Les lampions se sont �teints et les clameurs du stade se sont tues. Tout un peuple communie avec son �quipe de football dans une joie rarement exprim�e, et pour cause� Ainsi, nous avons consomm� ensemble notre joie jusqu�� l�ivresse. Nos m�res, nos s�urs, nos �pouses ont chant� et dans� dans une rue qu�elles ont r�investie apr�s une longue et douloureuse absence. Ne dit-on pas de la femme alg�rienne qu�elle est �ajg alemmas� (la poutre centrale de la maison, en berb�re). Nous avons tant pleur� ensemble� entre Alg�riens� seuls ! Avec la s�r�nit� des vainqueurs, nous pouvons enfin faire un examen introspectif et critique de toutes les convulsions �p�rifootballistiques � qui ont �maill� ces joutes �sportives�. L�objet par lequel tout est arriv� reste un match de football, relative importance certes mais� un match de foot quand m�me ! La majeure partie des joueurs alg�riens a connu le travail, la rigueur et le privil�ge de l��ducation sportive des �coles de football d�outre- M�diterran�e. Leur professionnalisme est le r�sultat d�un travail intense et d�un investissement qui nous manque et qu�il est grand temps de penser sans complexe. Le d�ficit d�une politique sportive qui s�inscrit dans le temps et avec rigueur est responsable d�une moindre performance des �lites locales. Ces jeunes Alg�riens (ou Franco-Alg�riens) venus d�ailleurs, aim�s parfois, stigmatis�s souvent ont donn� au football de leur pays d�origine ce que leurs a�n�s ont donn� � l�Etoile nord-africaine et � la glorieuse F�d�ration de France. Ce rappel me semble plus qu�utile pour les esprits oublieux et suspicieux ! Un collectif de jeunes joueurs �rac�s�, un entra�neur comp�tent, des collaborateurs administratifs actifs, associ�s � des moyens financiers � la mesure du d�fit du moment ont permis d�accueillir, quelques semaines avant l�aventure cairote, des adversaires sportifs �gyptiens que l�histoire d�tourn�e fait appeler �fr�res arabes�. Cette premi�re confrontation � Blida a vu la jeune �quipe alg�rienne s�imposer de fort belle mani�re. Sacril�ge� atteinte � ce qui devrait �tre v�n�rable ! Des jeunes insolents ont d�fi� les ma�tres ! La barbare Berb�rie a d�fi� la pharaonique Oumeddounia ! Path�tique image que cette Egypte-l� � Un match de foot qui fera dire au tr�s influent et officiel pr�sident de la F�d�ration �gyptienne de football qu� �il faut assi�ger l�h�tel de la d�l�gation alg�rienne et aux 80 000 spectateurs de faire que le Cairo Stadium soit l�enfer des Alg�riens�. Rien que cela ! Cette annonce a donn� le la � l�hyst�rique orchestration m�diatico-politique. Devant ce forfait annonc�, la ti�deur de la Fifa et la l�thargie de notre diplomatie ont fait le reste ! Agressions, blessures, larmes, sang, �motion� drame. Jamais l�Alg�rie, en tant qu�Etat, tous les segments de sa soci�t�, ses repr�sentants et ce qu�ils repr�sentent, ses morts et ses symboles les plus �sacr�s� n�ont autant �t� malmen�s par toute, oui par toute la soci�t� �gyptienne, du plus humble des citoyens au plus haut responsable de l�Etat en passant par sa prog�niture ! Humiliation ! Face � cela, le �silence assourdissant� de nos responsables politiques. Leurs relais traditionnels et leurs rentiers ne semblent pas concern�s. Certains vont jusqu�� faire circuler des p�titions (et continuent � le faire) sous-entendant la co-responsabilit� dans ce qui arrive (l�chet� !). O� est pass� la fameuse �famille r�volutionnaire ( ?)�, si prompte � r�agir et chatouilleuse z�l�e quand elle consid�re que les �symboles de notre glorieuse r�volution� sont atteints � Les masques sont tomb�s ! Pour elle, ses int�r�ts sonnants et tr�buchants doivent rester loin de cette� agitation ! Elle �s�impose � le silence. A-t-elle trouv� en l�Egypte sa s�ur protectrice ? Alors, qui sont pour toi, �ch�re famille r�volutionnaire�, les 35 millions d�Alg�riens ? Et la famille alg�rienne, la connais-tu ? Non Messieurs, sauf respect aux tr�s discrets et authentiques combattants, l�Alg�rie du peuple, l�Alg�rie des humbles, gloire � ses martyrs, n�a jamais �t� votre souci. La col�re de la rue alg�rienne, le peuple avec son �quipe font craindre le pire ! La presse �crite prend ses responsabilit�s alors que les �crans de la t�l�vision alg�rienne affichent une grande discr�tion. Que nous pr�pare-t-on ? Le silence n�est jamais un bon signe en l�occurrence, ni un signe de force ou de s�r�nit�, de grandeur non plus, comme certains se plaisent � nous faire croire. Ce silence n�est-il pas l�antichambre de la reddition ? Est-ce par le temps et le silence que les responsables politiques veulent nous faire int�grer une retraite planifi�e ? Ce silence peut faire d�une pierre� trois coups : ne pas permettre au chef d�Etat �gyptien de former autour de sa famille l�union sacr�e face � un ennemi ext�rieur (pour ses besoins �lectoralistes), inhiber l��lan populaire alg�rien en �vitant la cristallisation, l�gitime au demeurant, de son aversion historique pour l�Egypte et enfin pr�server d��ventuels int�r�ts personnels. �A quelque chose malheur est bon�, dit le proverbe. Ces graves �v�nements peuvent effectivement nous aider � nous r�concilier avec nous m�mes, notre histoire et notre alg�rianit�. Beaucoup de textes de tr�s grande qualit� ont �t� publi�s et des hommes et des femmes libres se sont exprim�s. Par ailleurs, et hormis quelques rares et discr�tes voix, nous n�avons pas entendu beaucoup de pays arabes et/ou musulmans s�exprimer, encore moins porter un jugement. Sagesse, l�chet�, parti pris, allez savoir ? Silence-radio, comme � chaque fois que l�Alg�rie est bless�e ! Mes chers compatriotes n�oublions jamais notre solitude lors des ann�es noires ; et faire le compte des pays arabes ou musulmans qui nous ont aid�s (je dit bien aid�) est tr�s facile (�). Acceptons-nous d��tre un peuple sans m�moire? Depuis la f�te de l�ind�pendance, je n�ai pas vu un peuple alg�rien aussi heureux, fier et uni. Il n�y a pas plus grand bonheur que celui que je partage avec tous mes compatriotes ! Des c�urs battant � l�unisson, tous les regards dans la m�me direction, l�alg�rianit� authentique, diverse, color�e, heureuse nous fait �chavirer�� ensemble. Nous n�allons pas bouder nos rares moments de bonheur. Nous esp�rons, plut�t, les d�multiplier et les varier. On rel�vera cependant, qu�� la faveur de cette confrontation sportive et les �v�nements para-sportifs qu�elle a charri�s, l�inconscient populaire s�est lib�r�, laissant appara�tre des traits identitaires longtemps mis � mal par le discours id�ologique et strat�gique, � notre grand malheur ; je p�se mes mots ! Nous constatons aujourd�hui, plus que jamais, que le peuple alg�rien, et sa jeunesse notamment, para�t dispos� � effectuer sa mutation et se d�partir de l�ali�nation dont il est victime depuis plusieurs d�cennies, voire des si�cles. Encore et toujours, le peuple l�ve sa voix et montre la voie. Il �vacue l�islamisme et l�arabisme militants, fait la f�te � �l�alg�rienne� pour retomber sur son socle identitaire originel. Quelle belle le�on d�alg�rianit� ! Instrumentalisations, manipulations, et autres maux� d�risoires ! La rue veille au grain (CQFD).