La marche � laquelle le Rassemblement pour la culture et la d�mocratie (RCD) a appel� pour hier samedi n�a pu avoir lieu. Les autorit�s, qui avaient d�j� d�cid� de ne pas autoriser cette manifestation, ont d�ploy� un impressionnant dispositif de s�curit�, � la place du 1er-Mai d�o� devait s��branler la marche, devant le si�ge r�gional du parti, rue Didouche-Mourad, ainsi que dans les diff�rents quartiers de la capitale. Alger a �t� hier une zone interdite. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Pour les plus matinaux d�entre les Alg�rois, ce samedi, second jour de repos hebdomadaire, le r�veil n�a s�rement pas �t� celui des jours ordinaires. Des forces anti-�meutes, �quip�es comme il se devait, boucliers aux bras, matraques � la main et cartouchi�res garnies de bombes lacrymog�nes, ont pris possession de la capitale d�s les premi�res lueurs du jour. Pas une venelle n�y a �chapp�. Le dispositif d�ploy� pour emp�cher la marche nationale pacifique � laquelle le RCD a appel� est imposant. Un v�ritable si�ge, devait dire Sadi, emp�ch� avec de nombreux militants de sortir du si�ge r�gional pour rallier vers la place du 1er-mai, d�o� devait d�marrer la marche. Les forces anti-�meutes dispos�es en arc de cercle devant l�entr�e du si�ge chargeaient violemment les militants du parti � chaque fois que ces derniers tentaient de sortir du p�rim�tre o� ils �taient confin�s. Les policiers ne faisaient pas dans le d�tail. La matraque peut atterrir sur n�importe qu�elle partie du corps. Chaque charge polici�re occasionnait son lot de bless�s parmi les manifestants. Des arrestations sont op�r�es, devant et en contrebas du si�ge r�gional. Le d�put� Arezki Aider en fait partie. Son coll�gue chef du groupe parlementaire, Atmane Mazouz, est bless� lors d�une des nombreuses charges polici�res. Evacu� � l�h�pital Mustapha, il s�en est sorti avec 4 points de suture. Il y a eu, selon le RCD, sept bless�s rien que dans le p�rim�tre imm�diat du si�ge r�gional du parti. Les arrestations, elles, d�passaient la centaine, selon un bilan provisoire du parti fourni aux environs de 15h. Les d�put�s du parti ont �t� charg�s de faire le tour des commissariats pour faire sortir les manifestants interpell�s. Pendant que les forces anti�meutes s�acharnaient � contenir les militants marcheurs � l�int�rieur du si�ge r�gional du parti, d�autres escadrons de police encore plus �toff�es veillaient � �viter que des manifestants ne rallient la place du 1er-Mai, au Champ-de-Man�uvre. Tous les acc�s � la place �taient barricad�s par des policiers sur�quip�s pour la circonstance. Ce dispositif n�a pas dissuad� les marcheurs, � leur t�te le v�t�ran Ali Yahia Abdenour qui �tait l�, pr�sent, dans sa fr�le silhouette. Les policiers ont d� le tra�ner sans le bousculer de trottoir en trottoir pour �viter qu�autour de lui ne forme des attroupements. Manifestants et forces anti�meutes �taient rest�s � se regarder en chiens de fa�ence durant toute la matin�e et une bonne partie de l�apr�s-midi. Face � un tel dispositif de police, il �tait quasiment impossible de marcher. Les policiers, mobilis�s en grand nombre, ont veill� scrupuleusement � �viter que les groupes de manifestants ne fassent jonction et ne convergent vers la place du 1er-Mai. Les barrages routiers �taient depuis vendredi soir mobilis�s pour trier les entr�es sur Alger. Le filtre a �t� tel que pour faire une vingtaine de kilom�tres, il fallait une heure de temps, voire plus. Les bus �taient syst�matiquement soumis � fouille et emp�ch�s d�acheminer des manifestants au c�ur de la capitale. L�espace de la journ�e du samedi, Alger �tait devenue une zone interdite. Le transport ferroviaire �tait perturb�. Les trains en provenance des villes de l�est notamment �taient emp�ch�s de parvenir jusqu�aux gares de la capitale. Les forces anti�meutes ont �t� �galement d�ploy�es en nombre autour des r�sidences universitaires alg�roises pour emp�cher les �tudiants de rallier la marche. Elles �taient aussi d�ploy�es impressionnantes dans les quartiers comme Bab-El-Oued, o� la tradition de r�volte s�est enracin�e. Combien de policier a-t-il fallu pour op�rer un tel si�ge sur une ville comme Alger ? Le RCD a parl� de plus de 15 000 policiers ramen�s d�un peu partout et avec des effets civils pour tenir un mois. La tension autour du si�ge r�gional du RCD, puis ailleurs a commenc� � baisser en fin d�apr�s-midi. Sans qu�il y ait de casse. C�est dire que l�initiative du RCD s�est voulue d��tre et a �t� l�expression pacifique d�une revendication politique. Pari r�ussi par la formation de Sa�d Sadi qui a d�montr� une fois de plus que l�Alg�rien est un �tre politique civilis�. Il a r�ussi � d�montrer aussi que le syst�me politique et le pouvoir en place qui l�incarne a le totalitarisme chevill� au corps, qu�il panique et tressaille � l�id�e de devoir ramasser les barricades qu�il dresse depuis l�ind�pendance devant l��mancipation d�mocratique.