Si le rep�re chronologique est le m�me pour tous, dans le grand Aur�s, la nuit du 12 f�vrier correspond au 1er Yennayer, sauf que la diff�rence r�side dans certaines pratiques, dict�es par la g�ographie, le climat et le composante humaine. Pour le reste, la f�te est la poutre ma�tresse de ce jour de l�an amazigh. Le Mouvement culturel amazigh dans les Aur�s m�rite reconnaissance et remerciements d�avoir sauv� d�une mort s�re et certaine des us et coutumes, des pratiques s�culaires, des rites et rituels, des traditions en perdition, en r�sum� une identit� et une civilisation, la n�tre. Durant les ann�es 1980, plusieurs associations culturelles, qui activaient dans la wilaya de Batna et dans le grand Aur�s se sont attel�es, et avec peu de moyens, � prendre en charge, � d�poussi�rer, � remettre au go�t du jour des pratiques culturelles qui ont �t� abandonn�es et qui fr�laient la mort. La f�te de l�automne ( thamghra n�tmenzouth) � T�kut, la f�te de la pomme � Arris, Besegrou � Ifker, pour ne parler que de ces festivit�s, car bien d�autres ont �taient c�l�br�es et m�me r�invent�es pour la circonstance. Yennayer ou Nayer ou encore Amenzou n�yennar fait partie des miracul�s que le mouvement associatif a relanc�s. Cependant, cette f�te plurimill�naire n�a jamais �t� d�laiss�e dans les zones rurales les plus recul�es des Aur�s, ce qui confirme que Batna ne joue pas seulement son r�le de capitale, mais aussi de gomme culturelle. Aussi bien � Tirchouine, da�ra d�Arris, Chidi (Merouana) Khairene (khenchella), les habitants des diff�rents douars et dechras n�ont jamais omis de c�l�brer le nouvel an berb�re, comme ils ont vu leur parents le faire. La f�te est la poutre ma�tresse de ce jour de l�an amazigh, on pr�pare la bonne viande et on s�amuse jusqu�au bout de la nuit. A l�approche du 1er jour de la f�te (Yennayer), toute la famille se mobilise pour donner un coup de balai � la maison ( akhem). En effet, on se charge de nettoyer toute la maison, et ce sont les femmes qui s�attellent � le faire. Les murs de la maison sont repeints par une terre blanche ( lous) ainsi que le rev�tement du sol par un nouveau tuf. On prend soin aussi de changer le premier galet de l��tre ( ini) en attendant de placer deux nouveaux galets (en tout il y a trois) le 1er Yennar, et ce jour, on d�guste (elfel) une sauce tr�s �paisse � base de semoule et de dattes �cras�es, que les personnes �g�es adorent. Les nouveau-n�s et les petits se feront couper les cheveux, mais r�ellement, il ne s�agit pas de coupe, mais de taille, et c�est le chef de famille qui s�en charge. Les enfants recevront leur premi�re pi�ce de monnaie, ils ont un bapt�me du feu : aller au souk. Cependant le v�ritable repas, que toute la famille d�guste, en franquette, est la fameuse chakhchoukha au poulet, et cette nuit-l�, les enfants auront les morceaux de choix. Dans la r�gion de Khenchella o� le tapis des N�memcha se tisse encore, c�est � cette occasion qu�on installe au milieu de la maison le m�tier � tisser ( hazeta) pour donner une sorte de coup d�envoi � un tapis et faire les v�ux pour souhaiter une ann�e g�n�reuse, en mati�re de pluviom�trie bien s�r, mais aussi pour avoir des enfants en bonne sant�. A Sefiane (N�gaous), le 11 janvier, on commence les nouvelles presses d�huile, et seuls les bons souhaits, les bons v�ux sont accept�s, aucun blasph�me ou autres outrages ne sont tol�r�s ce jour-l�, dans l�espoir d�une cuv�e meilleure. A Batna, aucun signe ou presque n�indique qu�une f�te se pr�pare, la ville semble avoir oubli� qu�elle a le grade de capitale des Aur�s.