Que de mines d�faites hier samedi � Alger et, vraisemblablement, ailleurs dans le pays, � l�issue de la confrontation footballistique qui a oppos� en d�but d�apr�s-midi les �quipes zambienne et �gyptienne ! Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Les Alg�rois �taient bien pr�par�s et par�s � faire la f�te par anticipation. Partout, dans les agglom�rations populaires, comme dans les quartiers hupp�s, des jeunes et des moins jeunes ex�cutaient des r�p�titions rythm�es de ce qui devait �tre une grande soir�e de liesse. L��ruption de joie n�aura malheureusement pas lieu. Ainsi l�a voulu Abd Rebbou qui, � l�heure du jeu, planta une banderille dans les bois zambiens. Une petite r�alisation qui vaut cependant son pesant de points et qui oblige d�sormais l��quipe d�Alg�rie � vaincre le Rwanda tout en travaillant � soigner son goal average. �On doit gagner par deux ou trois buts face au Rwanda pour esp�rer nous qualifier�, lance � son voisin de table au Petit chezsoi, rue Meissionier, � Alger, d�s le coup de sifflet final. Moustaches grisonnantes, les yeux riv�s sur le petit �cran, ce t�l�spectateur d�gainait d�j� le commentaire � chaque chaude action dans cette empoignade que les Alg�riens ont suivi avec int�r�t et angoisse. Son voisin de table, qui suait � grosses gouttes, s��ponge le front du revers de la main, ingurgite au goulot une bonne rasade de Beck�s puis r�torque : �Non, il nous faut au moins inscrire quatre buts face au Rwanda pour se mettre � l�abri de toute mauvaise surprise.� Le reste des t�l�spectateurs agglutin�s dans ce bar qui s�est av�r� exigu �tait quasiment sans voix, comme �bahi. Mais il est s�r que dans les t�tes, il n�y avait, en ces premiers instants qui ont suivi la fin du match, de place qu�aux probabilit�s. �Makhdouma�, tonne une voix fluette du fond du bar. C�est celle d�un jeune qui certainement noie son chagrin dans un double Ricard pour d�autres motifs. La discussion s�anime au milieu de volutes de fum�es qui montent en spirale vers le plafond. Le gar�on de salle est, lui aussi, de la discussion. Il ne fait m�me plus attention � ce client qui lui r�clamait de lui renouveler sa consommation. �Il �tait attendu que les Zambiens allaient faire une fleur aux Egyptiens, c��tait dans les journaux�, repend la voix fluette. Dehors, on ne devisait qu�autour du match qui venait de s�achever. On ne refait cependant pas le match comme lors des victoires des Verts. On parle probabilit�s. Rien que de cela. Pourtant, moins de deux heures auparavant, on �tait � r�ver d�une f�te, sans attendre la joute cairote. Une d�faite de l�Egypte ou un match nul face � la Zambie aurait �vit� cette charge de stress. L�Alg�rie se serait suffi de vaincre son adversaire d�aujourd�hui par n�importe quel score pour se qualifier pour la phase finale du Mondial. Dans le quartier de Babel- Oued, � l�entame du match, gare � celui qui pr�dira une victoire de l�Egypte face aux Zambiens. Le quartier est par� aux couleurs nationales : des drapeaux, des fanions sont vendus � m�me les trottoirs. L�air �tait � la f�te. Des chansons � la gloire du onze national sont diffus�es. Rue Colonel-Lotfi, c�est l�ambiance des grands matches. Le match Zambie- Egypte se jouait d�j� depuis quelques minutes. Ou le voir ? Dans cette art�re de Bab-el-Oued, les caf�s maures ne sont pas �quip�s de t�l�viseurs. Ceux qui le sont n�ont pas la carte de cha�ne Arte qui retransmet la rencontre. C�est finalement un marchand d�habillement qui ouvre gracieusement sa boutique aux copains du quartier. Ceux qui n�ont pas trouv� place � l�int�rieur se sont amass�s � l�ext�rieur pour suivre la rencontre � travers la baie vitr�e. Le pan du trottoir est � eux. Ils regardent comme au fond d�un aquarium (c�est le nom du magasin) les images d�fil�es. �Les Zambiens jouent bien pour l�instant�, ajoute un jeunot � un automobiliste qui lui demandait de le renseigner sur le score de la rencontre. Le jeunot croit que l��quipe d�Egypte allait �tre d�faite. C�est le m�me sentiment que nous livre un autre jeune rue Didouche- Mourad. �Les Zambiens ont rat� quelque trois occasions de but�, nous informe- t-il. Puis, comme pouvant �tre entendu par les Zambiens, il lancera : �Marquez et laissez-nous nous qualifier tranquillement. � Lui et sa bande de copains regardaient le match chez un agent agr�� vendeur de la fameuse carte Arte. Faute de place � l�int�rieur de la boutique, ils regardaient depuis le trottoir. Malheureusement, pour ce jeune et pour d�autres, la f�te est ajourn�e. Mais ils jurent que ce n�est que partie remise. Ce soir, ils promettent de d�filer dans les rues et venelles d�Alger.