Le proc�s controvers� de 56 personnes, dont deux g�n�raux en retraite, accus�es de complot contre le gouvernement islamo-conservateur de Turquie, dans l'affaire Ergenekon, a commenc� hier � la prison de Silivri, pr�s d'Istanbul. Peu apr�s l'ouverture du proc�s, des procureurs ont rajout� une liste de plusieurs dizaines de nouveaux suspects dans une affaire qui, selon l'opposition, sert de pr�texte au gouvernement pour s'en prendre � ses ennemis. Environ 200 manifestants pro-la�ques et favorables aux inculp�s se sont rassembl�s devant le tribunal, une salle multisport am�nag�e � cet effet, qui fait partie de la prison de Silivri, � environ 50 km du centre d'Istanbul. La plupart d'entre eux �taient venus soutenir le journaliste prola�que Tuncay �zkan, opposant virulent au gouvernement, qui fait partie des inculp�s. �Ne te tais pas, n'abandonne pas !�, scandaient les manifestants devant des gendarmes en tenue anti�meutes. Certains portaient des badges � l'effigie d'Atat�rk, fondateur de la Turquie moderne. �Je suis un prisonnier politique. Je n'ai commis aucun crime (...) Je suis un d�fenseur d'Atat�rk. Ne permettez pas qu'on me garde en prison seulement parce que je suis un opposant�, a cri� M. �zkan devant les juges. La comparution de ces suspects a relanc� le proc�s controvers� de ce r�seau putschiste pr�sum�, dans un pays o� l'arm�e a chass� quatre gouvernements du pouvoir, depuis 1960. Le m�me tribunal juge d�j�, depuis octobre, 86 accus�s dans cette affaire. Parmi les 56 nouveaux pr�venus, dont 21 sont d�tenus, figurent plusieurs ex-g�n�raux, dont l'ancien chef de la gendarmerie Sener Eruygur, l'ex-g�n�ral d'arm�e H�rsit Tolon et l'ex-g�n�ral de brigade Levent Ers�z, d�sign�s par l'acte d'accusation comme les dirigeants de la conspiration. Parmi les pr�venus figurent aussi le journaliste Mustafa Balbay, des hommes d'affaires, des politiciens et m�me l'�pouse d'un juge de la Cour constitutionnelle. Sener Eruygur, qui avait �t� lib�r� pour raisons de sant�, n'�tait pas pr�sent � l'ouverture du proc�s, de m�me que l'ex-g�n�ral Ers�z, malade et en d�tention. L'ex-g�n�ral Tolon �tait pr�sent, de m�me que MM. Balbay et �zkan. Ce nouveau proc�s est tr�s attendu, pour �claircir cette affaire de complot pr�sum�. Le r�seau Ergenekon, d'inspiration nationaliste, aurait projet� de commettre des assassinats afin d'amener l'arm�e � renverser le gouvernement, soup�onn� d'avoir le projet inavou� d'islamiser la soci�t� turque. Cette affaire, qui a fait surface en 2007 avec la d�couverte de caches d'armes, a cr�� des tensions entre le gouvernement et l'arm�e, qui se consid�re comme garante du r�gime la�que, et qui se voit mise en cause d'une mani�re in�dite. Parmi les 56 pr�venus, neuf sont accus�s d'�tre les �dirigeants d'une organisation terroriste arm�e�, et risquent la prison � vie. En marge du proc�s, des procureurs charg�s du dossier ont annonc� � la presse qu'ils avaient formul� des demandes d'inculpation concernant un nouveau groupe de 52 personnes. Ils seront jug�s si le tribunal d'Istanbul d�clare le dossier recevable, dans un d�lai de 15 jours. Les membres de ce nouveau groupe, dont les identit�s n'ont pas �t� divulgu�es, sont accus�s de tentative de putsch, appartenance � un groupe arm�, possession d'armes. Selon les procureurs, de nombreuses armes ont par ailleurs �t� d�couvertes, dans ce nouveau dossier. L'enqu�te Ergenekon s'est orient�e ces derniers mois vers des militaires d'active, dont plusieurs ont �t� arr�t�s. Pour cette premi�re journ�e du second proc�s, la cour a relev� hier les identit�s des pr�venus et devait lire l'acte d'accusation, un document de pr�s de 2 000 pages.