Comme il s�y �tait engag� durant sa campagne �lectorale, Barack Obama a annonc� la fin des restrictions sur les voyages et les transferts d�argent des exil�s cubains vers leurs familles � Cuba. Les voyages ne seront plus limit�s dans le temps � une fois tous les trois ans sous la pr�sidence de Bush � et les envois de fonds ne sont plus plafonn�s � ils �taient de 100 dollars par mois. Ce geste d�Obama concerne deux millions d�Am�ricains d�origine cubaine emp�ch�s d�aller voir leurs proches � Cuba autant de fois qu�ils le d�siraient. Si au lendemain de la r�volution cubaine en 1958, les exil�s cubains �taient majoritairement des opposants au r�gime de Fidel Castro, ce n�est plus tout � fait le cas aujourd�hui. D�abord parce que leurs enfants portent un autre regard sur Cuba, et ensuite parce qu�une partie des exil�s �taient � l�origine des r�fugi�s �conomiques (sortes de harraga avant l�heure) arriv�s dans les ann�es 1980 et 1990. Pour rappel, Cuba est soumis � un embargo �conomique et financier d�cr�t� par John Kennedy depuis 1962, embargo alourdi par la loi Helms-Burton en 1996, avant que George Bush, qui a inscrit Cuba parmi les pays de �l�axe du mal�, ne le durcisse encore. Par ces diverses mesures, les Etats-Unis pensaient �touffer Cuba et provoquer l�effondrement du r�gime socialiste de Fidel Castro. De plus, malgr� l�effondrement des pays socialistes d�Europe en 1989-90, notamment de l�URSS, qui coop�raient avec l��le, et qui s�est traduit par d��normes difficult�s pour Cuba, le r�gime cubain est toujours l�. Quarante-sept ans, donc, d�embargo s�v�re, Cuba est toujours debout. La raison, sinon l�une des raisons principales, c�est que contrairement � la plupart des pays d�Am�rique latine, Cuba affiche un taux d�alphab�tisation � 100%, un enseignement sup�rieur de haut niveau, une m�decine de qualit� au point o� l�OMS (Organisation mondiale de la sant�) classe Cuba au 20e rang avant les Etats-Unis, class�s 23e ! En mati�re culturelle (th��tre, ballet, livres, peinture, art moderne, musique surtout�) Cuba est loin devant des pays comme le Br�sil. Et au plan sportif, en d�pit de moyens d�risoires, elle continue de produire des sportifs de haut niveau en athl�tisme, en boxe, en volley-ball et en basket-ball. Elle occupe le 51e rang sur l'�chelle de l'indicateur de d�veloppement humain (IDH) du PNUD alors que l�Alg�rie se classe � la 100e place. Certes, en mati�re de libert�s, il y a beaucoup � dire. Et � faire. Mais, l�embargo, les multiples tentatives d�assassinat de Fidel Castro qu�un ancien agent de la CIA a r�v�l�es dans un livre qui a fait du bruit aux Etats-Unis, ne pouvaient qu�inciter le r�gime cubain � se replier et � voir dans toute tentative de critique de sa politique un �complot imp�rialiste�. En outre, aveugl�s par leur anticommunisme, ils ont sous-estim� le patriotisme cubain. Car dans ce pays qualifi� de �dictature �, les Cubains parlent. Et s�il y a une chose qu�ils ex�crent, c�est bien le fait que des Occidentaux viennent leur recommander ce qui est le mieux pour eux. Cela �tant, il faut savoir qu�un rapport de la Commission des relations �trang�res du S�nat am�ricain a admis que l�embargo a �t� inefficace et qu�il a eu l�effet inverse du but recherch� : le renforcement du r�gime cubain. Qui plus est, selon des sondages publi�s r�cemment dans les m�dias am�ricain, ils sont plus de 70% d�Am�ricains � �tre favorables � une normalisation avec Cuba. En plus du fait que Barack Obama ait d�cid� de recadrer la politique des Etats- Unis envers l�Am�rique latine, afin de faire oublier les ann�es Bush, ce sont aussi ces faits qui ont conduit le chef de la Maison Blanche � d�velopper une autre politique envers Cuba. Certes, il vient de faire un geste, mais le plus dur reste � faire : la lev�e totale et sans condition d�un embargo qui n�a plus sa raison d��tre depuis que la �guerre froide� a cess� !