« La dégradation de la steppe s'est accentuée à un rythme effréné, particulièrement après les défrichements suivis de labours illicites à l'aide de matériels agricoles aratoires », révèle Mohamed Mebkhout, expert et consultant en foresterie, lors d'une conférence au siège de l'association pour la sauvegarde et la promotion de l'environnement de la wilaya de Tlemcen (ASPEWIT). Selon l'orateur, cet état de fait n'a pu être enrayé malgré les actions multiformes du Haut commissariat du développement de la steppe. « Les différentes étapes étant franchies, aucune solution de préservation de la steppe n'a pu aboutir ; l'élevage du mouton étant devenu à caractère purement spéculatif à l'intérieur de la wilaya ainsi que vers le pays limitrophe (le Maroc) », dira-t-il. Mais quelles sont donc les principales causes de cette dégradation ? « J'en citerai la grande mobilité du cheptel acheminé par camions, la destruction de plusieurs points d'eau alimentés par des éoliennes ayant causé la destruction des nappes végétales autour des points d'eau restants, la sédentarisation des éleveurs, et ce en contradiction avec les traditions de la transhumance, et la quasi-impossibilité d'assurer le contrôle sur la steppe en application du code pastoral et celui des forêts », continue-t-il. Mais il faut revenir aux années 1970 pour comprendre les conséquences de la politique de gestion de la steppe. L'Etat assurera un soutien technique et financier « De 1960 à 1970, il s'agissait d'une première approche d'une mise en valeur de la steppe, compte tenu de l'existence d'un couvert végétal suffisant en rapport avec une charge animale supportable. De 1970 à 1980, malgré l'intervention des services étatiques, notamment en matière de reboisement (barrage vert), le couvert végétal s'est considérablement réduit à un tel point que seules les actions de protection ponctuelles demeuraient possibles à l'époque. Mais, c'est de 1980 à 2000 que la dégradation de la steppe s'est accentuée à un rythme effréné », explique M. Mebkhout. La conférence a été suivie d'un grand débat, d'où les recommandations de « la mise en défens de la steppe à titre individualisé auprès d'éleveurs, leur consentement étant préalablement entendu. A ce titre, l'Etat assurera un soutien technique et apportera éventuellement une contribution financière, la remise en état de tous les puits alimentés par les éoliennes et la réactivation des attributions scientifiques et techniques du Haut commissariat du développement de la steppe (HCDS) en vue d'aboutir à la définition d'une démarche commune Etat/HCDS/Collectivités locales/Associations et éleveurs... Enfin, l'ASPEWIT, dans le cadre du centre d'information et de documentation environnementale (CIDE), initiera une opération de vulgarisation et de promotion pour le lancement d'une unité pastorale en vue d'une utilisation rationnelle de la steppe...