La �complotite� serait une maladie g�n�tique qui remonte � la nuit des temps, elle serait m�me apparue en m�me temps que grandp�re Adam et grand-m�re Eve. Le mal serait m�me ant�rieur, et serait n� avec Azazel, le diable et prince consort lorsqu'il complota contre Dieu lui-m�me, son Cr�ateur. Qu'importe ! Ce sont les Arabes qui ont red�couvert cette maladie, l'ont �tudi�e sous toutes ses manifestations et ont oubli� paradoxalement de s'en pr�munir ou de s'en gu�rir. Il y a des rem�des qui ne font pas dispara�tre la nostalgie du mal perdu, alors autant s'y attacher et en faire une valeur s�re, nationale de pr�f�rence. Le plus grand service que vous rend la �complotite� est de vous faire voir tous les complots qui se trament contre vous. Ce n'est pas une forme d'hallucination qui se d�cline uniquement de droite � gauche, mais une vision de l'invisible, privil�ge des peuples qui croient justement � l'invisible. A ne pas confondre avec le don de voyance qui a emp�ch� les Arabes de voir 1948, 1967, 1973, et la suite. Le principal avantage qu'il y a � d�tecter les complots de vos proches, c'est qu'il vous permet de d�clencher, � votre tour, un complot anticomplot. Dans notre culture du complot, il est licite, voire tr�s instamment recommand�, de comploter pour d�jouer une conjuration adverse. La guerre est affaire de ruse et de traitrise, mais il vaut mieux, pour l'Histoire, appara�tre en �tat de l�gitime d�fense. La l�gitime d�fense, voil� la formule magique qui explique et justifie tous les complots que vous vous sentez en droit d'ourdir (merci au correcteur de respecter cette formulation). Ainsi, lorsque l'entra�neur (sans entrain de l'�quipe nationale, j'ai nomm� Sa�dane, se rend � Tlemcen, ce n'est pas pour une retraite mystique au mausol�e de Sidi-Boumedi�ne mais pour y d�jouer un complot. Ces choses-l�, �a ne s'invente pas, je m'empresse de le pr�ciser au cas o� des regards soup�onneux se dirigeraient vers moi. Ce titre barrait la Une du quotidien Al-Nahar-Aldjadid ce samedi : �Sa�dane se rend � Tlemcen pour y d�jouer le complot de Raouraoua.� J'ai toujours cru que Tlemcen �tait la Ur du complot originel, celui qui a permis au �groupe d'Oujda� de se m�tamorphoser en �groupe de Tlemcen�, et de nous mener l� o� nous sommes. A moins que le Cheikh in Cheikh Sa�dane ait d�couvert un marabout plus fort que le saint patron de la cit�, je ne vois pas comment on peut aller � Tlemcen pour d�jouer un complot qui se trame � Alger. Nous voil� donc en plein �complot alg�ro-alg�rien� alors que nous venons � peine de nous remettre d'une s�rie de �complots �gyptiens� qui nous ont laiss�s pantois. Pourquoi diable notre ami Raouraoua irait-il comploter contre le �meilleur entra�neur du monde�, si ce n'est pour le changer ? J'aurais compris que le pr�sident de la f�d�ration �complote�, pour maintenir Sa�dane jusqu'� la pr�visible pantalonnade de 2014, rien que pour me contrarier. J'aurais trouv� m�me normal qu'il lui renouvelle sa confiance, mais qu'il �complote� pour lui nommer un adjoint, voil� qui me d�passe. Nous serions donc confront�s, comme � l'�t� 1962, � l'affrontement de deux groupes antagoniques, celui de Hadj Raouraoua et celui de Cheikh Sa�dane. C'est du moins ce que j'ai cru comprendre, selon ma grille de lecture, des explications donn�es par le journal de Mohamed Meguedem, alias Anis Rahmani. Il s'av�re, en effet, que Raouraoua, press� de toutes parts, aurait envisag� de d�signer un entra�neur adjoint pour �pauler Sa�dane. Or, ce dernier, suspicieux comme tout bon Arabe nourri � la �complotite �, a sa propre d�finition du verbe ��pauler�. Pour lui, ��pauler� veut dire donner un coup d'�paule, en tra�tre, � quelqu'un pour le bouter hors du champ de jeu. Boumedi�ne a ainsi ��paul� Ben Bella en 1965, tout comme Chadli Bendjedid a �t� ��paul� � son tour en 1992. On sait qui a ��paul� ce dernier, mais le myst�re reste encore entier, en ce qui concerne Boudiaf. Zeroual, voyant venir le coup d'�paule fatal, a choisi de devancer l'appel du cimeti�re des �l�phants. Quant au dernier ��paul� de la s�rie, celui de f�vrier, on sera tous devenus amn�siques avant d'avoir appris quoi que ce soit de tangible. Instruit par l'exemple, Sa�dane sait que ce sont le plus souvent les seconds qui remplacent, au pied lev�, les entra�neurs en poste. C'est pour cela qu'il a d�cid� d'aller � Tlemcen, non pas pour y exorciser un possible d�barquement, mais pour se choisir son propre adjoint. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-m�me, a d� se dire Sa�dane avant de d�signer indirectement celui qui lui a jur� loyaut� et ob�issance. Tout cela n'est pas tr�s rationnel, donc arabe et tir� des hannetons, mais c'est comme �a. En tout �tat de cause, il ne faudrait pas que cet �pisode d�sopilant se r�percute sur les joueurs de la s�lection qui pourraient croire que tout n'est que conspiration. Il ne faudrait pas que le premier �clop� venu se mette � penser qu'� d�faut d'avoir une bonne frappe de balle, il suffit de frapper � la bonne porte pour s'ouvrir la voie royale de la s�lection. Puisque nous sommes revenus, � notre insu, � cette maudite discipline qui brouille les amis et les nations, parlons des derniers complots �gyptiens qui nous concernent. Il s'agit d'abord du poste de secr�taire g�n�ral de la Ligue arabe, o� les �gyptiens veulent rempiler pour un troisi�me mandat. Je sais, la Ligue arabe, c'est un machin qui ne sert � rien, son secr�taire g�n�ral ne fait pas grand-chose pour justifier son salaire, mais ce n'est pas une raison. Non contents d'avoir cette ligue � domicile, ainsi que la CAF d'ailleurs, ils veulent aussi les diriger directement. Pourtant, nous avons suffisamment de cadres politiques qui ne savent rien faire et qui peuvent faire marcher la Ligue arabe, sans la brusquer. Ils ont des r�f�rences convaincantes puisque �a va faire des ann�es qu'ils font tourner l'Alg�rie au ralenti. Et puis, ils ne vont pas tout accaparer, c'est d�j� bien assez de leur avoir fait un cadeau comme la ville du Caire. S'ils ne se contentaient que de �a, jamais repus ces gensl� ! Vous allez voir qu'ils font finir par nous prendre les symboles les plus chers � nos c�urs, comme les slogans publicitaires de Djezzy. Il faudrait veiller justement � ce que ces messages, t�moignage du g�nie national, ne soient pas rapatri�s en �gypte, en m�me temps que la soci�t� Orascom. Tenez ! La semaine derni�re, je suis tomb� sur un des nombreux articles critiquant les Arabes dans la presse du Proche-Orient. L'auteur, un �gyptien, a os� imputer aux Arabes la sentence dont nous sommes les plus fiers, et qui r�sume � merveille notre caract�re indomptable. Parlant des Arabes en g�n�ral face aux �v�nements actuels en Palestine, il a �voqu� le complexe de la �ch�vre volante�. C'est la situation o� deux amis pol�miquent autour de l'identit� d'une forme qu'ils aper�oivent au loin, au sommet d'une colline. L'un voit une ch�vre et l'autre un oiseau de proie, et lorsque la cr�ature prend son envol, celui qui voyait une ch�vre s'ent�te : �C'est une ch�vre m�me si elle vole (Ma�za oua law taret).� Or, mes chers et distingu�s compatriotes, aucun homme sens�, digne de ce nom, � l'exception de Othmane Sa�di, n'irait chercher l'origine de cette sentence du c�t� du Caire ou de Sana�. La ch�vre volante, c'est notre patrimoine inextinguible, et inali�nable, c'est un authentique produit du terroir. C'est le lait de nos ch�vres qui volent lorsqu'il faut voler qui nous rend plus intelligents, en dehors de quelques exceptions notables d�j� cit�es. Alors, nous interdisons � quiconque d'y toucher, m�me si c'est dans un but louable comme la r�alisation des droits palestiniens !