Le gazoduc Nabucco, un tuyau de 3 300 km qui doit permettre � l'Europe de r�duire sa d�pendance � l'�gard de la Russie, a b�n�fici� hier d'un �lan politique moins fort qu'escompt� des pays de la Caspienne, et le projet attend toujours du gaz et de l'argent pour d�coller. Une r�union organis�e par l'Union europ�enne a rassembl� � Prague tous les pays clefs de Nabucco: ceux disposant de ressources gazi�res (r�gion Caspienne et Egypte), ceux servant au transit (Turquie et G�orgie) et ceux qui consommeront le gaz transport� (les Europ�ens). Fausse note malgr� les satisfecits officiels: les repr�sentants de l'Ouzb�kistan, du Kazakhstan et du Turkm�nistan, trois pays ex-sovi�tiques d'Asie centrale riches en hydrocarbures, ont refus� de signer une d�claration politique finale du sommet marquant un soutien politique fort � Nabucco. Le Premier ministre tch�que d�missionnaire, Mirek Topolanek, dont le pays pr�side l'UE, a pr�f�r� insister sur �la premi�re historique� qui a consist� � faire signer une d�claration de soutien tr�s pr�cise � l'Azerba�djan, la G�orgie, la Turquie, l'Egypte et l'UE. Mais l'Azerba�djan ne pourra pas � lui seul approvisionner Nabucco, ainsi qu'un autre projet turco-grec plus modeste, discut� � Prague, le gazoduc ITGI. Les autres pays d'Asie centrale pr�sents �n'aiment pas signer ce type de d�claration, ils ne le font jamais et aujourd'hui n'a pas fait exception�, a tent� d'expliquer M. Topolanek. Leur prudence pourrait aussi s'expliquer par le statut tr�s incertain de la Caspienne: des n�gociations sont en cours depuis des ann�es pour d�terminer s'il s'agit d'une mer ou d'un lac, ce qui change les titres de propri�t� du gaz. �Nous n'avons pas de statut r�glementant les ressources de la mer Caspienne�, a d'ailleurs soulign� Anatoli Yanovski, le vice-ministre russe de l'Energie pr�sent � la r�union en tant que simple observateur, aux c�t�s des Am�ricains et des Ukrainiens. Les signataires des conclusions du sommet ont toutefois promis de progresser sur cette questions cruciale. �Nous avons d�montr� que l'UE prend ce projet tr�s au s�rieux, nous allons apporter un cadre l�gal, financier et politique aux entreprises concern�es �, a r�sum� le pr�sident de la Commission europ�enne Jos� Manuel Barroso devant la presse. �Evidemment, nous aurons besoin de financements publics et priv�s pour faire d�marrer les projets�, a rappel� M. Topolanek. Nombre de sp�cialistes du secteur �nerg�tique jugent le projet pour l'instant compromis par la crise financi�re. Th�oriquement, la construction de Nabucco doit commencer en 2011 afin qu'il devienne op�rationnel en 2014. Mais 7,9 milliards d'euros sont n�cessaires. La r�union a permis n�anmoins d'officialiser une r�elle avanc�e dans le domaine du transit du gaz. Apr�s des mois de n�gociations tr�s dures, la Turquie a enfin signal� sa volont� de conclure �d'ici la fin juin� un accord sur les modalit�s de transit de gaz de Nabucco � travers son territoire, a pr�cis� M. Barroso. La d�claration finale du sommet pr�cise que la Turquie et les pays europ�ens concern�s feront tout pour boucler � cette date �un accord intergouvernemental sur Nabucco. Selon les n�gociateurs, seuls quelques d�tails techniques subsistent. �La Turquie, qui s'achemine vers une adh�sion � l'UE, a adopt� une politique �nerg�tique visant � renforcer sa s�curit� d'approvisionnement national � travers la diversification de ses ressources et de ses routes, contribuant ainsi � la s�curit� �nerg�tique de l'Europe�, a soulign� le pr�sident turc Abdullah G�l devant les participants du sommet. Une mani�re pour Ankara, sans le dire explicitement, d'utiliser l'arme de Nabucco pour faire pression sur les Europ�ens afin qu'ils acc�l�rent les n�gociations d'adh�sion, tr�s controvers�es, de la Turquie � l'Union europ�enne.