Cherchant à prix de gros efforts de trouver une alternative au gaz russe, les Européens devront constater que les options présentées jusqu'à présent auront du mal à aboutir. La semaine dernière, les 27 ont organisé à Prague un sommet extraordinaire pour faire avancer le projet de "corridor sud", un dispositif destiné à connecter l'Europe aux ressources énergétiques de la mer Caspienne via la Turquie. Le gazoduc Nabucco, qui doit relier l'Azerbaïdjan à l'Autriche, est la pierre angulaire de ce projet, baptisé "nouvelle route de la Soie". Néanmoins, le Nabucco devra en découdre avec un problème de taille, où trouver les ressources pour approvisionner le gazoduc en question, d'autant plus que les Républiques d'Asie centrale, lesquelles détiennent les réserves gazières les plus importantes n'ont pas pris d'engagement ferme pour ce qui est du Nabucco. En parallèle les projets gaziers russes avancent et à grands pas. Destinés à contourner l'Ukraine, le North Stream et le South Stream semble recevoir l'assentiment de nombreux pays de transit. Ainsi, le géant gazier russe, Gazprom a signé, vendredi, des accords avec ses partenaires bulgare, serbe et grec pour créer des coentreprises, en vue de la construction du gazoduc South Stream. Il faut savoir que South Stream est un projet promu par Gazprom et Eni, et qui fournira d'ici à 2016 du gaz russe vers l'Europe méridionale (pays des Balkans, Grèce, Italie, Hongrie, Autriche) via le fond de la mer Noire et de la mer Adriatique. L'étendue de son tronçon maritime constitue 900 km, la profondeur maximale - 2000 m. Son coût dépasse 20 milliards d'euros. Dans ce sens, Gazprom et Eni prévoit de "doubler la capacité de transport du secteur maritime du gazoduc South Stream, la portant de 31 à 63 milliards de mètres cubes de gaz par an. Nord Stream est un itinéraire foncièrement nouveau pour l'exportation de gaz russe vers l'Europe (avant tout vers les marchés allemand, britannique, néerlandais, français), qui reliera Vyborg (Russie) à Greifswald (Allemagne) en contournant les pays de transit traditionnels. Sa première conduite, longue de 1.200 km et d'une capacité annuelle de 27,5 milliards de mètres cubes, doit entrer en exploitation en 2011. L'opérateur du projet est la société Nord Stream AG enregistrée en Suisse et détenue à 51% par Gazprom, à 40% par les allemands Wintershall Holding et E.ON Ruhrgas et à 9% par le néerlandais Gasunie. Gazprom affirme que les partenaires ont abordé les négociations sur l'adhésion de Gaz de FranceSuez au projet. A travers les deux gazoducs la Russie s'engage à livrer à assurer les approvisionnements. Moscou se défend d'ailleurs de vouloir renforcer la dépendance de l'Europe envers son gaz. Ainsi, du côté de Gazprom on estime que les projets de gazoducs Nord Stream et South Stream ne rendront pas l'Europe dépendante des livraisons russes, et de ce fait ne menacent pas sa sécurité énergétique. Dans ce sens, le premier ministre russe, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie ne s'oppose pas aux projets de gazoducs alternatifs, dont le projet de l'Union européenne Nabucco. D.T.