Pour une fois, les images de la t�l�vision syrienne n'�taient pas trompeuses. L'ambiance bon enfant, plut�t chaleureuse, r�gnant entre Syriens et Am�ricains, avec d'un c�t� Bachar al-Assad et ses collaborateurs et de l'autre l'�missaire am�ricain George Mitchell, dont c'�tait la deuxi�me visite � Damas, n'avait rien de d�magogique. Par Hassane Zerrouky Mieux, c'est � Damas, et non au Caire, que le ministre des Affaires �trang�res fran�ais, Bernard Kouchner, a pr�sid� la Conf�rence r�gionale des ambassadeurs fran�ais ! Ainsi, apr�s une travers�e du d�sert qui a dur� cinq ans (2005-2009), la Syrie est redevenue fr�quentable. Pourtant, ce pays �tait accus� par l'Am�rique de Bush de servir de base arri�re aux �l�ments d�Al- Qa�da activant en Irak, de laisser les djihaddistes en provenance de divers pays transiter par Damas voire m�me de les soutenir, de d�stabiliser le Liban et, pis, d'�tre l'alli� de T�h�ran dans la r�gion ! La Syrie �tait alors dans le collimateur de l'Administration Bush qui n'excluait pas, une fois qu'elle en aurait fini avec l'Irak, de renverser le r�gime de Bachar al-Assad, class� alors parmi les pays de �l'axe du mal�! Pis, pour Washington mais aussi Paris, l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri constituait un fait aggravant pour le r�gime syrien suspect�, sans preuves, d'en �tre l'instigateur. Le Caire et Riyad, alli�s de Washington, pour qui Damas constituait un rival � leur h�g�monie r�gionale, ne rataient pas une occasion pour alimenter les suspicions occidentales � l'�gard du r�gime ba�thiste, et ce tout en soutenant, en sous-main, la branche syrienne des Fr�res musulmans qui se proposent d'instaurer un Etat islamique en Syrie. Or, � l'instar du Liban, la Syrie est un Etat multiconfessionnel o� l'Islam n'est pas la religion de l'Etat et o� les sunnites, majoritaires, cohabitent avec les alaouites, les chiites, les druzes et les diverses communaut�s arabes chr�tiennes. On peut ais�ment imaginer d�s lors les cons�quences que provoquerait l'arriv�e des islamistes au pouvoir : une guerre civile � la libanaise ! Isra�l, qui a compris tout le profit � tirer de cette situation, �uvre pour le renversement du r�gime de Bachar al-Assad et l'implosion de la Syrie en une myriade de micro-Etats confessionnels. Sous pr�texte d'instaurer la d�mocratie, George Bush et les n�oconservateurs qui le savaient, poussaient dans cette direction, avec la caution de l'Arabie saoudite et de l'Egypte ! Depuis 2008, la situation a radicalement chang�. La Syrie n'est plus boycott�e diplomatiquement. Paris a nomm� un ambassadeur. Washington va le faire incessamment. Suivant l'exemple am�ricain, l'Arabie saoudite va d�p�cher un ambassadeur. Le fait que la Syrie ait d�cid� d'�tablir des relations diplomatiques avec le Liban, pays dont elle n'a jamais voulu reconna�tre l�existence en tant qu'Etat ind�pendant, a sans doute modifi� l'image du r�gime de Bachar al-Assad. Le nouveau Premier ministre libanais, Sa�d Hariri, a fait le voyage � Damas... En r�alit�, les capitales occidentales, Washington en t�te, sont parvenues � la conclusion que Damas est incontournable pour toute solution de sortie de crise r�gionale. Certes, le fait de courtiser la Syrie n'est pas d�nu� d'arri�re-pens�es : les Etats-Unis n'ont pas renonc� � casser l'alliance entre Damas et T�h�ran, � isoler l'Iran en cas d'aggravation de la crise sur la question du nucl�aire iranien. Tout comme ils escomptent amener le r�gime syrien � assouplir sa position � l'endroit de son opposition. Car en mati�re de respect des libert�s et des droits de l'homme, le r�gime syrien a beaucoup de chemin � faire. Et c�est le moins qu�on puisse dire ! H. Z. N B : en raison des vacances, la chronique ne para�tra pas le jeudi 6 ao�t. Elle reprendra le 13 ao�t.