Les responsables tunisiens ont prévu une panoplie d'offres, proposées en étroite concertation avec les agences de voyages algériennes, afin de convaincre les Algériens de faire un séjour durant ce mois béni. Tout est pris en considération, à commencer par la restauration, à savoir les repas du f'tour et du s'hour, en passant par l'animation des veillées de Ramadhan. Même la prière des tarawih est prévue dans le programme d'animation des veillées. Depuis quelques années, le mois de Ramadhan coïncide avec la saison estivale. Cette donne, liée au hasard du calendrier, n'a pas laissé les responsables du secteur du tourisme en Tunisie indifférents. Il fallait concilier mois sacré et vacances. Tel est le souci majeur de tous les professionnels tunisiens qui mettent les bouchées doubles pour trouver la meilleure formule qui intéressera les touristes algériens qui sont, nous dit-on, de plus en plus exigeants. C'est ainsi que l'Office national du tourisme tunisien (ONTT) œuvre, depuis quelques années, à instaurer un plan de marketing alléchant qui fera drainer sans aucun doute un nombre important de vacanciers algériens durant le mois de Ramadhan. Les offres sont intéressantes et concurrentielles au point où le nombre d'Algériens ayant passé au moins une nuitée en Tunisie durant la première ou la deuxième quinzaine du mois de Ramadhan de cette année est beaucoup plus important que durant la même période de l'année écoulée, a-t-on appris de sources bien informées. Les propositions sont variées d'un établissement hôtelier à l'autre et d'une région à l'autre. Depuis quelques années, la satisfaction du 1,2 million de touristes algériens par an est le souci de tout un chacun chez nos voisins. Cependant, depuis l'an dernier, le mois sacré s'installe de plain-pied au beau milieu de la saison estivale. Les vacanciers musulmans, notamment les pratiquants, sont sommés d'écourter leurs congés pour se consacrer à ce mois sacré en famille dans leur pays. Ramadhan et saison estivale sans les Algériens : impossible ! Cet état de fait engendre un manque à gagner important, voire une baisse significative des recettes du secteur du tourisme, appelé aussi le pétrole tunisien. Pour faire face à cette situation et pour ne pas compromettre la saison estivale, les responsables ont prévu une panoplie de mesures et d'offres prises en étroite concertation avec les agences de voyage algériennes afin de garder, plus longtemps, les Algériens sur le sol tunisien et même durant le mois sacré. Tout est pris en considération, à commencer par la restauration, à savoir le repas du f'tour, celui du s'hour en passant par l'animation des veillées ramadhanesques et même la prière des tarawih est prévue dans le programme d'animation. Ramadhan ne doit, en aucun cas, être synonyme d'une saison estivale sans Algériens ou contrainte pour ces derniers qui généralement interrompent leurs vacances plusieurs jours avant le mois sacré. Même si les habitudes des Algériens ne sont pas loin de celles de nos voisins tunisiens, le menu est minutieusement étudié entre les partenaires des hôteliers tunisiens et les voyagistes algériens pour satisfaire tous les goûts et ne rien laisser au hasard. Ce travail de coordination avec les agences de voyage vise à réussir la saison. “Plusieurs hôteliers nous ont contactés au début du mois d'avril pour connaître les habitudes des Algériens durant le mois sacré. Rien ne doit être laissé au hasard et l'échec de la prise en charge des touristes algériens est synonyme de ratage de plusieurs saisons de Ramadhan”, nous dira Hatem, gérant d'une agence de voyage, qui nous a accompagné dans notre voyage. À Hasdrubal Thalassa et SPA, un hôtel cinq étoiles à port El Kantaoui à Sousse, les horaires du dîner sont adaptés pour les musulmans. Nous avons été invités par la représentation de l'Office national du tourisme tunisien en Algérie pour connaître les préparatifs qui feront une saison estivale réussie en plein Ramadhan. Une table copieusement garnie quelques minutes avant l'appel du muezzin est prête pour accueillir les clients jeûneurs. Du lait, des dattes, de la chorba frik et du bourek, servi chaud, à la demande du client. Dans le cadre de la prise en charge des estivants qui choisissent la Tunisie, connue pour ses belles stations balnéaires, les hôteliers n'ont pas omis de programmer des bus pour le déplacement vers les mosquées. En effet, pour la prière des tarawih, un bus assure la navette vers les mosquées de la ville. Au cas où les clients ne sont pas regroupés dans le même hôtel, il sera procédé au ramassage des fidèles. Il faut noter que Kairouan, à 57 kilomètres de Sousse et 157 kilomètres de la capitale Tunis, compte une des plus anciennes mosquées du monde et un monument comptant parmi les plus impressionnants du Maghreb. La Grande-Mosquée, fondée en 670 par le général arabe Oqba Ibn Nafea, est la première du Maghreb. Chaque jour, ce haut lieu de culte est la Mecque de centaines de fidèles qui s'y rendent de plusieurs villes de Tunisie, notamment Sousse, Monastir, Hammamet et Mehdia. Sousse, une ville qui ne dort pas Une ambiance bon enfant règne aux quatre coins de la ville de Sousse, appelée la perle du Sahel, et au niveau du port El Kantaoui. Une ville qui ne dort pas. Animation culturelle, artistique et des programmes de veillées de Ramadhan concoctés par les responsables du secteur de la culture en étroite collaboration avec leurs collègues du tourisme. Au niveau du plus important centre d'intérêt qu'offre la ville de Sousse, fondée avant Carthage, la médina qui, il faut le souligner, est parfaitement conservée. Elle compte des monuments de première importance dont le Ribat, une forteresse destinée à l'origine à abriter une communauté d'ascètes musulmans chargés de garder la côte, la Grande-Mosquée, construite en 850 par l'émir aghlabide Abou El Abbès Mohamed, et dont les murs de pierre de taille couronnés de merlons et cantonnés, aux angles, de grosses tours rondes, la font ressembler à une forteresse, la Casbah, le musée, la koubba surmontée d'une coupole, le musée d'art ainsi que les souks, en partie couverts, traversent la médina, les échoppes d'artisanat y alternent avec les cafés maures, où chaque soir des centaines de personnes se rendent pour veiller jusqu'au bout de la nuit. Au niveau du souk, vers minuit, nous avons rencontré Azzedine et Hassina K. et leurs filles Sabrina et Djihane. Ils nous ont affirmé qu'ils sont à Hammamet depuis le début du mois d'août, l'arrivée du mois sacré n'a pas perturbé leurs vacances et ils ont décidé de passer, pour la première fois, leurs vacances en Tunisie. “Nous n'avons pas regretté. La preuve, on a passé plus de dix jours ici et tout va bien. L'ambiance est là et nous profitons pleinement des journées et des soirées”, nous ont-ils affirmé. Hassina K. ajoute que “pour cette année, c'est moi qui prépare le f'tour. L'année prochaine, on optera peut-être pour un séjour dans un hôtel quatre ou cinq étoiles”, précise-t-elle. Le s'hour servi dans les chambres De retour à l'hôtel, et dès que vous franchissez la porte de la chambre, un plateau est déposé sur la table : du lait, du mesfouf, des fruits et des fromages pour le repas du s'hour. Du service dans les chambres car le nombre d'estivants algériens n'a pas encore atteint sa vitesse de croisière. “Si nous avons un grand nombre de touristes musulmans en plein Ramadhan, nous pourrons recourir au buffet”, nous dira le responsable de la restauration de l'hôtel Radisson Blu à Monastir. “Nous sommes obligés de travailler afin de rentabiliser la structure et en même temps faire plaisir à nos clients algériens. Nous serons ainsi tous les deux gagnants”, renchérit notre interlocuteur qui trouve un grand plaisir à servir le repas du s'hour dans les chambres en prenant en considération la demande de chaque client. “Le nombre de touristes algériens pendant le Ramadhan est en hausse, cela nous encourage beaucoup”, nous confiera Sofiane, un voyagiste tunisien installé en Algérie. En effet, selon notre interlocuteur, le nombre d'Algériens ayant choisi la destination Tunisie est beaucoup plus important que l'année dernière. “L'année dernière le nombre de touristes algériens ayant passé au moins une nuitée durant le Ramadhan en Tunisie était de 40 000. Pour cette année, les responsables de l'ONTT estiment que ce chiffre aura doublé”, nous a déclaré M. Basly, directeur de la représentation de l'ONTT en Algérie. Par ailleurs, nous avons appris que pas moins de 80 000 Algériens ont visité la Tunisie en juin, 240 000 durant le mois de juillet et 60 000 durant la première décade du mois d'août.