L�argumentaire gouvernemental quant � l�usage exclusif du cr�dit documentaire pour le paiement des importations prend-il r�ellement en consid�ration l�int�r�t de l�entreprise alg�rienne ? Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Une controverse est n�e entre le gouvernement et les milieux entrepreneuriaux sur le degr� de pertinence de la mesure l�gale imposant le cr�dit documentaire (Cr�doc) comme mode exclusif de r�glement des importations. Pour le gouvernement, par la voix de son ministre des Finances, Karim Djoudi, il s�agit d��introduire le maximum de rationalit� compatible avec nos int�r�ts �conomiques en instaurant le paiement par le cr�dit documentaire qui assure la tra�abilit�, le suivi et l'�valuation de la transaction�. Cependant, des voix patronales consid�rent que l�entrepreneur alg�rien n�est pas s�curis� par le mode de paiement Cr�doc, a contrario du fournisseur �tranger. Pour les entrepreneurs, ils s�estiment plut�t s�curis�s si le r�glement se fait par transfert libre. Essayons d�y voir clair. Quelle pertinence pour le transfert libre ? Quelles cons�quences pour la tr�sorerie d�entreprise, selon le r�glement des importations par transfert libre ou par Cr�doc ? Concernant le transfert libre, il est utilis�, selon les propres termes de Karim Djoudi, �lorsque deux op�rateurs entretiennent des relations contractuelles bien �tablies. Le r�glement de la transaction s�ex�cute sur la base de la tr�sorerie de l�importateur � partir du moment o� il a mis ses produits sur le march�. Selon Karim Djoudi, la contrainte de tr�sorerie se pose dans ce cas, puisqu�il y n�cessit� d�en disposer comme le principe de la confiance est mis en �uvre. N�anmoins, il estime que le transfert libre �pr�sente beaucoup d'insuffisances puisqu'il est un moyen qui permet d'inonder le march� et d'actionner une v�ritable pompe aspirante de la devise � l'�gard de l'�conomie alg�rienne, accompagn� souvent d'un rench�rissement des prix des transactions et d'une faiblesse de la qualit� des produits�. Ce que r�futent les op�rateurs du commerce ext�rieur car ils consid�rent que l�importateur est totalement s�curis� si le r�glement se fait par transfert libre. Puisque cet importateur est en position de refuser la marchandise si celle-ci n�est pas conforme � sa commande, du simple fait qu�il n�a pas encore r�gl�. Outre le fait que la tr�sorerie de l�entreprise est moins impact�e par le fait de payer les importations plusieurs mois apr�s leur r�ception. En d�autres termes, gr�ce au r�glement par transfert libre, l�entrepreneur alg�rien s�estime cr�dible vis-�-vis du fournisseur �tranger qui prend un risque � son �gard. Comme cet importateur n�est pas �trangl� au niveau de sa tr�sorerie et n�est pas tenu de contracter un cr�dit d�exploitation et est comp�titif en termes de frais bancaires moindres et de productivit� �lev�e. Voire, il est s�curis� puisqu�il ne paie qu�apr�s avoir utilis� la marchandise import�e dans son usine. Quelle opportunit� pour le Cr�doc ? D�autre part, le gouvernement estime que le Cr�doc est l�instrument par excellence de s�curisation des transactions du commerce ext�rieur, m�me si la contrainte de tr�sorerie ainsi que le principe de la confiance se posent �galement. Car, selon Karim Djoudi, �ce qui prime pour les pouvoirs publics, c'est de pouvoir g�n�raliser des pratiques de transparence et une tra�abilit� des op�rations pour pouvoir appr�cier la qualit� de l'op�rateur et s'assurer que toutes les conditions de l'op�ration (y compris le prix) sont conformes aux int�r�ts de l'�conomie nationale�. Un point de vue que les importateurs, cependant, ne partagent pas. Car l�importateur doit payer son fournisseur avant m�me de voir sa marchandise et sa tr�sorerie impact�e, d�autant qu�il doit bloquer sa tr�sorerie entre le moment o� il ouvre un Cr�doc et le r�glement d�finitif en faveur du fournisseur �tranger. Ce qui a pour cons�quence l�impossibilit� pour l�entreprise de s�approvisionner r�guli�rement et en totalit� en inputs, avec insuffisance de fonds pouvant �tre bloqu�s au niveau bancaire. Pour les op�rateurs int�gres, la s�curisation des transactions semble au profit exclusif du fournisseur �tranger, puisque ce dernier re�oit les fonds avant m�me l�arriv�e de la marchandise en Alg�rie, et, en toute s�curit�, est assur� d��tre r�gl� quelle que soit la qualit� de la marchandise exp�di�e. Que vise-t-on ? En somme, l�argumentaire gouvernemental quant � l�usage exclusif du cr�dit documentaire pour le paiement des importations prend-il en consid�ration r�ellement l�int�r�t de l�entreprise alg�rienne ? Pas ou peu �vident d�y r�pondre, dans le contexte o� si l�utilisation du cr�dit documentaire est une pratique normale dans un pays poss�dant un syst�me bancaire efficient, elle risque d��tre incoh�rente dans le cas des banques alg�riennes qui ne r�pondent pas totalement aux normes internationales. Invite � une r�flexion n�cessaire, ne vise-t-on pas, en limitant le mode de paiement, � pousser le secteur priv� productif et int�gre � aller vers l�informel au lieu de l�appuyer effectivement de mani�re � booster sa productivit�, stimuler la cr�ation d�emploi et augmenter la fiscalit� ordinaire. C. B. D�FINITIONS : - Le cr�dit documentaire (Cr�doc) : le cr�dit documentaire correspond � l'engagement d'une banque de payer l'exportateur contre remise de documents qui prouvent que les marchandises ont bien �t� exp�di�es ou que les prestations de service ont �t� effectu�es. Ces documents seront ensuite transmis par la banque � l'acheteur pour que ce dernier puisse prendre possession de la marchandise, moyennant remboursement. Par ce m�canisme donc, le vendeur dispose du paiement de ses marchandises d�s qu'il a exp�di� la marchandise et rentr� aupr�s de sa banque les documents commerciaux et de transport demand�s. - Le transfert libre ou virement international : il s�agit d�un transfert d�un compte � un autre. Il se caract�rise par une s�curit� quant au d�lai de paiement peu s�r. L�initiative de paiement est laiss�e � l�importateur sauf si paiement � la commande. Le transfert libre ne constitue pas une garantie de paiement sauf si envoy� avant exp�dition des marchandises. N�anmoins, son utilisation est tr�s facile et sa gestion administrative est l�g�re.