Au moment o� l�initiative espagnole d�ouvrir le �dialogue des civilisations�, face aux h�rauts de la �guerre des civilisations �, prend de l�ampleur et est second�e dans la r�gion par l�id�e du dialogue euro-m�diterran�en, l�on assiste � l�organisation de plusieurs manifestations visant � se mettre au diapason de ces nouvelles tendances consid�rant le dialogue comme un facteur fondamental pour jeter les bases de la compr�hension mutuelle des diff�rents aspects qui rythment la vie sur les deux rives de la M�diterran�e. De notre correspendant � Madrid, M�hamed Elmansouri On peut placer dans ce contexte la �Rencontre internationale Alcala-Oran 1509-2009�, organis�e par l�Universit� d�Alcala de Henares, pr�s de Madrid, et l�Universit� d�Oran, � travers laquelle des universitaires oranais et espagnols ont abord� durant trois jours (du 6 au 8 mai) diff�rents th�mes li�s � la pr�sence espagnole � Oran, comme le pr�cisent les organisateurs dans leur pr�sentation de cet �v�nement : �Oran et Alcala ont une relation historique sp�ciale que nous souhaitons rappeler cette ann�e. Mai 2009 marque le cinqui�me centenaire de la conqu�te d�Oran par le cardinal Cisneros (�), la moiti� d�un mill�naire de vie riche et agit�e tr�s li�e � la ville d�Alcala.� La rencontre internationale a �t� d�nomm�e �Las campanas de Oran� (Les cloches d�Oran), puisque, selon certains auteurs, le cardinal Cisneros avait rapport� de la ville conquise des canons pour en fondre le bronze et modeler les cloches de la chapelle universitaire de San Ildefonso. Loin de faire l�apologie de la conqu�te espagnole de la ville d�Oran, la rencontre a constitu� un espace pour �rappeler et renforcer les profonds liens culturels qui unissent les deux villes� et �d��voquer les diff�rents moments historiques de cette relation multis�culaire, en tenant compte aussi du fait qu�Oran est pr�sente dans la vie et l��uvre de Miguel de Cervant�s, dans l��migration espagnole contemporaine, dans l�exil r�publicain apr�s la guerre espagnole de 1936 ainsi que dans l�immigration maghr�bine actuelle, sans parler des �changes culturels mutuels de longue trajectoire �. Durant trois jours, donc, les intervenants d�tailleront dans leurs communications divers aspects qui ont marqu� la pr�sence espagnole dans la r�gion d�Oran pendant presque trois si�cles (de sa prise en 1509 par le cardinal Jimenez Cisneros et le comte Pedro Navarro, jusqu�� sa lib�ration par le bey Mohammed El Kebir Othman en 1792). La majorit� des intervenants ont mis l�accent sur l�h�ritage multidimensionnel laiss� par cette p�riode sur le plan architectural (forts de Santa Cruz, San Gregorio et la Mona, la Mairie�), sur le plan culturel et linguistique (hispanismes vivants jusqu�� l�heure actuelle) ou sur l�analyse des conditions historiques de la conqu�te d�Oran et du retrait espagnol. D�autres communications traitaient du lien existant entre la vie et l��uvre de Miguel de Cervant�s, auteur de Don Quichotte (captif � Alger durant cinq ans, au XVIe si�cle), avec l�Alg�rie, ou de l��crivain fran�ais d�origine espagnole Emmanuel Robl�s, n� � Oran au d�but du XXe si�cle. Certaines interventions rapportaient aussi les notes de chroniqueurs espagnols et arabes sur l�Alg�rie du XVIIIe si�cle, mais la communication sur l��uvre du po�te alg�rien Lakhdar Benkhlouf (VIIIe si�cle) m�rite une attention particuli�re. Dans son po�me Qassat Mazagran, une �uvre de malhoun en arabe dialectal, il d�crit minutieusement l�arm�e espagnole (intendance, organisation, armes), ainsi que son chef, le comte Alcaudete. Un aspect qui fera l�objet d�autres interventions sera l��tablissement des Espagnols � Oran lors de la colonisation fran�aise, en une premi�re vague � la fin du XIXe si�cle, puis comme exil�s r�publicains � la fin de la guerre civile espagnole en 1939 pour se fondre dans la population des pieds-noirs d�Alg�rie. En parlant de ces derniers, une intervenante apporte son t�moignage personnel : �Nous sommes les derniers pieds-noirs espagnols survivants d�Oran, n�s de p�res r�publicains ou seulement de gauche en exil, qui ont d� aussi partir d�Oran (�). Les gouvernements, � leur guise, disent que nous sommes espagnols ou fran�ais, d�autres disent que nous sommes �moros� (Arabes). Nous sommes simplement oranais�� Dans le m�me esprit, quelques communications d�criront la presse et le th��tre espagnols qui existaient � Oran durant la p�riode de colonisation fran�aise. Enfin, une partie des intervenants s�int�ressera � l�image que se font les Alg�riens de l�Espagnol, � travers les st�r�otypes (n�gatifs ou positifs) pr�sents dans la soci�t� alg�rienne. Pendant trois jours, l�Universit� d�Alcala de Henares aura donc �t� non seulement un florissant espace d��changes de points de vue historiques, de partage d�id�es sur la pr�sence espagnole � Oran et le lien historique de celle-ci avec Alcala, mais aussi une tribune de plus, o� universitaires alg�riens et espagnols ont appel� � assumer les liens qui unissent les deux rives de la M�diterran�e et ont plaid� la cause de la connaissance de l��autre� dans un monde global.