En d�poussi�rant son grand �cran, ce merveilleux univers virtuel dans lequel plan�rent � �vasion sans fronti�res � les g�n�rations pr�-haraga, Sa�da, qui fut heureuse par son carrefour des cultures, vient d�insuffler l�oxyg�ne du 7e art � son th��tre r�gional, r�cemment r�nov� et habill� d�un nouveau look. En effet, les journ�es cin�matographiques de Sa�da organis�es du 20 au 23 octobre 2009 sont venues, telle une brise de printemps, r�g�n�rer des esprits jusque-l� emprisonn�s dans la t�n�breuse toile d�araign�e du vide culturel. Ainsi, des projections de films, suivies de d�bat en pr�sence des r�alisateurs et d�un groupe d�intellectuels invit�s pour la circonstance, font revivre les fid�les cin�philes le bon vieux temps du cin�club d�Ahmed Bedjaoui� La premi�re projection du classique et nostalgique 35 mm fut r�serv�e � Ahmed Rachedi, le r�alisateur de l�embl�matique et historique l�Opium et le B�ton, pour son film Benboula�d. Nul ne se doutait, avant l�extinction des feux, que d�s les premiers coups de feu de la premi�re s�quence qui relatait la participation de notre h�ros aux meurtri�res batailles de la Seconde Guerre mondiale, qu� �on� allait retrouver cet aigle des Aur�s, dessiner ses traits, suivre ses pas, le c�toyer de pr�s, de vie � tr�pas� La majorit� des insoucieux t�l�spectateurs, m�tamorphos�s comme par enchantement en t�moins oculaires, tout en s�effor�ant de ne pas s�effondrer en pleurs, d�couvrirent, v�curent l�histoire d�un homme l�gendaire. Un argaz qui a tenu � para�tre toujours modeste, en joignant le geste � la parole, il sacrifia, avant sa personne, dans une trag�die funeste, tant sa fortune que sa famille, et en ne vivant que pour un peuple r�volt� et une Alg�rie secou�e du Nord au Sud et de l�Est � l�Ouest, il ne se souciait gu�re du reste� ! On aurait voulu le toucher, le saluer, tent�s � que nous f�mes � par cette rencontre d�outre-tombe. Que dis-je ! Par ces retrouvailles d�outre cieux ! Car force �tait de constater que c�est le type des braves alg�riens, ces valeureux a�eux qu�en face de qui tout un chacun de nous est envahi de fiert�, d�honneur et de dignit� quand il �voque leur histoire, leurs exploits v�tus de vertus et de pi�t� Benboula�d ! Permettez � l�humble Cheayeb Lekhdim que je suis de vous tutoyer ! Je voudrais me sentir comme quelqu�un qui pr�tend avoir une part l�gitime de l�h�ritage sacr� que tu as l�gu�. Je ne parle pas � loin de moi l�id�e d�un insignifiant partage p�trol� �ph�m�re � des biens mat�riels que tu as volontairement n�glig�s voire mis � la disposition de la R�volution qui �tait � tes yeux un engagement de priorit�, tout ce qu�il y avait de plus noble, mais de ce message ayant une charge s�mantique que seuls les Ben M�hidi, Zabana et tant d�autres inconnus, pouvaient d�coder sans grands bavardages. Qu�avons-nous donn� � l�Alg�rie et quelle Alg�rie l�guerions-nous � nos h�ritiers !? Et pour te prouver, distingu� et respectueux �p�re� que tu l�es pour nous tous, que ton message est re�u � n�en d�plaise aux fiches communales �, de l�-haut o� tu es, ne sois pas d��u par ces chahuts de gamins qui nous animent, nous r�ussirons bien, � notre tour, � r�soudre l��quation des vingt-deux et des six�En attendant, et sans oser jouer avec une aussi l�gendaire personnalit� que tu es, � la Fontaine, ou comme tu dis Ibn-Moukafa 3, je r�cite devant toi, cette l�gende que j�ai, en apprenant assidu et anim� d�un grand int�ressement, assimil�e : �Une vielle l�gende indienne raconte qu'un brave trouva un jour un �uf d'aigle et le d�posa dans le nid d'une ��poule de prairie��.� L'aiglon vit le jour au milieu d'une port�e de poussins de prairie et grandit avec eux. Toute sa vie l'aigle fit ce qu'une poule de prairie fait normalement. Il chercha dans la terre des insectes et de la nourriture. Il caqueta de la m�me fa�on qu'une poule de prairie. Et lorsqu'il volait, c'�tait dans un nuage de plumes et sur quelques m�tres � peine. Apr�s tout, c'est ainsi que les poules de prairie sont cens�es voler. Les ann�es pass�rent. Et l'aigle devint tr�s vieux. Un jour, il vit un oiseau magnifique planer dans un ciel sans nuage. S'�levant avec gr�ce, il profitait des courants ascendants, faisant � peine bouger ses magnifiques ailes dor�es. ��Quel oiseau splendide !�� dit notre aigle � ses voisins. ��Qu'estce que c'est ?�� ��C'est un aigle, le roi des oiseaux,�� acqu�ta sa voisine. ��Mais il ne sert � rien d'y penser � deux fois. Tu ne sera jamais un aigle.�� Ainsi l'aigle n'y pensa jamais � deux fois. Il mourut en pensant qu'il �tait une poule de prairie.� Au demeurant, sache � v�n�r�e idole ! que nous n�accepterons jamais de vivre couv�s dans le coton des poulaillers, nous vivrons comme des aigles, d�fiant les cieux, aux sommets du Djurdjura, des Aur�s, Elouancharis et Fellaoucen� Mes respectueuses et chaleureuses salutations � tous les compagnons qui t�entourent l�-haut dans le ciel. Celui qui a eu le privil�ge et l�honneur de te rencontrer � Sa�da !