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Sousse aux multiples rythmes
Publié dans Le Soir d'Algérie le 12 - 08 - 2009

La ville est en transes ! Elle offre ce qu�elle a de plus sacr� dans une ambiance de souk o� se fr�lent tous les fantasmes de touristes en mal d�exotisme ou tout simplement amoureux de cette r�gion qui a vu na�tre Hannibal, aujourd�hui enseigne de sacro-saint pittoresque qui fait de Sousse, durant un �t�, la cit� de l��ph�m�re !
En cette ann�e, trenti�me anniversaire de la cr�ation du port El-Kantaoui, joyau � jamais conserv� dans la m�moire des touristes, on croirait � une fin de cycle, mais le russe approximatif parl� par les jeunes rabatteurs des ruelles commer�antes de la vieille ville, Bled El-Arbi, annonce une survie sinon une embellie, malgr� la crise qui frappe, ici, ceux qui �n�y sont pour rien�, comme l�affirme un jeune homme qui tient boutique � l�entr�e de Abou Ja�fer. Les Russes arrivent et leur visibilit� est plus significative que la bruyante pr�sence de milliers de jeunes Alg�riens � pied, en carriole ou en voiture ! Sous la blanche lumi�re qui tombe du ciel, tous les d�plac�s volontaires se ressemblent : le sourire pr�t au- dessous d�un regard vif, attentif et curieux de tout ; la d�marche de promeneur sans but, mais avec un visible �tonnement de ce qu�ils �d�couvrent�. Des surprises, il y en a ! L�extension des plages du centreville vers le port, autant d�espaces pris � la mer. La r�habilitation d�une st�le d�di�e � des syndicalistes debout retenant un des leurs bless�s par la police coloniale : ce monument attire une foule de joyeux �trangers qui prennent la pose avec fugitivement, un regard grave, comme touch�s par l�humanit� qui se d�gage de ces pierres fig�es dans la m�moire. Les Soussis ont des attitudes diff�rentes selon qu�ils sont commer�ants, restaurateurs, ou observateurs immobiles de toute cette agitation : les premiers attendent patiemment le chaland, les seconds arborent un sourire permanent et une bonne volont� inoxydable, les attabl�s aux terrasses des caf�s ont le regard un peu blas� de gens qui en ont vu d�autres et qui restent soucieux de ne rien perdre du spectacle ! La nuit, les attractions, les enseignes des palaces, des commerces transforment les apparences et les formes se silhouettent pourrait-on �crire ; les visages blafards, les mouvements sont plus brusques, comme si les lumi�res de la nuit �lectrisait ceux qui quelques heures auparavant �taient de �gentils � promeneurs. Il y en a qui cherchent quelque chose, d�autres qui ont rencontr� la personne qui manquait � leur vie, d�autres encore hurlent � partir de leur voitures �one, two, tree : viva l�Alg�rie� ! Dans une compl�te indiff�rence...
Hauteurs
Il suffit d�une cinquantaine de pas en arri�re de la bande littorale, o� para�t se jouer l�avenir de la communaut� pour aborder � un autre rivage, � des cimes inatteignables pour qui ne prend pas le pouls du monde ou qui n�a pas la chance d�entrer dans les salles d�exposition qui sont autant de lectures du monde r�el, de la �civilisation mondiale�, de la caresse des femmes, des symboles retrouv�s et communs � toutes les civilisations. Cet univers-ci est fondu, forg�, transform� par un artiste de g�nie, un marqueur des crises majeures pass�es et � venir ; ses �uvres n�es du feu sont un cri de l�inhumanit� de ce pr�sent qui ne veut point passer, son �criture o� se m�lent l��v�nementiel et la longue �marche de la paix� de tortues. L��v�nementiel est dans cette mutation des arm�es modernes qui remportent des victoires �clatantes en massacrant des femmes et des enfants, des vieillards sans d�fense ! Que sont devenues les lois de la guerre ? O� est la chevalerie ? En Irak, en Afghanistan ? A Ghaza ? Ces nouvelles arm�es sont des soldats hermaphrodites, des gnomes qui s�ment la mort en avan�ant la poitrine nue ! Taieb Ben Hadj Ahmed est � la forge pour d�sincarc�rer les id�es en leur donnant forme ; il est � la soufflerie pour cr�er ces �tres tueurs � on pense tout de suite � la GI aux chiens d�Abou Ghraib � il est au bloc op�ratoire pour recoudre toutes les chairs et membres d�chiquet�s par les violences ; il met en ordre de marche patiemment les tortues qui sont, il vous l�apprend � un symbole de paix ! Taieb, A�m Taieb pour les initi�s de Sousse, a des plaques de signalisation qui indiquent sa maison aux carrefours de la ville ! Soit, le mus�e priv� d�art contemporain. On entre dans ce mus�e comme dans un miroir� On en ressort, ou pas, transform� : plus humain, plus sensible, plus proche des gens, plus intelligent avec en plus l��l�gance du c�ur !
Celui qui aime �crit sur les murs
En d�ambulant par les coteaux de Sousse, plus que son fronton qui porte inscrite la raison d��tre de cet �difice, � savoir la biblioth�que r�gionale, c�est une exposition � ciel ouvert de tableaux de tailles diverses plaqu�es, rivet�es sous verre contre la fa�ade : les meilleurs travaux des �tudiants de l�Ecole des Beaux-arts ont �t� offerts aux regards, et il est impossible de passer sans s�arr�ter comme s�il en �manait un imp�rieux attrait. Le th�me du travail impos� �tait l��criture : les �tudiants ont peint ou �crit leurs �tats d��me, leur amour de la po�sie ; le plus touchant de ces tableaux qui ne sont pas imp�rissables est celui o� l�artiste a pass� sur le texte un chiffon tremp� dans l�argile blanche qui servait � effacer les textes des sourates apprises� Retrouver ce geste est une plong�e dans l�enfance, dans l�apprentissage du texte sacr� de l�Islam, le Coran ; ce sont les temps aussi de la lutte anticoloniale sous toutes ses formes � Cette biblioth�que d�veloppe des activit�s parmi lesquelles les rencontres des conteurs du Maghreb. La directrice et Lotfi Ben Salah ont � c�ur de p�renniser cette manifestation qui a vu la participation de conteurs alg�riens dont les performances ont retenu l�attention du public et des journalistes.
Tahrir El-Djazair
Au mois de mars 1958, quelques semaines donc apr�s le massacre de Sakiet Sidi Youssef perp�tr� par l�arm�e fran�aise, un com�dien monte une pi�ce dont le titre signifie �Lib�ration de l�Alg�rie�. Le pr�sident Habib Bourguiba honore de sa pr�sence la premi�re et confirme l�engagement de la R�publique tunisienne aux c�t�s des moudjahiddine alg�riens ! Il y a donc 41 ans, Mohamed Zerkati, cr�ateur de l� Association des amis du th��tre, annon�ait l�issue in�luctable du combat de lib�ration. Le r�le de ce grand com�dien �tait l�incarnation d�un g�n�ral fran�ais particuli�rement f�roce et aveugl� par sa toute puissance ; l�interpr�tation �tait si convaincante qu�un spectateur du premier rang sortit son arme et voulut mettre fin au calvaire d�une victime de cet officier sans noblesse. Zerkati ne dut son salut qu�� l�intervention des spectateurs et des com�diens qui r�ussirent finalement � faire entendre raison � celui qui semblait avoir pris � la lettre la devise �le th��tre, c�est la vie�. Tarek, le fils de cet artiste, est lui aussi com�dien ; il parle de cet �pisode avec �motion, tout en soulignant qu�un hommage avait �t� rendu � son d�funt g�niteur par le TNA. �Un projet de cr�ation mixte avait �t� �voqu� avec le directeur du TNA, Benguettaf� Nous serions tr�s heureux de contribuer au renforcement des liens de cr�ation avec les professionnels du th��tre en Alg�rie. Ce th��tre qui a �clair� la sc�ne, les sc�nes de tout le Maghreb et du monde arabe !� Ici, les Kateb sont des g�ants � qui ils s�estiment redevables, et pourtant, le th��tre tunisien c�l�bre cette ann�e son centi�me anniversaire ! Kateb Yacine a eu, durant une semaine, les honneurs des professionnels, des chercheurs et des journalistes ; c�est dire si quand les Tunisiens se m�lent d�une action, elle est men�e dans les r�gles de l�art, sans laisser aucune place � l�� peu pr�s ou � l�amateurisme : c�est leur mani�re � eux de rendre compte � leur peuple de ce qu�ils font de l�argent qu�il leur permet de gagner et des subventions qu�ils ont pu obtenir.
Un peintre philosophe
Allalouche est un peintre alg�rien tr�s connu en Tunisie et plus particuli�rement � Sousse, o� il a v�cu assez longtemps pour avoir un rayonnement reconnu de ses pairs � la premi�re chose dont parlent les peintres de Sousse, est de mettre en relief l�apport de ce peintre qui �est aussi, un grand philosophe !� Taieb Ben Hadj Ahmed le tient en grande estime et parle de lui avec effusion, lui qui semble avare, non pas de compliments lorsqu�ils sont m�rit�s, mais tout simplement par refus de se situer au-dessus des autres, portant un jugement sur leur travail. En somme, Allalouche a donn� de l�Alg�rien une image positive, cr�ative et raisonn�e Au centre culturel de Sousse, trois de ses tableaux ouvrent l�exposition collective.
Bruits des profondeurs
Ce qui frappe, c�est la diversit� des formes et des supports ; on s�impr�gne de toutes ces couleurs, de tous ces sujets ; on voudrait consacrer � chaque tableau un dialogue les �yeux dans les yeux� mais le regard est d�tourn�, capt� par deux tableaux : l�un est �fait� de traits, de lignes continues ou discontinues, entrecoup�es par une estafilade blanche. Il est sign� Amel Ga�far. Les espaces peints ou blancs sont �distribu�s� de mani�re � ce qu�on s�embarque dans des r�flexions sur les marges ou l�absence d�une histoire avec un d�but, un milieu, une fin. Pourtant le tableau est fini, car il r�sonne ! C�est le pari pris d�lib�r� de retenir l�attention, de soutenir le regard qui impose un tableau qui frappe par l�absence de perspective alors m�me que c�est une �foule� qui parcourt l�espace du tableau ! Une foule ? Plut�t des personnes qui existent et parlent d��galit�, de droit, qui connaissent tous les sentiments humains : cette qu�te-l� prend forme lorsque l�indicible n�a plus les mots de l��change et du partage. Lotfi Ben Salah est �conomiste de formation, �planificateur�, pr�cise-t-il ; il est aussi traducteur, auteur de th��tre, sc�nographe, organisateur des rencontres de Sousse des conteurs maghr�bins : tous ces formes d�expression ne suffisent pas, ne lui permettraient pas de dire ses �motions, en toute libert�. Taieb Ben Hadj Ahmed-Am Taieb, sorte de Prom�th�e portant la foudre et la caresse d�un corps de femme ; Amel Ga�far, la main qui ob�it sans retenue � ses �motions ; Lotfi Ben Salah, qui construit un cadre et d�limite un espace pour r�tablir une parole qui ait un sens ; Tarek Zerkati, qui, par devoir filial, rattrape l�Histoire par le bout de la m�moire. Ils sont d�j� inoubliables.


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