De Sebdou la steppe se prolonge jusqu�aux confins de A�n Sefra. En cet �t� 2009, la canicule a r�duit ce paysage � un d�sert o� survivent quelques animaux �gar�s � la recherche d�un point d�eau. Jadis en cette m�me p�riode, les nomades attendaient avec impatience les orages d��t� qui assureront la survie de leur cheptel, mais le bleu azur du ciel n�est gu�re rassurant, et dans l�attente de la cl�mence du ciel, la steppe mill�naire continue � esp�rer. Cette r�gion du Sud-Ouest reste le lieu de transhumance de tous les �leveurs d�El- Bayad, Mechria et Na�ma qui se donnent rendez-vous � chaque d�but d�automne. Ces r�gions arides revivent un peu avec les orages de la mi-ao�t qui sont salutaires en reconstituant les r�serves d�eau pour le cheptel et l�agriculture � caract�re vivrier, c�est � cette �poque que commence la s�dentarisation de la tribu des H�myen. Sebdou reste le passage oblig� entre le Nord et le Sud, mais cette ann�e-l�, malgr� une pluviosit� g�n�reuse, l�activit� est r�duite � une peau de chagrin. L�exode massif vers les p�turages du Nord est le dernier salut pour les �leveurs pour ne pas c�der au chantage des trabendistes. La steppe a toujours constitu� un �quilibre �cologique. Mais ces derni�res ann�es, cet immense espace ressemble � un paysage lunaire. C�est au d�but des ann�es 1980 que la steppe a commenc� � se vider avec les premiers signes de la s�cheresse. Cette calamit� naturelle a provoqu� d'�normes d�g�ts socio�conomiques. L�exil des populations et le bradage de troupeaux entiers sont livr�s aux seigneurs de la contrebande qui n�ont aucun probl�me � passer de l�autre c�t� de la fronti�re. Pour la population de la steppe, qui reste d�pendante de la cl�mence du ciel, vient se greffer un autre probl�me : le manque d�investissements et d'infrastructures pour permettre � la population de se fixer d�finitivement et vivre un quotidien normal. Le d�racinement est dur � vivre, il y a une dizaine d�ann�es, les tribus enti�res sont venues trouver refuge sur les grandes terres de la r�gion de Tlemcen, elles ont tout abandonn� depuis la grande s�cheresse de 1983. Une fois au nord, ces gens se sentent perdus, ils conservent le minimum de leurs troupeaux, et leurs enfants, � d�faut d��tre scolaris�s, font de petits m�tiers pour survivre. La steppe et les Haut- Plateaux du Sud-Ouest restent des espaces vierges qui s�y pr�tent � une vari�t� d�agriculture et � l��levage, l�eau existe et il faut aller la chercher dans le sous-sol. Beaucoup ou plut�t tout reste � faire, cette r�gion doit faire l�objet de statut particulier pour sa gestion administrative et un investissement sp�cifique pour son essor �conomique. Aujourd'hui, � l�instar des r�gions du Sud d�sh�rit�es, on paye le prix de l��poque o� tout �tait investi dans le Nord, industrialisation sauvage et complexes cl�s en main, la suite tout le monde la conna�t. Aujourd�hui, le Nord comme le Sud sont log�s � la m�me enseigne, s�cheresse, ch�mage, climat social sont l� pour rappeler si besoin est que le d�veloppement s�inspire d�une strat�gie et non d�opportunisme politique. En parcourant les 200 bornes qui s�parent Sebdou de Mechria, on a l�impression d��tre au bout du monde, aucune trace de vie � l�exception de quelques troupeaux �gar�s au milieu de la steppe. Dr�le de temps, dr�le d��poque au moment o� les gens du Nord r�clament plus de bien-�tre, plus de commodit�s, les gens du Sud ne demandent pas grandchose � part survivre.