La d�gringolade et la d�pr�ciation du dollar face � l�euro affectent directement l��conomie nationale, impactent sur la balance commerciale et remettant en cause la pertinence de la politique mon�taire en cours. Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Face � l�euro, le dollar a franchi, avant-hier, le seuil de 1,40$ pour la premi�re fois depuis plus de cinq mois. En une semaine, la devise am�ricaine a perdu pr�s de 3,5% de sa valeur face � un panier de monnaies de r�f�rence. Une d�pr�ciation que les analystes financiers et les �conomistes lient directement � l�aggravation des d�ficits budg�taires aux Etats-Unis. Or, les d�ficits sont appel�s � d�passer les 1 700 milliards de dollars dans la mesure o� le Tr�sor am�ricain s�endette de plus en plus, le gouvernement d�pense davantage pour contrer la crise �conomique et les taux d�int�r�t de la R�serve f�d�rale s�approchent de z�ro pendant un certain temps. C�est dans ce contexte que le dollar se replie et l�euro pourrait atteindre 1,50 et m�me 1,60 dollar. Un d�rapage de la monnaie am�ricaine qui risque de perdurer si les signes de reprise �conomique ne se confirment pas avant 2010. Impact sur les r�serves de changes Or, m�me avec un baril � plus de 60 dollars (61,67 dollars le baril de brut pour livraison en 2009 vendredi dernier), c�est l��conomie alg�rienne qui est directement affect�e par cette d�gringolade de la devise am�ricaine. Elle est affect�e d�autant que l�Alg�rie exporte en dollars, importe en euros, et place une bonne partie de ses r�serves de changes dans des bons du Tr�sor am�ricain qui, comme l�explique l�expert international Abderrahmane Mebtoul, se d�pr�cient sensiblement. Ce qui est � conjuguer � la d�pr�ciation du dollar, un taux d�int�r�t de la R�serve f�d�rale am�ricaine de 0,25% et un taux d�inflation aux Etats-Unis de 1%. Et m�me si les r�serves de changes plac�es en euros s�appr�cient quelque peu du fait de la loi des grands nombres. Dans ce contexte, m�me si la Banque d�Alg�rie a opt� intelligemment pour la diversification de ses placements, notre pays reste n�anmoins perdant pour ses placements en titres souverains europ�ens, du fait que le taux directeur de la Banque centrale europ�enne est faible (1%) et que le taux d�inflation dans la zone euro fluctue autour des 1%. Impact sur la balance commerciale Comme notre pays est affect� dans ses exportations d�hydrocarbures qui sont factur�es en dollars, �tant p�nalis� d�autant qu�en termes de parit� de pouvoir d�achat de l�euro qui s�est appr�ci�, le cours r�el du brut est de l�ordre de 55 dollars. M�me si la remont�e de l�euro permet un certain gain en termes de parit� de pouvoir d�achat en dollar. Mais aussi dans ses importations libell�es essentiellement en euro qui suivent une logique ascendante malgr� les mesures gouvernementales en �uvre. Avec un montant de 40 milliards de dollars en 2008, les importations risquent d��tre ch�res notamment pour les �quipements et les mati�res premi�res et biens de consommation. Sans omettre la multiplication par deux de la facture d�importation des services non facteurs et la saign�e provoqu�e par les transferts de dividendes m�me impos�s. De surcro�t, des importations major�es en raison de la d�valuation du dinar mise en branle par la Banque d�Alg�rie par rapport � deux monnaies qui �voluent diff�remment. En rappelant, selon un confr�re, que la parit� du dinar d�termine le prix de vente final de l��quivalent de plus de 18 milliards de dollars de biens destin�s � la revente en l��tat et au traitement. Faut-il revoir la politique mon�taire en cours ? Et c�est justement la politique mon�taire de la Banque centrale qui manque de clart� et de pertinence selon moult �conomistes dont l�expert susnomm�. A quoi sert, en effet, de continuer � placer des r�serves de changes dans des bons du Tr�sor de plus en plus minor�s en valeur, quoique garantis par des Etats et dans des banques internationales dont certaines sont sujettes � faillite ? Mais aussi serait-il pertinent de retirer les sommes plac�es, en les rapatriant ou en les pla�ant dans le march� obligataire, en subissant de facto une d�cote de l�ordre de plus de 20% ? Il s�agit, en fait, pour la Banque centrale de clarifier sa politique mon�tariste, au-del� de la rh�torique habituelle sur la stabilisation du taux de change. Questionnements sur la valeur du dinar Au lieu de r��valuer le dinar dans le contexte de gonflement des exc�dents en devises, la Banque d�Alg�rie a pr�f�r� bloquer son appr�ciation. Voire, l�autorit� mon�taire a l�ch� la monnaie nationale alors que les prix du p�trole n�ont eu de cesse de baisser ces derniers temps. Quoique le dinar ait baiss� tant sur le march� interbancaire, se traduisant en prix �lev�s pour certains biens import�s domicili�s, que sur le march� informel o� les demandeurs ne trouvaient pas assez d�euros. Dans cet ordre d�id�es, faut-il sous-�valuer le dinar pour assurer une plus forte attractivit� aux investissements �trangers au d�triment du pouvoir d�achat des salari�s et gonfler ainsi la fiscalit� p�troli�re, ou doit-on r��valuer le dinar pour mieux soutenir ce pouvoir d�achat face � l�inflation ? Il importe aussi, pour la banque centrale, de g�rer mieux, de fa�on plus claire et de mani�re plus active nos r�serves de changes, en adoptant une attitude moins timor�e et davantage conforme � nos int�r�ts, en s�expliquant clairement sur les choix op�r�s. Comme il s�agit pour l�autorit� mon�taire et bancaire et le minist�re des Finances de coordonner r�ellement leurs discours et actions concernant la gestion financi�re et mon�taire, la balance des paiements tant globale que celle commerciale� En d�autres termes, la d�pr�ciation du dollar et l�appr�ciation de l�euro, outre qu�elles impactent sur la balance commerciale, remettent en cause toute la pertinence de la politique mon�taire et financi�re en �uvre.