Plus de 10 000 visiteurs, entre nationaux et étrangers, viennent au quotidien s'approvisionner et commercer dans cette caverne d'Ali Baba. Devenu, en l'espace de quelques années, un véritable pôle régional et même national du commerce, le fameux souk Dubaï n'en finit pas de grandir et de s'amplifier. Il est officiellement quasi impossible de quantifier ou de comptabiliser les colossales sommes d'argent qui circulent et s'échangent dans ce giron du commerce des plus informels. D'officieuses approches et analyses estiment le flot monétaire, qui transite par ce lieu, à plus de 30 000 milliards de centimes par an, dont plus de 70 % échappent au contrôle de l'Etat. L'origine de ce souk remonte à des groupes de trabendistes, qui avaient élu zone de négoce et de commercialisation de marchandises, acheminées depuis les Emirats arabes unis, Dubaï en tête, à El Eulma. Ils ont ainsi fait de cet espace un lieu de business, qui deviendra très vite un carrefour commercial de taille, dépassant l'entendement. Plus de 10 000 visiteurs quotidiens, entre nationaux et étrangers, viennent s'approvisionner et faire du négoce à « Dubaï ». Comment cette petite ville d'El Eulma, jadis appelée ville des 40 foyers, et dont la superficie ne dépasse pas les 974 km2, qui n'est ni côtière, encore moins touristique, entourée de communes déshéritées, a-t-elle pu captiver l'intérêt et l'engouement de ces milliers d'importateurs occasionnels, issus de diverses couches sociales et se hisser au rang de ville du commerce international ? Sa situation stratégique, qui en fait un lieu de passage obligatoire entre l'est et l'ouest du pays, et sa proximité du marché de Tadjenanet, autre haut lieu de commerce informel, sont les facteurs prépondérants qui ont incité les barons du business parallèle à créer un pôle commercial, faisant concurrence au lobby connu de Tadjenanet. L'une des particularités de ce souk est qu'il est implanté en plein quartier résidentiel, qui ne se prête pas à une activité commerciale d'une telle intensité. Il convient de signaler que les commerçants ne sont pas les seuls à tirer profit de la renommée du souk, puisque les propriétaires des locaux louent à prix fort, 300 000 DA par mois, le garage. Les jeunes désœuvrés ont trouvé occupation et en tirent profit, qu'ils soient portefaix ou gardiens de parking, ils ont pu ainsi amasser des fortunes grâce à ces activités, bien lucratives. Ce grand marché est occupé par plus de 3 000 commerçants et accueille, au quotidien, des centaines de milliers de tonnes de marchandises diverses, et les locataires sont issus de toutes les régions du pays. Le quartier, donc, a été détourné de sa vocation première, de résidentiel, dont il ne gardera aucune trace. Il subira les affres d'une dégradation sans pareil, qui pèsera lourdement sur l'environnement. Artères défoncées, réseaux d'utilité totalement abîmés, et trottoirs entièrement squattés, tels sont les effets pernicieux hérités de l'expansion de ce souk, qui ne s'arrête pas. Cette situation mènera l'association des commerçants activant sur les lieux à réfléchir sur l'édification d'une ville commerciale, inspirée du modèle émirati. Une esquisse du projet aurait été soumise aux services de la présidence pour un entérinement, qui tarde à venir, selon les responsables de l'association. Le problème majeur, d'après ces commerçants, réside dans l'inadaptation des textes juridiques régissant le secteur de l'investissement. Les lenteurs au niveau de la banque, institution qui ne s'accommode pas des nouvelles règles du marché mondial, en sont la preuve. Sur le plan financier, le souk de Dubaï est devenu, incontestablement, une pièce économique de poids dans l'échiquier de l'Etat, devant être pris en compte dans la politique de développement. En effet, avec les 26 000 postes d'emploi créés, et la plus-value mensuelle engendrée, il est difficile de composer avec les nouvelles données de l'économie mondiale, sans une sérieuse prise en charge de la problématique du souk Dubaï par l'Etat.