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Parution-Les dernièrs jours de la vie d'Albert Camus : Arbre fatal
Publié dans El Watan le 14 - 11 - 2009

En prélude au cinquantenaire de la mort de Camus, le livre de José Lenzini présenté dans six villes d'Algérie.
On dit qu'au moment ultime de la vie, tout ce qui a été vécu par un homme ressurgit dans sa conscience à une vitesse astronomique. La science ne l'a pas prouvé, mais la croyance en est répandue. C'est peut-être ce qui a initialement inspiré José Lenzini pour écrire, non pas les dernières secondes, mais Les derniers jours de la vie d'Albert Camus qui vient de paraître aux éditions Barzakh*. Le 3 janvier 1960, Albert Camus, au volant de la voiture qui le mène à Paris en perd le contrôle. Dérapage fatal. Sortie de route. Accident mortel qui ne sera pas traité en fait divers mais à la une des journaux, non seulement en France mais dans le monde entier. Alors que « l'actualité algérienne » est déjà un sujet permanent des médias, c'est le Prix Nobel de littérature 1957 qui vient de décéder brutalement, l'auteur de L'Etranger, best-seller international, le journaliste brillant qui dirige la rédaction de L'Express.
D'emblée, José Lenzini, cinématographiquement, établit le lien entre l'accident et l'Algérie : « La voiture glisse à nouveau. Blanche et silencieuse comme les grands voiliers qui quittaient le port d'Alger, toisant les gamins flottant sur leurs grosses chambres à air noires festonnées de rustines. Feulement, grincement du tramway cahotant dans les tournants Rovigo. Encore un rocher… La grosse voiture est soulevée par une vague invisible. Craquements de l'arbre et de la tôle mêlés ». On croirait voir la première scène de L'Arrangement d'Elia Kazan, quand le coupé de Krik Douglas entre sous le châssis d'un camion. Mais quand, dans ce film, le héros l'a cherché et en réchappe, Camus, lui, passe à trépas. A quoi pouvait-il bien penser à ce moment et dans ceux qui l'ont précédé ? C'est ce mystère inaccessible qui forme la trame du texte de José Lenzini et qu'il a choisi d'imaginer en se fondant sur ce que nous savons d'Albert Camus à l'acmé de son existence, le compteur arrêté à quarante-sept ans.
Il est au faîte de la gloire littéraire et journalistique, riche, séduisant, incontournable en maints domaines, dont notamment celui de l'Algérie alors à feu et à sang. Il est au midi de sa vie, un midi qui, par les raccourcis du destin et ceux des routes provinciales de France, en deviendra le minuit. Il est aussi rongé intérieurement. La guerre d'Algérie le préoccupe. Journaliste à Alger Républicain, il a dénoncé la misère des populations mais, quand les choix devinrent étroits, sinon binaires, il imagina un futur algérien qui lui servit à lire le présent et à ignorer le passé. Il eut ces mots qui le poursuivent encore, ceux d'une alternative entre sa mère et sa patrie et, finalement, du choix pour la première. Mots symboliques et donc peu précis, peut-être justement un arrangement avec sa conscience déchirée. Car si on peut, dans un camp ou l'autre, lui reprocher son attitude, on ne peut lui dénier cette déchirure. Sa « nobélisation » a été accompagnée et suivie par une polémique. Il n'est pas sur une route, ce 3 janvier, mais dans un carrefour intérieur grouillant de monde, peuplé de fantômes innombrables, cerné par ses détracteurs, balisé par ses certitudes et ses hésitations.
De ce point, José Lenzini reconstitue moins la scène de l'accident que celle d'un parcours de vie qui, de la pauvreté auprès d'une mère condamnée aux ménages, aboutit aux ors de Stockholm qui sont les sunlights hollywoodiens de la littérature. Par couches successives de flash-backs, l'auteur tisse dans un langage sobre et moderne le long cheminement vers un arbre fatal. Dans cette entreprise qui met l'accent sur la vie de Camus à Alger, car ce sont les années de son émergence d'homme et d'écrivain, José Lenzini ne cache pas son empathie, voire sa fascination. Son écriture puise aux faits mais également, ce qui est naturel pour une œuvre de fiction, aux sources de sa propre expérience et de son propre lien avec l'Algérie.
Né à Sétif en 1943, José Lenzini avait donc deux ans quand eurent lieu les évènements du 8 mai 1945 et la répression terrible qui s'en suivit. Journaliste, il a beaucoup écrit sur l'Algérie, articles et reportages, et il y séjourne régulièrement au titre de son attachement personnel. Ecrivain, il en est aujourd'hui à son troisième ouvrage sur Camus dont il est considéré comme un spécialiste. Il est ainsi déjà l'auteur d'un Albert Camus (Ed. Milan, 1996) et d'un Camus (Ed. Milan, 2002) et, sur l'Algérie, on lui connait l'étonnante histoire de Aurélie Picard, princesse Tidjani (Ed. Presses de la Renaissance, 1990), Alger, Asri et les oiseaux (Ed. Transbordeurs, 2008), et Barberousse (Ed. Actes Sud, 1999, bientôt chez Barzakh). Vivant dans le midi de la France, il enseigne à l'Ecole de journalisme et de la communication de Marseille. Avec une quinzaine de titres, il présente le profil d'un écrivain éclectique, aussi à l'aise en littératures que dans les essais. Il a d'ailleurs défrayé la chronique avec un livre-enquête sur la scientologie, Vol au dessus d'un nid de gourous (Ed. Plein Sud), et l'an dernier avec Mai 68 : Baden, la mort du gaullisme (Ed. Transbordeurs).
Actuellement, il est en tournée en Algérie pour présenter son dernier ouvrage et rencontrer les lecteurs algériens. Il était avant-hier à Tizi Ouzou et hier à Béjaïa, il sera à Constantine, Alger, Oran et Tlemcen (aux CCF, les 15, 17, 19 et 22 novembre). Avec cette parution, les éditions Barzakh introduisent judicieusement le débat sur la vie et l'œuvre d'Albert Camus qui ne manquera pas d'avoir lieu l'an prochain à l'occasion du cinquantenaire de sa mort. Des dizaines d'activités sont prévues en France et dans le monde : hommages, séminaires, conférences, publications, émissions... Il est indispensable que les chercheurs, auteurs et historiens algériens y prennent part pour qu'Albert Camus puisse être abordé selon des points de vue émis à partir du pays qui l'a vu naître et grandir.
"Les derniers jours de la vie d'Albert Camus" de José Lenzini. (Actes Sud, oct./Barzakh, nov. 2009). 144 pages. 400 DA.


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