Un autre jour de gloire attend les Verts. Ballott�s, caillass�s et meurtris dans leur chair au Cairo Stadium et dans tout Le Caire, les Alg�riens auront, ce soir � Omdurman, l�occasion de laver l�affront. Une soir�e du 18 novembre 2009 marquera � jamais les esprits, quelle que soit l�issue de cette confrontation alg�ro-�gyptienne qui a d�fray� la chronique mondiale, tenant en haleine supporters et hommes politiques. De nos envoy�s sp�ciaux � Khartoum, M. Bouchama, A. Andaloussi et W. Triaa L�Alg�rie toute enti�re retiendra son souffle d�s le coup d�envoi de ce match de �barrages� tenu dans un concours de circonstances incroyablement orchestr� par des mains de sp�cialistes en coulisses. Car samedi dernier, la seconde mi-temps de la confrontation entre ces deux s�lections durant ces �liminatoires du groupe C ne pouvait que consacrer la supr�matie des Alg�riens de Rabah Sa�dane. Un coup du sort, la chance et une seule erreur d�arbitrage ont envoy� les Verts � Khartoum pour une derni�re explication, ce soir � Omdurman. Un rendez-vous historique. Chaque s�lection cherchera une troisi�me participation � une phase finale du Mondial. Les Egyptiens, invit�s au Mondial 1934, qui ne sont plus qualifi�s � une telle manifestation depuis cette date de la pr�histoire des tournois finaux d�une Coupe du monde, se targuent aujourd�hui d�avoir �t� la cause de la d�gringolade du football alg�rien. Ils sont fiers d�avoir coup� le fil conducteur qui avait permis � l�EN de prendre part en Espagne en 1982 et � Mexico en 1986 � la Coupe du monde. Une fiert� mal contenue dans les d�clarations qui ont pr�c�d� et suivi le tristement c�l�bre match du 14 novembre. �Les Alg�riens me ha�ssent (sic) car je suis derri�re leur �limination de la CM de 1990�, se rappelait le bigre Ibrahim Hassan, l�auteur du bras d�honneur au stade de l�Unit� maghr�bine de B�ja�a lors d�un certain JSMB-El-Misri comptant pour la Coupe de l�UNAF. La messe dite au cours de la soir�e de la mort organis�e au Cairo Stadium r�sonne encore dans les esprits de tous ceux qui ont pris place dans cette enceinte pharaonique. Le film de l�horreur subie par les Alg�riens, tous les Alg�riens, d�file encore. Comme s�il s�agissait d�un long feuilleton charabia de Misr Oum Dounia. Les co�quipiers de Karim Matmour, le joueur le plus touch� par la terreur qui a r�gn� l�autre soir au Caire, en gardent des s�quelles. De profondes, m�me. Ce sont ces stigmates qui pousseront ce soir � la r�volte. �On a subi toutes sortes de pression et d�agression. La plaie est encore ouverte. Ce qui s�est pass� est trop grave. Ils nous ont dit de jouer le match et on l�a fait pour ne pas le perdre (sur tapis vert). Apr�s le caillassage du bus, la moiti� de l��quipe �tait vraiment touch�e au moment d�entrer sur la pelouse. En plus, �a se passe dans un pays arabe, chez des fr�res, soi-disant. Quand je vois �a, je m�excuse, mais il n�y a pas de fr�res. Si pour en arrive l�, il vaut mieux arr�ter le football et exercer un autre m�tier. Je pr�f�re garder ma vie et ma famille. Parce que, si on avait gagn� l�-bas, il y eu aurait certainement des morts. C�est le pire souvenir de ma carri�re et le dernier de ce genre, je l�esp�re�, confiera Rafik Sa�fi au micro de RMC. Pour le vieux renard des surfaces, malheureux samedi soir devant El-Hadary, la page est d�sormais tourn�e. Khartoum en est une autre, plus belle, plus fraternelle, prometteuse en tout cas. ��a change tout. On se croirait en Alg�rie. Le public �tait l� avant notre arriv�e. Au niveau mental, on a essay� d�oublier. On ouvre une autre page. Ce sera un autre match sur terrain neutre, un match d�hommes. On va montrer de quoi nous sommes capables donner un peu de bonheur au peuple alg�rien, qui a souffert avec nous�, ajoutera celui qui avait le but de la qualification au bout du pied s�il avait r�ussi son lob devant le portier �gyptien. �La m�re des batailles � Omdurman� Les souffrances sont certes l�, omnipr�sentes. Mais la volont� de reprendre le fil conducteur est l�. Impitoyable. Sa�dane l�avait compris lui qui, au coup de sifflet final du Sud-Africain J�r�me Damon, au Caire, avait laiss� entendre que Khartoum est la derni�re escale avant l�atterrissage � Johannesburg en juin prochain. �La qualification se jouera finalement � Khartoum. Nous y �tions pr�par�s car, au fond, un billet au Caire aurait entra�n� des malheurs �, a-t-il confi� � ses joueurs et aux responsables de la F�d�ration. Le Cheikh sait pourtant que la partie n�a rien d�une d�monstration folklorique. A Omdurman, ce sera la m�re des batailles, en fait. A l�arriv�e, dimanche, de l��quipe au Soudan, l�ambiance a totalement chang�. Les Alg�riens ne sont plus en terrain hostile. L�accueil des Soudanais fut chaleureux. L�humilit� et la fiert� de soutenir l�Alg�rien affich�es par les passants qui se sont rang�s devant le terminal de Khartoum Airport ont mis du baume dans les c�urs. La chaleur humaine a redonn� le sourire aux Alg�riens. Karim Matmour, en premier. 24 heures auparavant, �tait encore sous le choc. �Je n�oublierais jamais ce s�jour en Egypte�, se contentera de dire l�attaquant vedette de M�nchengladbach. �Pour moi, la d�livrance, c�est ce soir�, assurera celui qui a �t� l�un des �l�ments les plus chauds � aller au charbon lors de la s�ance d�entra�nement organis�e lundi soir sur le terrain du stade d�El- Merrikh. Un entra�nement marqu� par la pr�sence du public, des Soudanais nombreux � venir donner de la voix, mais aussi des Alg�riens. Les premi�res vagues affluaient depuis lundi, t�t le matin, du pays. Hier, la capitale de l�ancienne Nubie �tait tout en couleur. Le rouge �tait �clatant, le vert d�bordant. Aujourd�hui, le match Egypte-Alg�rie se jouera sur un terrain neutre. Les Egyptiens n�ont plus la main. �Nous sommes avec vous. Vous avez �t� victimes d�une injustice l�-bas. L�arbitre n�a pas �t� correct � la fin en fermant l��il sur le ballon d�El- Mohammadi qui avait compl�tement franchi la ligne. Il y avait aussi position de horsjeu de Motaeb suite au retrait de Mouadh. Les Egyptiens n�ont aucune chance de gagner demain (aujourd�hui, Ndlr). Ils savent bien que vous �tes les plus forts, c�est pour cela qu�ils sont en train de s�agiter en notre direction pour solliciter notre soutien. Ils savent que nous leur serons d�aucune utilit�. Lors du match entre le Soudan et le Tchad, transf�r� par la Fifa au Caire, leurs fans ont support� les Tchadiens. Aujourd�hui, ils disent que nous sommes leurs fr�res et qu�ils ont notre soutien, ce qui est de la pure fabulation. Les Soudanais n�oublieront jamais, jamais�, nous dira l�un des guides r�quisitionn�s par l�ambassade d�Alg�rie au Soudan. Forcen� du club Hilali (supporter du club d�Al-Hilal qui a atteint cette ann�e les demi-finales de la C2 africaine et a �t� �limin� par les Congolais du TP Mazembe, adversaire de l�ES S�tif en finale de cette �preuve), Idriss est convaincu que l�Alg�rie fera le voyage en Afrique de Sud, l��t� prochain. �Vous avez des joueurs de grand talent comme Ziani, Sa�fi et Bougherra. Je me demande pourquoi Hadj A�ssa n�est pas l�, dira-t-il. Le strat�ge s�tifien, �Baggio Al-Arab�, comme se plaisent � le surnommer les Soudanais, a laiss� des souvenirs ind�l�biles dans l�esprit des fans de ce grand club lors de son passage en d�cembre 2008 � Khartoum. L�ESS s��tait en effet impos�e 1 � 2 avec � la cl� une belle d�monstration de l�enfant de Merouana. Idriss n�oubliera pas de demander des nouvelles du gardien de la JSK, Fawzi Chaouchi (aujourd�hui � l�ESS) qui �tait venu disputer un match de la coupe de la CAF contre El- Merreikh (3-1). Quand il apprendra qu�il sera le portier titulaire ce soir, Idriss aura un ouf de soulagement en confiant : �C�est une vraie araign�e, les Egyptiens ont de quoi �tre inquiets.� L�arm�e de r�serve de Sa�dane Battue, mais pas abattue, la s�lection nationale s�est retap�e le moral � Khartoum o� elle s�journe depuis dimanche. Les blessures sont pans�es. Le stress �vacu�. A l�entra�nement, dans le lieu de leur h�bergement, le luxueux Bordj-El-Fateh, ou bien au contact des petites gens, employ�s de l��tablissement appartenant au fils de Mouammar Al-Kadhafi, les hommes de Sa�dane semblent rena�tre de leurs cendres. Les bless�s, Matmour, Yahia, Sa�fi et surtout Halliche, seront tous sur le pont, ce soir. Le travail du staff m�dical a �t� fructueux. L�immense chantier qui attendait Sa�dane, qui �tait de retaper le moral sap� non pas par la d�faite qui a emp�ch� une qualification directe mais par les violences subies en Egypte, a �t� r�alis� en un temps record. L�environnement de terreur du Caire a laiss� place � l�hospitalit� et � la fraternit�, la vraie, des Soudanais. Le s�lectionneur n�est pas d�sarm�. Il a en Djebbour, Ghilas, Bouaza, Chaouchi, Babouche et autres Yebda et Abdoun des solutions de rechange de premier choix. Des changements, ce soir, face aux vieux de Ma�lem Shehata, Sa�dane ne devrait pas trop en op�rer. Seul Chaouchi et Yebda sont � coup s�r annonc�s dans le onze rentrant en remplacement des suspendus Gaouaoui et Lemouchia. De petites retouches concerneront probablement le dispositif tactique qui devra certainement privil�gier l�option offensive. Sa�dane, qui a impos� le huis clos � la presse nationale, semble d�termin� � gagner la �belle�.