Depuis 2007, pr�s de 3 000 nouveaux gourbis ont vu le jour � travers la wilaya. Le chiffre est plus important que celui des logements sociaux accord�s durant la m�me p�riode, qui est de 2 000 unit�s. Le ph�nom�ne de la prolif�ration des taudis de fortune est d�une actualit� d�capante. C�est devenu le s�same de choix pour avoir un logement. Heureux hasard, tous les sites pr�caires se sont structur�s mieux que les quartiers chics. Ils ont cr�� leur association, ont �t� dot�s de compteurs et de r�seaux d�assainissement, quand il a �t� prouv� leur atteinte � l�environnement, et ont vu leur composante humaine se munir d�une fiche de r�sidence pour les besoins de la carte de vote. Un bon potentiel �lectoral pour les avides des si�ges politiques. Tout cela, avec la b�n�diction consacr�e des pouvoirs publics. Le dernier recensement g�n�ral de la population, r�alis� � la date pr�cit�e, �num�re � 26 861 unit�s abritant 173 180 habitants, r�partis sur 463 sites sur le territoire de la wilaya. A la lumi�re de ces nouvelles donn�es, leur nombre a pris de l�envol. M�me des salafistes s�y sont mis de la partie. Un groupe d�entre eux a accapar� un petit espace au site pr�caire du Match (Boulekroua). �Vous croyez qu�on fait �a par plaisir, il faut voir les conditions de proximit� dans lesquelles nous �voluons pour s�en convaincre.� Et ils ne sont pas les seuls. Sur l�un des plus beaux sites de Skikda, � la localit� de Oued G�sob, sur la route menant vers la commune de Filfila, des gens construisent � l�int�rieur des for�ts denses et souvent inaccessibles. En trois ans, deux villages ont vu le jour, l�un d�eux est m�me surnomm� �le village des mari�s�, car il est occup� par des couples nouvellement convol�s en justes noces. Le camp de Kellogg et les immeubles de l�Enip ont �t� envahis, d�s 2004, ce qui a incit� la direction de l��poque a intent� une action en justice rest�e sans suite. La tentative d�expulser les indus occupants a �galement �chou� du fait de la faible implication de la force publique. L�Enip a eu moins de succ�s que Sonatrach, qui a pu, elle, chasser les indus occupants de la plateforme p�trochimique, pour les besoins de projets industriels et �nerg�tiques. Des taudis � 50 millions de centimes L�objectif recherch� � travers ces actes ill�gaux est de b�n�ficier de logements accord�s dans le cadre de la r�sorption de l�habitat pr�caire. Et aussi de pouvoir faire de la sp�culation. Des gourbis se vendent entre 200 000 et 400 000 DA, en fonction de leur emplacement, de leur superficie et du temps qui reste � patienter au potentiel acqu�reur pour se voir attribuer un logement de substitution. Il y a m�me des gens et des familles devenus c�l�bres � la faveur de ces pratiques, qui ont construit et reconstruit leurs gourbis, apr�s avoir vendu leurs logements sociaux � des tierces personnes r�sidant hors wilaya. Souvent, au site pr�caire �le lac des oiseaux�, l�un des trois au niveau de la ville de Skikda, le pic de 500 000 DA a, selon des sources pr�sentes sur les lieux, �t� atteint, lorsque l�annonce de recasement se faisait insistante. Ouvrons ici une parenth�se pour rappeler que cette appellation n�est nullement p�jorative. Elle date de l��poque, couvrant les ann�es entre 70 et 90, o� ce site regorgeait de canards et d�oies. On y p�chait des poissons d�une quarantaine de kilos, selon des p�cheurs d�tenteurs de petites embarcations. M�me l�usine de briqueterie qui en est mitoyenne, s�approvisionnait en eau du lac. C��tait f��rique. Revenons � la r�alit�. Selon le membre du comit� du site, �en 2007, 320 habitations ont �t� recens�es. A la fin de cette ann�e, 30 autres ont �t� �rig�es. L�association y veille, la liste initiale se trouve � notre niveau, et nous avons d�nonc�, une fois, par voie de presse, le trafic qui se tramait avec la b�n�diction de l�administration �. Quelques chiffres pour terminer. Skikda a b�n�fici�, dans le cadre du quinquennal 2005-2009, de 2 000 logements, dont 870 au chef-lieu (la grande partie est achev�e). Dans le cadre du RHP, durant la p�riode 2006-2010, 11 000 unit�s, dont 5 350, ont �t� accord�es. En 2010-2014, une premi�re tranche de 1 300 logements vient de suppl�er aux efforts consentis. Actuellement en voie de construction au niveau du chef-lieu de wilaya, 600 � Bouabaz, 1 500 � Zef-Zef. 1 500 (1 000 � Zefzef et 500 � la briqueterie) verront le d�marrage du chantier incessamment, les entreprises de r�alisation �tant d�j� d�sign�es. L�invasion des gourbis a cr�� un fait sans pr�c�dent : leurs occupants sont devenus, avec ceux des b�tisses mena�ant ruine (fait plus au moins justifi�), prioritaires dans les listes des b�n�ficiaires de logements sociaux, avant que l�Etat ne conc�de bien s�r � leur accorder un programme sp�cial. Hormis les habitants des sites coloniaux de la SAS, les autres qui ont investi le �domaine� d�s les ann�es 80 ne sont pas, � notre humble avis, dans leur droit constitutionnel d�avoir un logement du fait d�avoir �rig� une b�tisse en t�le, en zinc ou en parpaing. Pourtant, ils sont toujours prioritaires, en d�pit que leur impact sur la sant� publique, l�environnement et m�me l��ducation, jamais �valu�, soit tr�s n�faste. Tout le monde est responsable.