Dire que l�agriculture est menac�e apr�s une bonne pluviom�trie, cela peut para�tre paradoxal. Mais l�, il ne s�agit pas des grandes aires c�r�ali�res dont les r�coltes d�pendent de la cl�mence du ciel. Les espaces irrigables � partir des oueds Tafna et Serrak risquent de faire les frais de la mise en service des deux grands barrages de la wilaya qui r�cup�rent directement leurs eaux � partir de la moyenne et basse Tafna pour le barrage de Hammam Boughrara et la plaine de Seddak pour le barrage de Sidi Abdely. Cette situation est d�sastreuse pour les fellahs riverains qui puisaient l�eau � partir des oueds pour l�irrigation ; c�est toute l�arboriculture fruiti�re qui est remise en cause. Les oueds d�versant directement dans les grandes retenues ne laissent effectivement aucune chance de survie aux plantations riveraines. Cette menace se pr�cise notamment du c�t� de Fillaouc�ne et Hammam Boughrara, en ces lieux la Tafna ne coule plus et les courants d�irrigation ont disparu. Du coup, ce sont ces cultures prot�g�es qui font les frais de l�ass�chement de l�oued Tafna. Selon les fellahs de la r�gion, cette situation risque de d�boucher sur une catastrophe naturelle sur le plan �cologique, les lits des oueds ne peuvent pas �tre maintenus dans un �tat de s�cheresse. L'arboriculture reste l�une des grandes ressources des cultivateurs de Hammam Boughrara ; l�exemple des orangeraies qui souffrent d�un manque d�eau est significatif en p�riode de fructification. Un vieux fellah de Boughrara ne cache pas son pessimisme quant � l�avenir de la r�gion : �Au d�but, on a accueilli avec une grande joie la mise en service du barrage, mais depuis les choses ont chang�. Le barrage d�une capacit� de 176 millions de m3 accapare tout le d�bit de la Tafna.� Ce m�me fellah nous rappelle que le ministre en personne a rappel�, lors de sa visite, que 10 % des capacit�s du barrage seront r�serv�s � l�agriculture. Les fellahs attendent toujours ce quota surtout en cette p�riode vitale pour les vergers qui s��tendent sur les rivages de la Tafna. Selon un expert agronome, la gestion des eaux des oueds devait faire l�objet d�une politique appropri�e ; faute d�un cadre juridique et de police des eaux, les espaces irrigables de la wilaya de Tlemcen risquent de dispara�tre. Le m�me expert rappelle que l�arboriculture constitue quand m�me une priorit�, car c�est un investissement lourd et � long terme, donc il y a urgence. Cela veut dire imp�rativement que les l�chers d�eau � partir des barrages doivent se faire conform�ment aux besoins et en temps utile, sinon la production des agrumes subira les cons�quences de cette aust�rit� d�eau provoqu�e par la mise en service des barrages. En d�finitive, l�agriculture qui conna�t un grand essor dans cette r�gion ne d�pend pas forc�ment de la pluviom�trie mais d�une gestion rationnelle des eaux emmagasin�es, une seule solution pour la survie de l'arboriculture, les disponibilit�s des eaux naturelles des oueds, et les probl�mes qui se posent dor�navant pour toutes les aires de culture de ce genre. En fin de compte il n�y a pas lieu de s'�tonner de voir l�orange marocaine envahir les �tals de nos march�s, car de l�autre c�t� de la fronti�re, les fellahs de la vall�e de Berkane ont � leur disposition un grand barrage g�r� selon les besoins de la r�gion de l�est marocain, lequel a souffert de la m�me s�cheresse qui a frapp� l�ouest alg�rien pendant ces derni�res d�cennies.