Au c�ur de tous les courroux, deux hommes sont, de nos jours, au centre des d�bats et des r�quisitoires. A l�un, il est reproch� d�avoir d�voy� le syndicalisme et � l�autre de mener une mauvaise campagne sportive. Autant de raisons plausibles qui font que Sidi-Sa�d et Sa�dane se retrouvent dans l��il du cyclone de la presse qui les maltraite � travers de violents commentaires. Tous deux sentent d�sormais le fagot, cette odeur qui monte des b�chers lorsqu�ils s�allument. Instruite de la trahison du syndicaliste par le t�moignage unanime de tous les �bleu de chauffe� de Rouiba, l�opinion pense, � son tour, qu�il est venu le temps de faire l�inventaire de l�UGTA elle-m�me. Par contre, elle demeure profond�ment circonspecte, voire partag�e s�agissant des critiques destin�es au manager du football national. En sursis, depuis le tout petit succ�s sur le Mali ce jeudi, Sa�dane semble en mesure d��chapper � la d�capitation alors que Sidi- Sa�d continue � subir en �silence� les assauts des jugements que seul lui trouve malveillants. En fait, de ces deux hommes, le plus � plaindre n�est certainement pas le vrai-faux syndicaliste qui est sorti de son r�le. C�est le coach sportif qui est en droit, lui, de parler de harc�lement m�diatique injuste d�s lors qu�il s�est vu mis en cause et en question sur un seul �exercice� rat� apr�s 17 batailles gagn�es. En r�sumant ces proc�s crois�s, disons donc qui si Sa�dane doit, en toutes circonstances, �tre lav� du soup�on d�incomp�tence, Sidi-Sa�d, par contre, est d�ores et d�j� consid�r� comme un contrefacteur dans son mandat de syndicaliste. En effet, aussi loin que l�on remonte dans son itin�raire personnel (SG � partir de f�vrier 1997), il a rarement fait acte d�audace pour soustraire � l�instrumentalisation le syndicat. M�me si le travail de �formatage� a commenc� avec son pr�d�cesseur, le d�funt Benhamouda, lui en a acc�l�r� le processus d�arrimage � partir de 1999. A l��poque, il en justifiait la d�marche par des arguments tactiques : celui de pr�server le legs du syndicalisme unitaire. Cet euph�misme pour conserver le monopole de la m�diation entre le monde du travail et la puissance publique. Sauf qu�il ne pouvait ignorer que cela avait un prix et qu�il se r�glait en monnaie d�all�geance. D�ann�e en ann�e, cette derni�re se v�rifia sur le terrain de la proximit� avec le pouvoir. De soutiens �lectoraux en feux verts accord�s aux options ultralib�rales, Sidi-Sa�d s�impliqua f�cheusement non seulement dans la cuisine, peu rago�tante, de deux suffrages pr�sidentiels et, pis, parapha toutes les op�rations de d�mant�lement industriel. Une bravoure syndicale qu�il revendique aujourd�hui sans masque en la mettant sur le compte de sa �sagesse�(1). Or, comment peut-il �tre oublieux de sa complicit� du pass� quand ces jours-ci, il se remet � d�fendre ce qu�il a contribu�, collat�ralement, � d�truire il y a six ans de cela ? � �Sidi-Sa�d ne fait pas partie de ceux qui veulent d�truire l�espoir de la r�habilitation du tissu �conomique national�, affirme-t- il(1). Mais alors quel autre double de ce Sidi-Sa�d avait avalis� d�s l�ann�e 2000 la �nouvelle �conomie politique � ayant r�duit en friche des usines enti�res ? D�cid�ment, ce sont docteur Jekkyl et Mister Hyde qui sommeillent en lui ! Pour avoir pr�f�r� gagner l�estime des pouvoirs au lieu de chercher la sympathie des sans-voix, ce syndicaliste a choisi depuis longtemps son camp bien qu�il s�en d�fende maladroitement dans les moments cruciaux. Sa notori�t� est justement b�tie sur cette �quivoque que Rouiba vient de dissiper d�finitivement. Les �loges � la �collaboration patriotique� de l�UGTA d�cern�s r�cemment par Ouyahia lors de la tripartite n�ont-ils pas �t� d�cod�s comme il se doit par les gr�vistes ? Une r�v�rence douteuse qui s�exprime aux d�pens de leurs l�gitimes revendications. En effet, elle leur rappelle m�taphoriquement le cynisme du vice politique saluant une vertu couch�e. Et pour cause, leurs combats perdus n�ont pu l��tre qu�avec certaines b�n�dictions. C�est donc peu dire qu�un mariage associant un syndicat et les gens du pouvoir est par principe un �inceste� politique. Et le c�l�brer publiquement � chaque accord de dupes devient une provocation de trop. Celle de d�cembre en est une face � laquelle l�accus� en question n�a m�me plus d�arguments � opposer sinon de pitoyables incantations � travers quelques interviews. �C�est dur de recevoir des coups et de se taire�, se lamente-t-il(1). Mais qui l�a pouss� au mutisme culpabilisant si ce n�est le silence radio des autorit�s qui l�ont l�ch� ? En effet, pourquoi ne s�est-il pas rendu sur le carreau de l�usine SNVI afin d�expliquer et d�expliciter la teneur des accords qu�il venait de passer et cela lorsqu�il �tait encore possible ? Trop de zones d�ombre n�ont-elles pas rendu trouble sa mani�re d�aborder la crise de Rouiba ? Car si la presse a rendu compte de son incompr�hensible absence c�est parce que les premiers concern�s le lui ont reproch�. Ces milliers de gr�vistes qui sont all�s jusqu�� ironiser � son sujet en affirmant qu�il n�est qu�un hochet m�me pas ma�tre de son agenda ! De la d�rision jaune comme la col�re qui signifie clairement que son invisibilit� rime avec d�sertion. Quelles que soient les justifications attestant d�une rectitude syndicale, qu�il agite comme credo moral, il ne peut cependant ignorer le sentiment d�hostilit� que nourrissent les ouvriers et les fonctionnaires � l��gard de sa pratique. Une perte de confiance et d�estime qui est en train d�envoyer � la fosse de l�histoire son organisation sans pour autant faire des travailleurs des orphelins sans tuteurs. Apr�s 12 ann�es (1997- 2009) pass�es � la t�te de ce syndicat, Sidi-Sa�d devrait se faire une raison et une �sagesse� (sic). Ne sait-il pas qu�il est d�j� minuit � l�horloge de sa carri�re ? Sa�dane, quant � lui, peut encore croire en sa survie, le sursis arrach� face au Mali est de bon augure. B. H. (1) Toutes les citations sont tir�es de l�interview qu�a accord�e Sidi-Sa�d au Soir d�Alg�rie et publi�e dans l��dition du 13 janvier.