26 familles de 118 membres vivent dans des taudis de fortune depuis 1968, dans une ancienne caserne d�saffect�e, au lotissement Boulekroud III, route de Collo. Aucun officiel ne leur a rendu visite durant toute cette p�riode. Leurs habitations ressemblent � s�y m�prendre � celles de la cit� Kobia. La diff�rence r�side dans le fait que la toiture des premi�res est en zinc, et que l�endroit, perch� sur les hauteurs de la ville, offre une vue sur la mer et la verdure. Ce sont des gourbis entour�s de luxueuses villas. Les habitants, anciens r�sidants d�une autre caserne coloniale transform�e depuis en �tablissement h�telier, le fameux h�tel Essalem, sont les �ternels oubli�s. Les successives attributions de logements sociaux et op�rations de recasement lanc�es dans le cadre de la r�sorption de l�habitat pr�caire ne les ont pas cibl�es. Pourtant, structur�s depuis en comit� de quartier, El-Amel de la cit� B�ni-Malek, ils ont �puis� presque toutes les voies r�glementaires pour faire entendre leur voix. Parmi elles, l�envoi de correspondances � nous en d�tenons des copies � aux responsables locaux et leur demander des audiences pour expliquer leur situation. En vain. �Le P/APC nous a signifi� que la distribution du logement � caract�re social locatif n�est pas du ressort de la municipalit�, ce que nous savions d�j�, explique le pr�sident de l�association, le wali, pour sa part, n�a pas daign� r�pondre � notre demande d�audience.� Il ajoute, �il ne nous reste que le chef de da�ra de Skikda, fra�chement install�, � rencontrer�. Ce sont ensuite le pr�sident de la R�publique et le ministre de l�Habitat qui ont �t� sollicit�s pour intervenir en vue de r�gler leur situation. Peine perdue. Depuis une quarantaine d�ann�es, les p�res de famille ont d�bours� des sommes colossales pour des travaux de construction, d�entretien et de r�habilitation de leurs demeures. �Au d�but, nous vivions dans des caves ou des petits tunnels am�nag�s en chambres. Petit � petit, on commen�ait � sortir la t�te en construisant des demeures expos�es au soleil.� En se d�pla�ant sur les lieux, nous avons �t� frapp�s par l�exigu�t� des lieux et la promiscuit�. A 8 personnes dans un F2, � trois familles dans un F3� Les conditions de vie sont r�voltantes. L�eau est indisponible depuis pr�s d�un mois, selon les dires du pr�sident du comit� de quartier, �compte tenu de la faible pression, l�eau ne nous arrive pas�. Les deux robinets collectifs, install�s par les services communaux, sont � sec. Le gaz n�est pas encore branch�. Petit r�confort moral, les habitations disposent d�un compteur individuel d��lectricit� ; ce sont des citoyens reconnus comme tels et leurs b�tisses ne seraient pas � classer dans la cat�gorie illicite ! Du moins de ce c�t�-l�. R�cemment, des d�vidoirs ont �t� install�s tout pr�s de leurs demeures. Cela permettra de r�duire les quantit�s d�immondices amoncel�es autour de leur site. Devant la difficult� de b�n�ficier d�un logement d�cent, les �occupants des gourbis� demandent que leur situation sur le plan juridique soit r�gularis�e, afin de pouvoir achever leurs constructions dans le cadre des dispositifs d�aide � la construction et, partant, devenir des citoyens entiers. �Nous n�avons aucun document attestant de notre existence ici. Nous sollicitons pour la �ni�me fois les pouvoirs publics de nous accorder au moins une chance dans le cadre du rural, et ce, pour pouvoir contracter des pr�ts bancaires dans le but d�achever la construction de logements habitables�, dira notre interlocuteur. Les 26 familles ass�nent un argument de taille : ce sont les autochtones du lotissement. �Nous �tions l� avant que ces villas ne soient �rig�es. Nous avons �t� �vacu�s du temps o� dans ce lotissement �taient plant�s des vignobles�.