riode actuelle, dans le sillage de Yasmina Khadra des �crivains alg�riens de langue fran�aise prometteurs, souvent cit�s, jamais promus. Leur attente de r�compenses litt�raires parisiennes traduit au mieux un d�calage par rapport au r�el politique et culturel de leur pays. Et aussi une incompr�hension de son histoire coloniale et nationale. L�ouverture � tr�s mesur�e � du prestigieux Prix Goncourt aux romanciers �trangers leur donne-t-elle raison ? Il est, certes, vrai que du Suisse Jacques Chessex au Polonais Roman Gary, du Marocain Tahar Ben Jelloun au Libanais Amin Maalouf, de l�Am�ricain Jonathan Litell � l�Afghan Atiq Rahimi, le Goncourt a souvent couronn� des �crivains �trangers de langue fran�aise, m�me s�ils le furent le plus souvent en leur qualit� d��crivains naturalis�s fran�ais. Conviendrait-il ici d�incriminer dans l�absence d��uvres de qualit� de romanciers alg�riens dans les palmar�s des acad�mies parisiennes les seuls vieux r�flexes coloniaux ? Ou encore les mutations du champ litt�raire fran�ais de ce d�but de XXIe si�cle ? Le probl�me fondamental des Alg�riens qui n�ont jamais obtenu de grands prix litt�raires fran�ais reste aujourd�hui, pr�s d�un demi-si�cle apr�s l�Ind�pendance, leur difficile recherche de positionnement autant dans la langue et dans la culture fran�aises que dans leurs institutions, non seulement en Alg�rie, mais en France aussi. Ils se disent Alg�riens, mais ils agissent � consciemment ou inconsciemment � comme s�ils sont des nationaux fran�ais. Pour diff�rentes raisons qui ne rel�vent pas toujours de la seule cl�ture du champ politique alg�rien, ils ressentent le besoin d��tre reconnus plus � Paris qu�� Alger. Comment donc s��tonner que l�ancienne puissance coloniale, d�finitivement s�par�e de leur pays, reste plus que jamais pour eux le seul arbitre des sanctions et des l�gitimit�s ? Trois axes permettent d�envisager ici une r�ponse.
1. UNE QUESTION FRANCO-FRAN�AISE
Longtemps la r�ception �ditoriale et critique des �uvres et des auteurs alg�riens a nourri en France un paternalisme de mauvais aloi. Cette situation trouve une explication, depuis la fin du XIXe si�cle, dans l�histoire des litt�ratures de langue fran�aise dans l�espace colonial alg�rien et, plus pr�cis�ment, dans leur pr�sence et leur influence dans l��dition fran�aise. Pendant plus d�un demi-si�cle, depuis le Sang des races (1898) de Louis Bertrand, jusqu�au d�but des ann�es 1950 et au reflux parisien de l��cole d�Alger, dernier regroupement structur� de la litt�rature coloniale, tr�s peu d�auteurs indig�nes d�Alg�rie sont accueillis dans l��dition parisienne et dans le champ litt�raire fran�ais, plus ouverts aux �uvres et aux auteurs coloniaux. Il y a eu pendant tout ce temps dans l��dition parisienne un refus explicite d�une expression litt�raire indig�ne en langue fran�aise. La seule l�gitimit� qui pouvait alors �tre d�cr�t�e par les institutions litt�raires fran�aises �tait celle de l�expansionnisme colonial et de ses expressions litt�raires, de Robert Randau et Marius-Ary Leblond � Gaston de Pouvourville. Jusqu�� la veille de la Grande Guerre, la litt�rature coloniale triomphante, unanimement c�l�br�e par les acad�mies litt�raires, dont le Goncourt, r�compensant cinq de ses �uvres dans la premi�re d�cennie du XXe si�cle, �tait per�ue comme une bou�e de secours pour une litt�rature fran�aise an�mi�e. Au-del� des sensibles transformations du champ litt�raire, soldant la crise de la litt�rature fran�aise du d�but du XXe si�cle, de l��mergence de doctrines litt�raires nouvelles et de positionnements anti-coloniaux d�auteurs issus de la gauche fran�aise et internationaliste, il n�y a pas dans l�entre-deux-guerres un basculement de l��dition fran�aise qui aurait suscit� un int�r�t pour l��criture indig�ne alg�rienne de langue fran�aise �mergente. C�est tardivement, en Alg�rie m�me, aux rencontres litt�raires de Sidi-Madani, dans la r�gion de Blida, qui se tiennent au d�but de l�ann�e 1948, que se nouent des perspectives d��changes entre auteurs fran�ais � notamment Brice Parrain, Louis Guilloux, Jean Cayrol � et indig�nes. Les portes de l��dition fran�aise ne font alors que s�entrouvrir. Dans le demi-si�cle d�histoire litt�raire alg�rienne, si les cas du Capitaine Ben Cherif et de Mohammed Dib, parrain�s par le gouverneur g�n�ral C�lestin Jonnart et par Jean Cayrol, sont les plus manifestes, les d�buts de Kateb, encourag�s par le gouverneur g�n�ral Chataigneau, de Feraoun, de Mammeri et bien d�autres auteurs du d�but des ann�es 1950, s�inscrivent aussi dans cette d�marche d�accompagnement bienveillante, qui pour g�n�reuse qu�elle fut, n��tait pas exempte d�arri�re-pens�es. La guerre d�ind�pendance changeait consid�rablement les enjeux �ditoriaux dans le champ litt�raire fran�ais et red�finissait son regard sur des auteurs alg�riens nouveaux, aux qualit�s certes reconnues, surgis dans les feux et les d�chirements de la guerre.
(A suivre)
A. M.
*�crivain-universitaire.
Dernier ouvrage paru :
Alg�rie, une suite allemande, M�dersa, 2008.


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