Le principal leader de l�opposition pakistanaise, Nawaz Sharif, a d�fi� hier le gouvernement qui l�a assign� � r�sidence, en sortant de chez lui pour rejoindre des milliers de ses partisans et les appeler � aller manifester aujourd�hui � Islamabad. Ce nouveau coup d��clat de l�ancien Premier ministre, � la t�te d�une fronde contre le pr�sident Asif Ali Zardari, aggrave encore la crise qui �branle le fragile gouvernement civil du Pakistan, au pouvoir depuis un an. Assign� � r�sidence pour trois jours hier dans sa villa de Lahore, dans l�est du pays, Nawaz Sharif en est sorti quelques heures plus tard pour haranguer la foule de ses partisans. �Venez me rejoindre. Je quitte ma maison. L�heure est venue de marcher main dans la main. Ils ne peuvent nous arr�ter�, a-t-il lanc�, avant de quitter les lieux � bord de son 4X4, escort� par une garde rapproch�e, pour traverser la ville. Un immense cort�ge, rassemblant 10 000 personnes selon un responsable des services de renseignement, s�est form� sur son passage, agitant des portraits de Nawaz Sharif et des drapeaux verts de son parti, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N). Des sc�nes d��meutes avaient �clat� un peu plus t�t � Lahore, les plus graves depuis le d�but il y a trois semaines de cette vague de protestation, quand la police a tent� de disperser les manifestants par des jets de grenades lacrymog�nes. Ce mouvement est n� d�une bataille des avocats et partis d�opposition pour l�ind�pendance de la justice, qui esp�rent rassembler aujourd�hui � Islamabad des dizaines de milliers de manifestants. La capitale a �t� transform�e en camp retranch�, ses acc�s ainsi que l�avenue menant � la pr�sidence barr�s par des conteneurs de marchandises. Le mouvement s�est amplifi� depuis que la Cour supr�me a rendu le 25 f�vrier un verdict excluant de fait de la vie publique Nawaz Sharif ainsi que son fr�re Shahbaz, jusque-l� chef du gouvernement de la province du Pendjab, dont Lahore est la capitale. Le gouvernement civil, visiblement d�bord� par l�ampleur du mouvement, a tent� de l��touffer, faisant arr�ter dans la semaine plus d�un millier d�opposants, interdisant les rassemblements et dressant des barrages � travers le pays. Mais ni ces mesures, ni les menaces de poursuites pour �s�dition� � l�encontre des fr�res Sharif, ni des concessions annonc�es samedi par la pr�sidence n�ont permis de d�samorcer la crise. �J�avertis les autorit�s qu�elles doivent lever tous les obstacles sur le trajet de notre ��longue marche��, sans quoi la population le fera elle-m�me �, a lanc� hier Nawaz Sharif. Les opposants r�clament le retour en fonction de juges destitu�s en 2007 par le r�gime militaire, en particulier l�ancien pr�sident de la Cour supr�me, Muhammad Iftikhar Chaudhry, et d�noncent l�attitude du pr�sident Zardari qui n�a pas respect� ses promesses en ce sens. Les alli�s occidentaux du Pakistan, � commencer par Washington, ont tent� de faire pression sur le gouvernement pour qu�il trouve une solution n�goci�e, inquiets des cons�quences potentiellement d�sastreuses d�une d�stabilisation de ce pays, puissance nucl�aire musulmane et foyer de terrorisme islamiste, dirig� par l�arm�e pendant pr�s de la moiti� de ses 62 ans d�existence. �La situation devient chaotique. Il semble que la violence va l�emporter et pousser l�arm�e � intervenir � un moment ou � un autre�, s�inqui�tait hier le g�n�ral � la retraite et analyste Talat Masood.