Comme une vieille gandoura rong�e par les mites, la diplomatie �gyptienne tombe en lambeaux. Il a suffi d�une simple contre-performance sportive pour que tout l�Etat d�raisonne gravement. Le mythe de grandeur civilisationnelle savamment b�ti s�est effiloch�. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Un Etat qui s�affole ne respire pas la sant�. Surtout lorsque les raisons apparentes, plut�t les pr�textes � cet affolement reposent sur une d�faite sportive. Si, face � la d�faite, tous les pays du monde se comportaient comme le fait l��gypte depuis son �chec � Khartoum face � l�Alg�rie, l�univers serait dans un chaos permanent. L�olympisme, qui fonde la comp�tition sportive, ne f�conde pas les inimiti�s mais tresse les liens d�amiti� et cultive la paix. L��gypte, com�dienne piteuse, bave de rage envers l�Alg�rie, le fait savoir avec sonorit�, manque � la courtoisie et la biens�ance diplomatique, offense le peuple alg�rien dans ses valeurs les plus sacr�es et agresse physiquement les Alg�riens se trouvant sur son sol. Du jamais v�cu auparavant, apr�s un match de football. On sent ce pays submerg� par trop de frayeurs longtemps compress�es, gagn� par des angoisses contenues que la d�faite a brutalement lib�r�es. L��gypte est � l�exemple de ce grand fr�re qui vit mal la croissance de ses cadets. Le pays de Moubarak est de moins en moins dans ce r�le barycentre de la diplomatie arabe, voire africaine qu�il s�est adjug� depuis l��poque Abdelkader. Ses influences, diplomatiques et politiques, dans le monde arabe et africain se sont consid�rablement r�tr�cies. Les pays du Golfe, jadis au d�veloppement rudimentaire, ont r�ussi, pour certains, de formidables essors �conomiques. Ce qui, �videmment, soigne leur notori�t� au double plan r�gional et international. Les pays du Maghreb, l�Alg�rie en t�te, inscrits sur des dynamiques de d�veloppement audacieuses, n�ont pas le sort riv� au Caire. Leurs partenariats �conomiques, voire politiques, logent sinon dans le Vieux Continent, dans le Golfe. L��gypte, pendant que tout ce beau monde �volue, est rest�e fig�e dans l��troitesse du mythe de force motrice auquel elle s�est toujours plu � croire. La refondation des m�canismes de d�veloppement du continent africain � travers le lancement du Nepad et, consubstantiellement, l�entrain diplomatique qu�elle a g�n�r�, a dilu� consid�rablement les influences africaines de l��gypte. D�autres Etats, aux ind�pendances fra�ches, pour certains, ont �merg� et postul� pour jouer le r�le de locomotive pour le continent. Il n�est rest� � l��gypte que la rachitique Ligue arabe � d�sign�e, � juste titre, au demeurant, par la Ligue des Pleureuses � pour entretenir quelques illusions heureuses, quelques fragments de nostalgie. Mais m�me sa place sur ce pi�destal se trouve contest�e. Des pays membres de la Ligue arabe, dont l�Alg�rie, travaillent depuis des ann�es d�j� � la refondation de cette entit� qui a fini par devenir un simple sigle, tant elle n�op�re d�aucune efficacit� quant � la solution des probl�mes qui lui sont pos�s. La premi�re des r�formes r�clam�e est l�instauration d�un syst�me de rotation de l�exercice du secr�tariat entre les pays membres. Cela n�a pas agr�� l��gypte et l�inamovible Amr Moussa. De cela, les �gyptiens ont tenu rancune � l�Alg�rie, plus qu�� tout autre pays. Les Egyptiens n�ont pas �galement appr�ci� que l�Alg�rie n�ait pas fait les moutons de Panurge et de les suivre les yeux ferm�s dans la nouvelle optique m�diterran�enne � laquelle Sarkozy les a int�ress�s en offrant � Moubarak la copr�sidence de l�UPM. R�veill�e sur sa r�alit� d�Etat devenu ordinaire aux yeux m�me des Etats qui, jadis, se soumettaient aux desideratas diplomatiques du Caire, l��gypte perd le nord� le sud aussi. Elle a m�me perdu le bon sentiment des peuples arabes � son �gard. Sa normalisation avec l�Etat d�Isra�l a surf� n�gativement sur ce sentiment. Cela dit, l�agitation � laquelle l��gypte s�adonne apr�s son �limination de la phase finale de la Coupe du monde est l�expression de sa f�brilit� politique et diplomatique. Le match n�est que la goutte qui a fait d�border le Nil.